Des stratèges ont également mis en avant la hausse des cours pétroliers et des craintes allant en s'atténuant à l'issue des élections législatives italiennes.

Les cours du pétrole ont terminé en nette hausse lundi sur le marché new-yorkais Nymex, portés par des prévisions d'une solide croissance de la demande et par le sentiment que l'Opep ne parviendra pas à augmenter ses capacités de production.

Les trois grands indices se sont retournés vers le haut en cours de séance car les investisseurs voient plutôt dans cette menace une arme de négociation après que Trump eut laissé entendre que le Mexique et le Canada pourraient ne pas être touchés par ces droits de douane si ces deux pays acceptaient de renégocier l'accord de libre-échange nord-américain (Aléna) suivant des termes plus favorables aux Etats-Unis.

En outre, le président républicain de la Chambre des représentants Paul Ryan a exhorté Donald Trump à ne pas ériger ces nouvelles barrières douanières tandis que des présidents de commissions parlementaires ont invité le président américain à prendre des mesures ciblées et non pas générales.

"On tend de plus en plus à croire que tout ça n'aura pas lieu", a dit Jeffrey Carbone (Cornerstone Financial Partners).

Le fait que d'autres pays n'aient pas pris de mesures de rétorsion particulières contre les Etats-Unis a également soulagé la Bourse, a constaté Mona Mahajan (Allianz Global investors). "Espérons que cela devienne un non-événement pour que l'on se concentre à nouveau sur l'économie et les taux".

L'annonce la semaine passée du projet de la Maison Blanche d'imposer des droits de douane de 25% sur l'acier importé et de 10% sur l'aluminium importé avait provoqué le décrochage d'un marché boursier déjà mis mal à l'aise par la hausse des taux d'intérêt et des taux de rendement obligataires.

Trump a peut-être fait marche arrière sur la pression des investisseurs, estime Art Hogan (B. Riley FBR), qui juge que le gouvernement "voit dans la Bourse un baromètre de ses réussites et jusqu'à présent, le marché dit qu'une guerre commerciale n'est pas une bonne idée".

L'indice Dow Jones a gagné 336,70 points (1,37%) à 24.874,76 points. Le S&P-500 a pris 29,69 points (1,1%) 2.720,94 points. Le Nasdaq Composite a avancé de son côté de 72,84 points (1%) à 7.330,71 points.

Les 11 grands indices sectoriels ont tous fini dans le vert, au premier rang desquels celui des "utilities" (+1,95%) suivi par celui des valeurs financières (+1,37%).

Aux valeurs, l'assureur XL Group a bondi de plus de 29%, en raison de son rachat par Axa pour 12,4 milliards d'euros.

Le volume a été de 6,91 milliards de titres échangés, en deçà de la moyenne de 8,3 milliards des 20 dernières séances.

Sur le marché des changes, l'euro s'est orienté à la hausse après de brefs dégagements consécutifs au scrutin indécis italien.

D'autant qu'en Allemagne au contraire une incertitude a été levée: les adhérents du Parti social-démocrate (SPD) ont approuvé à 66% l'accord de coalition avec le bloc conservateur d'Angela Merkel (CDU-CSU), ouvrant la voie à la formation d'un gouvernement en Allemagne, plus de cinq mois après les élections législatives.

Les deux événements pris ensemble n'ont pas changé l'opinion des investisseurs sur la solidité de l'économie de la zone euro, même si le risque politique est à nouveau en ligne de mire après les élections italiennes.

Les dernières péripéties du dossier commercial aux Etats-Unis et la remontée de la Bourse ont logiquement provoqué une hausse des rendements des Treasuries.

Mais ces rendements ne sont pas sortis de leurs fourchettes de la semaine dernière.

(Avec Rodrigo Campos à New York, Ankur Banerjee et Sruthi Shankar à Bangalore; Richard Leong et Kate Duguid; Wilfrid Exbrayat pour le service français)

par Sinéad Carew