Au chapitre du positif, on observe que les hausses de prix ont commandé une expansion de la marge brute, tandis que les effets du programme de restructuration — qui en l’état consiste surtout à réduire les budgets marketing — ont permis de maintenir les dépenses d’exploitation à l’équilibre. En conséquence, la marge opérationnelle se ressaisit légèrement. 

Au chapitre du négatif, on observe que ladite marge opérationnelle reste très inférieure aux niveaux qu’elle occupait il y a encore quelques années. Même constat concernant la rentabilité, toujours sous-optimale, car deux à trois inférieure à sa moyenne du précédent cycle.

Il est notable que les récents — mais modestes — gains de productivité aient été entièrement obtenus grâce à la réorganisation de la division produits de consommation courante, qui regroupe désormais les segments beauté et produits d’entretien. Par ailleurs, c’est en Europe, au Moyen-Orient et en Amérique Latine que ces gains ont été réalisés ; en Amérique du Nord et en Asie, la tendance est toujours à la décroissance. 

Il serait donc prématuré de parler de réelle inflexion. La réaction du marché — qui punit l’action suite à la publication des résultats — va justement en ce sens.  

La recalibration du portefeuille d’activités s’est accompagnée d’un nouveau changement de périmètre en 2023. Henkel s’est séparé de ses opérations en Russie — à des conditions plutôt favorables, il faut le dire, là où d’autres groupes européens n’ont pas eu autant de chance — et fait l’acquisition de l’américain Composite Technology pour renforcer son segment adhésifs. 

Cette acquisition semble avoir été réalisée à un étonnant multiple de cinq fois le chiffre d’affaires. Composite Technology a apparement connu une très forte croissance ces dernières années : espérons que celle-ci se poursuive pour justifier un tel premium.  

Henkel est englué dans une séquence pénible qui dure depuis cinq à six ans. Cette mauvais passe lui a valu un changement de CEO et un programme de licenciements — deux développements d’une inhabituelle brutalité dans un groupe familial réputé pour sa culture ultra-conservatrice. 

Le principal problème vient du fait que Henkel ait investi la moitié de ses profits réalisés sur la dernière décennie dans une stratégie de croissance externe qui n’a pas porté ses fruits. La croissance est restée aux abonnées absentes, et la rentabilité n’a eu cesse de s’effriter ; la destruction de valeur est donc accablante.

Le groupe maintenant son dividende, poursuit son désendettement et ralentit très fortement sur les rachats d’actions. Il faudra attendre la fin de l’année 2024 pour confirmer un éventuel redressement.