Triste couché de soleil sur Chicago...
La nouvelle direction de Sun-Times Media Group a annoncé son dépôt de bilan. Devant affronter une conjoncture économique déprimée et les conséquences des redressements fiscaux dont le groupe a fait l'objet, Sun-Times Media ne peut plus assumer ses dettes et se placera sous l'égide du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites.

L'ex-Hollinger contrôle toujours 59 journaux aux États-Unis, où il pilote notamment le Chicago Sun-Times, le plus ancien quotidien de la métropole de l'Illinois. Le chapitre 11 va protéger l'entreprise contre les attaques de ses créanciers et lui permettre de se restructurer sous contrôle judiciaire.

Dans une lettre aux lecteurs, Le Pdg par intérim Jeremy Halbreich, assure que les journaux et sites Internet du groupe continueront de paraître normalement.

Le poids du passif
Certes, quatre grands groupes de médias sont aujourd'hui placés sous le chapitre 11, rappelle un article sur le site du Chicago Sun-Times. Les annonceurs sont prudents dans leurs investissements et les lecteurs se portent de plus en plus vers les médias gratuits du Net.

Mais au-delà, le groupe a de surcroît dû assumer des amendes et arriérés de 608 millions de dollars laissés derrière lui par Conrad Black pour fraude fiscale. L'ancien magnat de la presse est aujourd'hui derrière les barreaux où il purge une peine de plus de six ans de détention.

Un détenu pugnace
Le procès - auquel Conrad Black a fait appel - évoquait plusieurs griefs, allant du détournement de fonds au pur et simple racket. Les enquêteurs ont notamment découvert des sociétés écrans dans des paradis fiscaux, filiales de la société d'investissement de la famille Black, Ravelston. L'une d'entre elles, basée à la Barbade, s'appelait... Argent News.

Ce ressortissant canadien qui a quitté le pays pour n'avoir pas été accueilli à la Chambre des Lords, est aujourd'hui bien loin de son passé d'empereur des médias. Il y a quelques années, Hollinger International revendiquait la place de troisième groupe de médias mondial, avec des titres aussi prestigieux que le Daily Telegraph (RU), le Chicago Sun Times (USA), le Jerusalem Post (Israël) ou le National Post (Canada).

Conrad Black était à l'origine un essayiste. En 2007, l'année de sa condamnation, il signait une biographie où il tentait de réhabiliter... Richard Nixon. Il a récemment annoncé le thème de son prochain livre : comment son empire médiatique a été détruit alors que des dirigeants de sociétés placées sous la protection de la justice s'enrichissent sur le dos des actionnaires.

Un programme qui promet de faire couler encore beaucoup d'encre.