Commodesk - Le retour aux affaires des conservateurs du PLD va-t-il changer la donne énergétique au Japon ?
Le premier ministre sortant Yoshihiko Noda avait soulevé la question du mix énergétique, mais sans s’engager clairement. Le Parti démocrate prônait une sortie progressive du nucléaire, vers 2040, choix décrit comme irréaliste par le quotidien conservateur Yomiuri Shimbun, et irresponsable par le leader du PLD.

Le prochain chef du gouvernement Shinzo Abe a parlé d’établir « le meilleur mix assurant un approvisionnement électrique durable, dans les dix prochaines années ». Il défendra les options du lobby industriel associé au nucléaire, comme son parti l’avait fait jusqu’en 2009. Le fabricant de réacteurs Mitsubishi Heavy l’a bien compris, réagissant à la victoire des conservateurs en demandant la relance des chantiers de centrales nucléaires.

Les électeurs n’ont pas suivi le Komeito (centriste), proposant d’arrêter « dès que possible » ou le PC, suggérant de le faire immédiatement. Les nationalistes de Restauration, pro-nucléaires, soulevaient un obstacle technique, la région d’Aomori (nord) ne souhaitant plus accueillir de stocks de déchets radioactifs.

Une stratégie excluant le nucléaire au Japon aurait un coût élevé, nécessitant l’importation massive de gaz naturel, à moins d’opter pour le charbon, plus polluant. Remplacer les 49.000 mégawatts fournis par les centrales nécessiterait par exemple d’acheter annuellement 49 millions de tonnes de GNL supplémentaires.

Un panel d’experts, applaudi par les milieux économiques, a évalué à 50.000 milliards de yens (450 milliards d’euros) le prix du virage vers les énergies renouvelables, et 900 milliards d’euros de plus pour favoriser les économies d’énergie. Les industriels de la filière nucléaire évoque un risque de perte de croissance, se traduisant par la disparition de deux millions d’emplois, d’après les milieux patronaux.

Le choix conduirait à un renchérissement de la facture d’électricité de ménages, comme c’est déjà le cas pour les abonnés de Tepco, le fournisseur de la région de Tokyo. Le ministre de l’Energie Yukio Edano avait aussi évoqué le coût des engagements dans la filière nucléaire, limitant les possibilités de s’en extraire.

48 réacteurs ont été arrêtés après la catastrophe de Fukushima, provoquant une augmentation du coût de production de l’électricité d’origine thermique de 3.000 milliards de yens (27,25 milliards d’euros) par an. Le Japon est le second importateur mondial de charbon après la Chine, et l’un des principaux clients des gaziers.