"L’augmentation des effectifs de personnes dépendantes devrait être gérable dans les capacités actuelles des Ehpad". C’est ce qu’affirme Jean-Christophe Briant, expert du marché de la santé et des seniors, dans un entretien accordé à AOF. "Jusqu’à récemment nous avions une offre bipolaire, avec le domicile d’une part et l’Ehpad d’autre part, plus les résidences autonomie : nous avons eu entretemps le développement d’offres alternatives, qui donne un dégradé d’offres très diverses collant parfaitement avec les attentes de la nouvelle génération de seniors issue du baby boom".

Auteur de l'étude Xerfi "Les marchés de la silver économie : les stratégies de croissance des acteurs – Perspectives 2027 : forte concurrence et nouveaux intervenants", Jean-Christophe Briant estime que cette évolution "ne nuira pas à la rentabilité des grands acteurs comme Orpea et Korian car ils ont pris les devants, avec une offre très diversifiée". "Ce sont aujourd'hui des acteurs importants du marché des résidences services, de petits logements seniors à coté de leurs Ehpad de plus en plus souvent".

"On oublie souvent de dire que l'espérance de vie sans incapacité augmente beaucoup plus vite en France que l'espérance de vie. Donc cela ne va pas être une totale explosion, cela n'a rien a voir avec l'évolution du nombre de 85 ans et plus car beaucoup de 85 ans et plus ne seront pas en perte d'autonomie".

"Ce n'est pas vrai qu'il faudra 100 000 places de plus en Ehpad", estime l'expert. "L'étude de la Drees de décembre 2020 prévoyait 108 000 seniors de plus en Ehpad mais 'à pratiques inchangées' alors que les offres alternatives sont en explosion. Les pouvoirs publics sont en train de réaliser que leurs indicateurs d'équipement ne sont pas pertinents, ils commencent à se baser sur le nombre de personnes âgées vraiment dépendantes, en GIR 1 à 4" sur la grille nationale Aggir qui classe les degrés de dépendance de 1 à 6, "et plus seulement sur le nombre de personnes âgées de 75 ans et plus".

L'expert souligne que "45% des résidents d'Ehpad sont en GIR 3 à 6" "avec des problèmes de cohérence mais dont la perte d'autonomie n'est pas totale". Une partie de l'Ehpad va donc être vidée du fait des alternatives, et il n'y aura pas forcément besoin de nouvelles capacités".