Buenos Aires (awp/afp) - L'Argentine a fait appel mercredi de la condamnation d'une juge de New York à verser 16 milliards de dollars à deux sociétés qui s'estimaient lésées par la nationalisation en 2012 de la compagnie pétrolière YPF, dont elles étaient actionnaires minoritaires.

La juge fédérale de Manhattan Loretta Preska a décidé mi-septembre que la société Petersen devra toucher 14,385 milliards de dollars, 7,5 milliards en dommages et le reste en intérêts, tandis que le groupe Eton Park devra recevoir 1,714 milliard de dollars, incluant 816 millions en intérêts.

Ces montants portent ainsi à 16,099 milliards de dollars américains les compensations que l'Argentine devrait verser pour la nationalisation de la compagnie YPF.

Les plaignants ont réclamé que l'Argentine dépose auprès de la Cour une garantie équivalente au montant total de la décision, mais ce déboursement générerait "des dommages irréparables à la population (argentine), qui souffre d'une forte inflation causée par une sécheresse sans précédent", indique l'appel déposé par l'Etat argentin et cité par l'agence Télam.

"Le pays n'a pas accès au marché des capitaux pour émettre une obligation et déposer une garantie", est-il ajouté.

YPF, ex-filiale du groupe espagnol Repsol, a été nationalisée en grande partie en mai 2012 sous la présidence de Cristina Kirchner (2007-2015), soulevant la question à l'époque de la sécurité des investissements financiers dans la troisième économie d'Amérique du Sud.

En 2014, après de longs mois de conflit, Repsol avait conclu avec Buenos Aires un accord lui "garantissant" une compensation financière d'environ cinq milliards de dollars.

Cette affaire tentaculaire contre l'Etat argentin et YPF a cependant été portée en 2015 devant la justice fédérale américaine par le cabinet Burford Capital, spécialisé dans le rachat de litiges de tiers et représentant des actionnaires du pétrolier Petersen Energia Inversora et Eton Park Capital Management.

Ces actionnaires minoritaires n'ont pas reçu de dédommagement, contrairement à Repsol, et ont donc porté plainte en alléguant que le pays n'avait pas déposé d'offre publique d'acquisition comme le prévoit la loi.

afp/rp