Après un premier moteur à essence de 1,6 litre et une première boîte de vitesses, dont la fabrication commune commence actuellement dans l'usine géante du trio, Renault produira en Russie d'ici deux ans un autre moteur à essence, a précisé Bruno Ancelin.

"Dans un an et demi ou deux ans, nous allons localiser un autre moteur qui nous sera utile aussi pour d'autres véhicules", a-t-il dit. "Notre objectif (...) est d'arriver à localiser ensemble de gros composants coûteux qu'on peut faire pour les trois marques."

Le moteur de 1,6 litre, dont le volume de production initial dépassera les 500.000 unités par an, équipera les Logan, Sandero et Duster de Renault, l'Almera de Nissan et la Lada Largus d'AvtoVAZ.

Cet investissement, annoncé en 2011, fera de Renault et Nissan les deux premiers constructeurs étrangers à produire des moteurs sur le sol russe. Ford et Volkswagen ont des projets similaires mais qui ne devraient pas se concrétiser avant deux ans.

Pour soutenir son industrie, la Russie offre aux constructeurs qui travaillent avec 60% de pièces produites localement des droits de douane attractifs sur le reste de leurs composants. Renault revendique un taux d'intégration supérieur à 70%.

LA RUSSIE BIENTÔT DEVANT L'ALLEMAGNE

Le marché russe, susceptible de dépasser en taille le marché allemand d'ici deux ans, reste très volatil. Après avoir peiné à se redresser après la crise financière de 2008, il a rebondi de 40% en 2011, mais devrait rebaisser de 6% à 7% cette année, à 2,8 millions d'unités.

"Ce genre de mini-crise s'est déjà produit et ne s'est pas traduit par une grande crise", a poursuivi Bruno Ancelin. "On ne peut pas dire aujourd'hui que le marché est en crise parce qu'il y a des segments qui se portent plutôt bien."

Directeur général de Renault Russie et directeur des opérations pour la région Eurasie depuis septembre 2010, il préfère parler de "petit trou d'air".

"Notre opinion est que le marché va remonter un peu l'an prochain, au niveau où on le voyait en 2013, c'est-à-dire à 2,9 millions", a-t-il ajouté.

Le marché signerait alors un rebond de 3,5% environ, si les subventions au crédit auto aujourd'hui en vigueur sont maintenues. Ces aides profitent notamment à Renault parce qu'elles sont réservées aux modèles les moins chers.

Renault, Nissan et AvtoVAZ se taillent la part du lion en Russie avec 29,6% du marché sur les dix premiers mois de l'année. Le PDG Carlos Ghosn a fixé pour objectif une part de marché de 40% à l'horizon 2016.

Les ventes du trio ont toutefois chuté de 9% entre janvier et octobre, reflet d'une baisse d'AvtoVAZ et de Nissan tandis que Renault a vu ses ventes augmenter de 12%.

AvtoVAZ, dont Renault et Nissan doivent prendre le contrôle mi-2014, a nommé la semaine dernière à sa tête Bo Andersson, ancien directeur des achats de General Motors et patron du constructeur russe de bus et de camions GAZ, pour remplacer Igor Komarov.

Bruno Ancelin reste confiant dans le potentiel du marché russe, vu que la moitié des véhicules en circulation sur les routes de Russie ont plus de dix ans. Malgré la baisse du marché cette année, le segment des 4X4 tire son épingle du jeu avec une croissance supérieure à 35%, suivi des berlines à coffre séparé.

En revanche, les Russes boudent les voitures à hayon, les breaks et les monospaces. En hiver, ils ne supportent pas les courants d'air que chaque ouverture du coffre provoque dans l'habitacle.

Edité par Dominique Rodriguez

par Gilles Guillaume et Laurence Frost

Valeurs citées dans l'article : RENAULT, Nissan Motor Co., Ltd., AVTOVAZ OAO