PARIS/BRASILIA, 25 mars (Reuters) - Emmanuel Macron entame mardi une visite de trois jours au Brésil où il entend consolider, aux côtés de son homologue Luiz Inacio Lula da Silva, des relations anciennes abîmées ces dernières années par les inquiétudes de Paris concernant la protection de la forêt amazonienne.

A l'arrivée du président français en provenance de Guyane, les deux dirigeants se retrouveront à Belém, près de l'embouchure du fleuve Amazone, pour visiter une fabrique de cacao et s'entretenir avec des dirigeants autochtones.

"Lula veut montrer à Macron la complexité de l'Amazonie, qui n'est pas seulement une vaste forêt tropicale mais aussi un endroit où vivent 25 millions de personnes", a déclaré vendredi à la presse la plus haute diplomate brésilienne pour l'Europe et l'Amérique du Nord, Maria Luisa Escorel.

Le gouvernement français est selon elle disposé à financer le développement durable et des programmes visant à lutter contre la déforestation en Amazonie.

Selon l'Elysée, Lula et Macron réfléchiront ensemble à une voie commune visant à combattre de concert le réchauffement climatique et la pauvreté, alors que le Brésil se prépare à accueillir le sommet du G20 à Rio de Janeiro en novembre puis la COP 30 sur le climat à Belém l'année prochaine, deux rendez-vous auxquels Emmanuel Macron devrait participer.

"Nous sommes dans un moment franco-brésilien", souligne l'Elysée, mettant en exergue les "nombreux points de convergence" avec le président brésilien sur les "grands enjeux globaux".

"Ce moment intervient après une éclipse de quatre ans et un quasi-gel des relations politiques entre nos deux pays lors de la présidence de Bolsonaro", ajoute un conseiller du président français.

DÉFORESTATION

Les relations entre la France et le Brésil ont atteint un plus bas en 2019 après les critiques d'Emmanuel Macron ciblant le président d'alors, Jair Bolsonaro, liées à des incendies monstres en Amazonie. Le dirigeant brésilien avait accusé son homologue français et d'autres pays du G7 de traiter le Brésil comme "une colonie".

Un désaccord subsiste aujourd'hui entre les deux pays concernant l'accord commercial entre l'Union européenne et le marché commun sud-américain, dit Mercosur, aujourd'hui au point mort. Officiellement, le sujet ne sera pas à l'ordre du jour car il ne s'agit pas d'une question bilatérale, ont déclaré des responsables brésiliens et français.

Confronté à la colère des agriculteurs français, Emmanuel Macron s'est déclaré opposé, en l'état, à cet accord négocié depuis deux décennies.

Le Brésil dénonce quant à lui la législation européenne adoptée l'année dernière interdisant les importations de café, de boeuf, de soja et d'autres denrées si leur culture encourage la déforestation, ce que les agriculteurs brésiliens considèrent comme une offensive protectionniste.

Mercredi sur le chantier naval Itaguai proche de Rio, Emmanuel Macron et Luiz Inacio Lula da Silva lanceront un sous-marin Scorpène construit au Brésil avec de la technologie française dans le cadre d'un programme de 10 milliards de dollars qui devrait déboucher sur la naissance du premier sous-marin nucléaire du Brésil à la fin de la décennie.

Il s'agit d'un partenariat avec le groupe public français Naval où Thales détient une participation de 35%.

Emmanuel Macron, qui effectue sa première visite bilatérale en Amérique du Sud depuis 2017, rencontrera des chefs d'entreprise à Sao Paulo mercredi après-midi avant une dernière étape jeudi à Brasilia, où il s'entretiendra à nouveau avec Lula ainsi qu'avec le président du Sénat. (Reportage Elizabeth Pineau à Paris et Lisandra Paraguassu à Brasilia, édité par Kate Entringer)

par Elizabeth Pineau et Lisandra Paraguassu