Après trois trimestres, l'année 2023 a été marquée par un recul du chiffre d'affaires de 5% et une chute du profit d'exploitation de 21%. Autre contrariété : des stocks qui s'accumulent et font enfler le besoin en fonds de roulement, d'où une génération de cash négative cette année.

Loin de mettre le paquet sur la 5G et la modernisation de leurs réseaux, les opérateurs ont manifestement décidé de reporter leurs investissements d'infrastructures pour plutôt se concentrer sur leur désendettement — un choix rendu impératif par la remontée des taux. 

Cependant leurs propres inventaires atteignent des niveaux critiques, ce qui devrait se traduire par une très prochaine reprise des commandes. La situation du besoin en fonds de roulement de Nokia devrait donc se normaliser au quatrième trimestre. A ce titre, malgré la conjoncture délicate, le finlandais anticipe une année peu ou prou semblable aux précédentes. 

Nokia, nous en parlions il y a quelques mois, est en panne de croissance depuis son rachat d'Alcatel. A son corps défendant, son programme de restructuration s'est traduit par des gains bien réels : le profit d'exploitation a doublé ces derniers années, tandis que le nombre d'actions en circulation commençait à diminuer sous l'effet des rachats de titres.

Le groupe aurait peut-être intérêt à accélérer sur les rachats d'actions. Sa seule activité de monétisation de son portefeuille de brevets — le joyau de la couronne, qui tourne avec une marge d'exploitation de 70% — lui rapporte entre €800 et €900 millions par an. 

A un multiple de dix fois les profits, ce segment représente à lui seul entre un tiers et un quart du profit d'exploitation consolidé, et plus de la moitié de la valeur d'entreprise. Pour un groupe qui en Occident évolue en duopole avec Ericsson depuis l'éviction d'Huawei, une telle valorisation ne peut manquer de retenir l'attention.