PARIS (awp/afp) - Menacée par la baisse de ses audiences et de ses abonnés, Canal+ fait marche arrière en renonçant à crypter son "Grand Journal", avant des changements cruciaux de ses tarifs le mois prochain.

Canal+ avait affirmé à la rentrée que "l'audience n'était plus le sujet" et donné la priorité au crypté. Mais trois semaines après le démarrage de sa nouvelle grille, la chaîne a réagi à une dégringolade historique de ses audiences : elle rallonge sa tranche en clair d'avant-soirée, qui reviendra à ses deux heures habituelles.

Canal+ sera de nouveau diffusée en clair de 19H05 à 21H00, au lieu de l'horaire écourté de 19H35-21H00 mis en place à la rentrée, a précisé le directeur des antennes Gérald-Brice Viret.

Son avant-soirée retrouve sa durée d'avant l'arrivée au pouvoir de Vincent Bolloré, pourtant partisan d'une chaîne presqu'entièrement cryptée.

"Le Grand Journal" de Victor Robert sera de nouveau intégralement en clair. Son cryptage pendant la première demi-heure avait fait fondre son public : environ 130.000 téléspectateurs seulement ces derniers jours, très loin des 600.000 de l'an dernier et encore plus des 1,5 million de 2013-2014, du temps d'Antoine de Caunes.

A la même heure, Yann Barthès dépasse le million de fans pour sa nouvelle émission "Quotidien" sur TMC.

Les programmes de la tranche en clair seront intervertis : elle démarrera par "Le Gros Journal", nouvelle émission de Mouloud Achour (qui débutait jusqu'ici à 20H20), suivi du "Grand Journal" à 19H15, du "Petit Journal" de Cyril Eldin à 20H30, puis de "Catherine et Liliane" à 20H45, avant de finir par "Les Guignols" à 20H53.

La chaîne se défend de chercher à remonter son audience. "Il nous a paru plus opportun d'ouvrir 30 minutes plus tôt pour aller chercher plus de prospects" (potentiels abonnés), a dit Gérald-Brice Viret, qui parle seulement d'un "réajustement pour harmoniser les émissions".

- Fuite des abonnés -

Pourtant le "Petit Journal" a vu son audience tomber sous les 400.000 téléspectateurs contre plus de 1,2 million sous la houlette de Yann Barthès l'an dernier. Le groupe réfléchit d'ailleurs à une nouvelle formule.

"Notre première préoccupation est l'audience chez les abonnés", a répété M. Viret, qui veut que Canal+ soit tous les jours le premier service utilisé par ses abonnés.

Car le "clair" de Canal+ ne représente que 60 millions d'euros de recettes publicitaires par an sur 1,5 milliard de revenus générés par les abonnements, avait souligné le groupe en juin.

Or la chaîne en a perdu 500.000 depuis 5 ans, même si elle en garde encore 3,9 millions.

D'où l'annonce pour le mois prochain d'un virage à 180 degrés dans le modèle en place depuis 30 ans : une nouvelle offre à moitié prix, à 20 euros par mois et sans engagement, pour un visionnage exclusivement sur ordinateur et mobile.

Elle ne proposait jusqu'ici qu'une offre de 40 euros avec engagement d'un an.

Un pari majeur, qui l'obligera à trouver de nouveaux abonnés si ses clients actuels migraient vers la nouvelle offre. Autre projet, des offres thématiques sur les chaînes cinéma ou le sport.

Le groupe s'est résigné à abandonner son offre unique multi-thématique en raison de la concurrence des chaînes de la TNT gratuite et des offres de cinéma et de sport bon marché, comme Netflix et BeIN, proposées à 10 euros par mois environ.

Le tout dans un contexte financier très difficile : pour enrayer une perte opérationnelle attendue à 400 millions d'euros en 2016, Canal+ a lancé un plan d'économies de 300 millions d'euros, dont 60 millions en 2016.

leb/fa/sd/csg