Outre le sarcastique sourire rendu au journaliste lorsque celui-ci présentait le milliardaire français comme son émule, John Malone a décrit Altice comme "cuit" aux Etats-Unis. Le groupe de Patrick Drahi semble en effet fatalement pris en tenaille entre la baisse de son profit d'exploitation et l'explosion du coût de son gargantuesque endettement.

Malone n'a pas manqué de rappeler tout haut ce que certains initiés chuchotent tout bas depuis longtemps, à savoir qu'Altice était à vendre mais peinait à trouver preneur. Entamée il y a dix ans, l'aventure américaine de Patrick Drahi se solde pour l'instant pas un échec patent. Si l'intéressé est coutumier des revirements spectaculaires, la partie apparaît ici mal engagée. 

Au sujet d'Altice, voir notre article du 5 mai : Altice : Pile Tu Perds, Face Je Gagne.

Parmi ses autres commentaires, Malone a réitéré sa prophétie qu'Apple serait un jour l'acquéreur de choix des activités médias et de la bibliothèque de contenus de Disney, actuellement en pleine restructuration. 

A ce sujet, d'aucuns spéculent volontiers que l'action mystère achetée en ce moment par Berkshire Hathaway — qui a demandé à la SEC un traitement d'exception pour ne pas révéler les détails de la transaction — serait justement Disney.

Pour l'anecdote, Liberty Media vient tout juste de rejoindre le portefeuille de Berkshire Hathaway. 

Malone a également concédé — pas pour la première fois — que le streaming restait une activité non-rentable pour ceux qui s'y essayaient, à l'exception notable de Netflix, dont il a de nouveau souligné l'écrasante domination, sans manquer de saluer la remarquable gestion du groupe de Reed Hastings. 

Au sujet du Netflix, voir notre article du 19 avril : Netflix : Message Reçu.

Actionnaire de référence de Warner Bros Discovery, le président de Liberty Media n'a pas non plus épargné Paramount, qui continuerait de brûler dans le développement de son offre streaming de l'argent qu'il ne peut pourtant guère s'offrir de perdre.

Malone milite depuis longtemps pour un rapprochement des producteurs de contenus, qui pourraient ainsi disposer de davantage de levier face aux distributeurs plutôt que de tenter d'assurer eux-mêmes la distribution via leurs plates-formes de streaming. 

Au sujet de Paramount, voir notre article du 9 mai : Paramount : Flop Gun, et, au sujet de Warner Bros Discovery, notre article du 9 novembre : WBD: Précautions de Mise.

Enfin, le "cable cow boy" a relativisé la mauvaise passe dans laquelle se trouverait Charter, insistant sur le fait que l'endettement du câblo-opérateur, certes important, demeurait intelligemment structuré puisqu'à faible coût et bien ventilé dans le temps.

Chacun jugera. Au sujet de Charter, voir notre article du 31 octobre : Charter Communications : Joue Avec le Feu.