Les craintes entourant Banco Espirito Santo, dont la cotation a été suspendue jeudi à Lisbonne, ont plombé tout le secteur financier européen et, dans son sillage, le compartiment bancaire américain puis l'ensemble du marché qui était mûr pour une correction après ses récents records.

Le Standard & Poor's 500, indice de référence des gérants américains, a cédé jusqu'à 1% en début de séance, ce qui ne s'était plus vu depuis le 10 avril, mais il a ensuite refait une bonne partie de son retard pour finalement clôturer en baisse de 0,41% (8,15 points) à 1.964,68.

Le Dow Jones des 30 grandes valeurs a lâché 70,54 points, soit 0,42%, à 16.915,07 après un point bas à 16.805,38, et le Nasdaq Composite, à forte pondération technologique, a reculé de 22,83 points ou 0,52% à 4.396,20 points, 45 points au-dessus de ses plus bas du jour.

L'indice S&P 500 du secteur financier a cédé 0,62%, avec des reculs de 1% pour Citigroup, Bank of America et Morgan Stanley.

"Dans un monde global, on peut toujours trouver des mauvaises nouvelles, qu'il s'agisse de la situation politique en Irak ou du secteur bancaire au Portugal", commente Rick Meckler, président de LibertyView Capital Management à Jersey City (New Jersey). "Mais le vrai test sera la publication des résultats de sociétés qui soit inspirera confiance pour revenir sur le marché, soit montrera que les valorisations actuelles sont vraiment trop élevées."

Interrogé par Reuters, l'investisseur activiste Carl Icahn a jugé le moment important pour le marché boursier.

"A mon sens, le moment est venu d'être prudent. On a certes une très bonne année mais je deviens très sélectif quant aux valeurs que j'achète", a-t-il dit.

TRW, COURTISÉ, GAGNE 8,2%

Signe de la nervosité des investisseurs, le vendeur de parquets Lumber Liquidators et la chaîne de sandwiches Potbelly ont été lourdement sanctionnés, de respectivement 21,5% et 25,1%, après avoir revu en baisse leurs prévisions de résultats.

A l'inverse, l'équipementier automobile TRW s'est distingué avec un gain de 8,2% dans la perspective d'une OPA de l'allemand ZF Friedrichshafen, qui a confirmé avoir fait une approche à son concurrent très présent sur le marché européen.

L'indice sectoriel S&P des télécoms a pris 0,81% et celui des services aux collectivités 0,61%, les valeurs défensives étant recherchées pour leurs dividendes alors que le rendement de l'emprunt du Trésor à 10 ans a brièvement touché un plus bas depuis le 2 juin de 2,494%.

L'indice CBOE de la volatilité a atteint un plus haut depuis le 20 mai avant de refluer légèrement, clôturant à 12,64 (+8,5%) alors qu'il avait touché il y a tout juste une semaine un plus bas de sept ans de 10,28.

Les indicateurs économiques du jour, plutôt positifs avec une baisse des demandes d'allocations chômage et une hausse des stocks des grossistes, ont été largement ignorés des investisseurs surtout focalisés sur le recul des Bourses européennes à leur plus bas niveau depuis deux mois.

La séance de vendredi verra le marché réagir aux résultats de la banque Wells Fargo & Co, le numéro un américain du crédit immobilier qui donnera le coup d'envoi des publications du secteur bancaire et dont le bénéfice par action est prévu en baisse de 5% après 16 trimestres consécutifs de hausse. Le titre, en attendant, a fini la séance en repli de 0,73% à 51,81 dollars.

(Rodrigo Campos, Véronique Tison pour le service français)