DUBAI, 5 décembre (Reuters) - Les pays participant à la conférence mondiale sur le climat (COP28) envisagent d'appeler à une élimination formelle des combustibles fossiles dans le cadre d'un accord final sur la lutte contre le réchauffement climatique, selon un projet de texte de négociations consulté mardi.

Des recherches publiées mardi ont montré que les émissions mondiales de dioxyde de carbone liées aux combustibles fossiles devraient atteindre un niveau record cette année, exacerbant le dérèglement climatique et alimentant des conditions météorologiques extrêmes de plus en plus destructrices.

Le projet de ce qui pourrait être l'accord final de la COP28, publié par l'organe des Nations unies chargé des questions climatiques, donne le coup d'envoi des négociations sur ce qui est considéré comme la question déterminante du sommet, à savoir si les pays participants accepteront de mettre un terme à l'utilisation de combustibles fossiles, ou s'ils insisteront pour la maintenir.

Sur la scène principale de la COP28, les directeurs généraux de plusieurs grandes entreprises énergétiques ont plaidé en faveur du pétrole et du gaz et ont cherché à mettre en avant leurs atouts en matière de protection du climat, comme la réduction des émissions de méthane, un gaz à effet de serre.

"Nous sommes de grandes entreprises et nous pouvons faire de grandes choses", a déclaré Jean Paul Prates, directeur général de la compagnie pétrolière publique brésilienne Petrobras.

Patrick Pouyanné, directeur général de TotalEnergies , a de son côté déclaré qu'il faudrait beaucoup de temps pour abandonner le pétrole et le gaz, et qu'il était donc essentiel d'en produire "d'une manière différente" en réduisant les émissions.

"Bien sûr, cela a un coût", a-t-il ajouté, "mais cela fait partie de notre licence d'exploitation, je dirais, pour l'avenir."

Selon une analyse des données d'inscription à l'Onu publiée par Kick Big Polluters Out, une coalition internationale de groupes de défense du climat, au moins 2.400 lobbyistes du secteur des combustibles fossiles se sont inscrits au sommet de cette année.

Les lobbyistes étaient plus nombreux que les 1.609 délégués des dix pays les plus vulnérables au changement climatique réunis, selon le groupe.

TEXTE DE NEGOCIATIONS

Le projet de texte pour l'accord final de la COP28 comprend trois options que les délégués de près de 200 pays vont à présent examiner.

La première option du projet est présentée comme "une élimination progressive, juste et ordonnée des combustibles fossiles".

Dans le jargon des Nations unies, le mot "juste" suggère que les pays riches, qui brûlent depuis longtemps des combustibles fossiles, les éliminent plus rapidement que les pays plus pauvres, développant actuellement leurs ressources.

La deuxième option consiste à "accélérer les efforts en vue de l'élimination progressive des combustibles fossiles utilisés sans relâche".

Une troisième option consisterait à ne pas mentionner l'élimination progressive des combustibles fossiles.

Les États-Unis, les 27 pays de l'Union européenne et les petits États insulaires vulnérables sur le plan climatique font pression en faveur d'une élimination progressive des combustibles fossiles afin d'obtenir les réductions importantes des émissions de CO2 qui, selon les scientifiques, sont nécessaires au cours de cette décennie pour éviter le désastre climatique.

Malgré cela, aucun des principaux pays producteurs de pétrole et de gaz n'a prévu d'arrêter les forages, selon le Net Zero Tracker, un consortium de données indépendant.

Les principaux producteurs de pétrole et de gaz, dont l'Arabie saoudite et la Russie, ont résisté aux propositions antérieures en faveur d'une élimination progressive.

David Waskow, directeur de l'initiative climatique internationale du World Resources Institute, a déclaré qu'il n'y aurait aucun résultat concluant de la COP28 sans un mandat clair pour s'éloigner de la dépendance mondiale au pétrole, au gaz et au charbon.

"Je ne pense pas que nous quitterons Dubaï sans une formulation et une orientation claires sur l'abandon des combustibles fossiles", a-t-il ajouté.

Le projet de texte comprend également des dispositions appelant à l'intensification des technologies de captage du carbone, ce qui devrait susciter des réactions négatives de la part de certains pays qui craignent que ces technologies naissantes ne soient utilisées pour justifier la poursuite de l'utilisation des combustibles fossiles.

(Reportage Kate Abnett, William James et Valerie Volcovici, avec la contribution d'Elizabeth Piper, version française Stéphanie Hamel, édité par Blandine Hénault)