Paris (awp/afp) - Des prévisions de semis de blé et maïs en baisse aux Etats-Unis mais une offre mondiale toujours confortable: les cours des céréales tendaient mercredi à se stabiliser sur les marchés, tandis que les prix des huiles grimpaient dans le sillage du pétrole.

Très attendus, les rapports du ministère américain de l'Agriculture (USDA) sur l'état des stocks et les prévisions d'assolement des agriculteurs américains publiés vendredi n'ont finalement pas changé grand-chose, estiment les analystes.

Les producteurs "ont l'intention de semer 90 millions d'acres (36,4 millions d'hectares) de maïs en 2024, soit une baisse de 5% par rapport à l'année dernière", selon l'USDA. La baisse de surfaces est de 4% pour le blé, avec 19,22 millions d'hectares.

La diminution de la sole de maïs profite notamment au soja, avec des prévisions de surfaces de 35 millions d'hectares, en hausse de 3% par rapport à 2023.

Dans le même temps, l'USDA a annoncé une hausse des stocks de soja (+9%), de maïs (+13%) et surtout de blé (+16%) par rapport à l'année dernière.

Pour Dewey Strickler, de Ag Watch Market Advisors, le rapport sur les intentions de semis "était favorable" aux cours "pour le maïs mais défavorable pour le soja".

"Mais une fois que la poussière retombe, quand vous regardez un peu les possibles rendements, les stocks de maïs ne vont pas changer beaucoup, et ceux de soja devraient être plus importants", souligne-t-il.

En dépit de rapports "considérés comme favorables aux prix du blé", le cours de la céréale du pain a clôturé en baisse lundi à la Bourse de Chicago, "en prévision d'une nette amélioration de l'état des cultures" aux Etats-Unis, relève Jack Scoville, de Price Futures Group.

"Globalement, l'offre mondiale est abondante et les prix mondiaux sont toujours bas. Les ventes [américaines] à l'exportation restent faibles face à la concurrence de la Russie, de l'Ukraine et de l'UE, ces pays cherchant à exporter beaucoup de blé dans la période à venir", ajoute-t-il.

"Rééquilibrage"

Mais si, aux Etats-Unis, le blé d'hiver était noté lundi "bon à excellent" à 56%, son plus haut niveau depuis 2012 selon Dewey Strickler, les conditions de culture étaient bien plus difficiles en Europe de l'Ouest, où "il pleut trop", et dans le sud de la Russie où "il fait très sec", souligne Sébastien Poncelet, du cabinet Agritel-Groupe Argus Media.

Dans un marché international peu agité avant la nouvelle récolte - en dépit d'un récent gros achat de l'Algérie de près de 900.000 tonnes de blé -, l'analyste d'Agritel voit toutefois la compétitivité européenne se renforcer légèrement.

"C'est la troisième semaine consécutive de hausse du prix du blé russe: il reste moins cher que le grain français, mais l'écart de prix n'est plus que de 3 dollars alors qu'il était de 20 dollars il y a une semaine", souligne-t-il.

C'est pour lui le signe que l'offre russe "a rencontré sa demande", ce qui permet un "rééquilibrage des cours". C'est aussi le signe qu'il y a "davantage d'incertitudes" sur le marché.

Jack Scoville souligne ainsi la persistance de difficultés pour l'exportateur de blé russe RIF, dont des chargements ont été bloqués pour des raisons sanitaires la semaine dernière.

"Les rapports indiquent que le gouvernement (russe) cherche à mieux contrôler les exportations et a rendu la vie très difficile aux exportateurs privés dans le but d'obtenir davantage de ventes", rapporte-t-il.

En l'absence de nouvelles majeures, les cours du blé étaient stables mercredi sur Euronext, autour de 202 euros la tonne sur l'échéance la plus rapprochée, et ceux du maïs se maintenaient au-dessus des 193 euros la tonne.

Par ailleurs, le soja américain, qui a clôturé en baisse lundi en réaction aux rapports américains, faisait figure d'exception dans un marché des huiles en hausse.

Sur le marché européen, le colza s'échangeait mercredi à 450 euros la tonne, soutenu par une météo adverse en Europe où la pluie persistante pourrait abîmer les fleurs - et donc amoindrir les rendements.

Les oléagineux, largement transformés en agrocarburants, sont globalement soutenus par une "hausse constante du prix de l'huile de palme" en Malaisie et par "un pétrole extrêmement ferme", souligne Sébastien Poncelet.

afp/rp