New York (awp/afp) - Le sidérurgiste américain U.S. Steel et le groupe japonais Nippon Steel vont soumettre leur projet de rapprochement à une agence gouvernementale américaine chargée d'évaluer le risque des investissements étrangers pour la sécurité nationale des Etats-Unis.

"U.S. Steel et Nippon Steel (NSC) saisissent le CFIUS", Comité sur les investissements étrangers aux Etats-Unis, a indiqué jeudi le groupe américain, sollicité par l'AFP.

La saisine de cet organisme est souvent réalisée par les entreprises elles-mêmes lorsqu'elles veulent recevoir un blanc-seing pour une opération transfrontières dans un secteur susceptible d'être considéré comme crucial pour la sécurité nationale américaine.

Si le CFIUS considère qu'il existe un risque, il en réfère au président des Etats-Unis, qui prend la décision finale (validation, interdiction, feu vert sous conditions).

Les deux groupes ont annoncé lundi leur projet de rapprochement, le sidérurgiste japonais comptant débourser, au total, 14,9 milliards de dollars pour mettre la main sur l'aciériste américain.

"Nous attendons avec impatience un examen favorable", a précisé U.S. Steel jeudi. "Le Japon est un allié important des Etats-Unis. Il s'agit d'un développement important pour l'acier américain, pour les emplois américains et pour la sécurité nationale américaine", a ajouté le groupe.

Les deux conseils d'administration ont approuvé, à l'unanimité, l'accord de rapprochement, qui reste soumis à la validation des actionnaires de U.S. Steel et à celle des autorités réglementaires. La finalisation est attendue, au plus tard, au troisième trimestre 2024.

Mais leur projet a immédiatement suscité des critiques au nom de la sécurité nationale et de la nécessité de maintenir le groupe américain fondé en 1901 entre des mains américaines.

Le sénateur John Fetterman a notamment promis d'essayer d'empêcher la mise en oeuvre de l'accord.

"Il est absolument scandaleux qu'ils se soient vendus à un pays et à une entreprise étrangère", a-t-il déclaré lundi dans une vidéo diffusée sur X.

"L'acier est toujours une question de sécurité", a ajouté l'élu démocrate de Pennsylvanie, Etat qui abrite de nombreuses usines sidérurgiques et le siège de U.S. Steel.

Le sénateur de l'Ohio JD Vance et deux autres républicains ont demandé à la ministre du Trésor Janet Yellen de bloquer la transaction, estimant que la production nationale d'acier était "vitale pour la sécurité nationale américaine".

Contacté jeudi, un porte-parole de ce ministère a refusé de commenter.

Le syndicat des métallurgistes USW a dit avoir oeuvré pour "garder cette emblématique société américaine sous actionnariat américain", mais la direction "a choisi de faire fi des inquiétudes" des employés.

U.S. Steel avait lancé une revue stratégique en août après avoir reçu plusieurs offres non sollicitées pour un rachat partiel ou total.

L'entreprise avait rejeté à l'époque une offre de son concurrent américain Cleveland-Cliffs qui valorisait sa cible environ 10 milliards de dollars.

afp/rp