La semaine dernière aura montré un marché boursier particulièrement résilient aux mauvaises nouvelles. Malgré une poursuite de la politique restrictive entamée il y a un an aux Etats-Unis puis en Europe par la Fed et la BCE, les investisseurs ont préféré se focaliser sur les apparentes bonnes nouvelles. Il faut dire qu'ils ont été aidés par Jerome Powell qui, à une question sur les conditions financières, n'a rien trouvé de mieux que de dire qu'elles continuait de se resserrer (tightening) alors que n'importe quel investisseur pouvait s'apercevoir que depuis début octobre, elles ne cessent de s'améliorer en parallèle du rebond opéré sur le S&P 500 (voir ci-dessous).

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Oui d'accord mais c'est quoi les conditions financières ?

Ok, je vous le concède un petit rétropédalage s'impose. Une fois n'est pas coutume. Je vous livre en l'état la définition proposée par Bloomberg. Dans sa version courte, on trouve "ce concept suit les conditions générales dans le secteur financier du pays". Succinct en effet, limite abscons. Bon, allons voir du côté de la version détaillée : "l'indice Bloomberg US Financial Conditions suit le stress financier des marchés monétaires, d'obligations et d'action à l'échelle des USA. Il permet d'évaluer la disponibilité du crédit ainsi que son coût". Je finirais par "une valeur positive indique des conditions financières expansionnistes". Nous y voila ! Depuis début octobre l'accès au crédit s'est donc sensiblement amélioré. Ceci va précisément à l'opposé de la politique menée par la Fed pour lutter contre l'inflation et vient également contredire le discours officiel. Bref, si M. Powell avait voulu faire progresser son portefeuille boursier, il ne s'y serait pas pris autrement.

Un investisseur avisé en vaut deux

C'était toutefois sans compter la publication vendredi dernier de créations d'emplois stratosphériques à 517K contre 188K attendus. Si le S&P 500 n'a, jusqu'à présent, que faiblement consolidé, l'image donnée par les marchés de taux est tout autre tout comme le dollar américain qui a progressé de près de 1%. Le graphique ci-dessous montre justement l'évolution du rendement du 2 ans aux Etats-Unis. Pourquoi le 2 ans ? Je vous invite à vous référer à ce précédent article.

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D'un point de vue graphique, on notera que le marché a bien tenu sur une symétrie à 4.03% qui correspondait à la même amplitude que la consolidation de juin 2022. Typiquement dans un marché directionnel, ce genre d'indication milite pour la reprise de la tendance haussière initiale avec les 4.80% en ligne de mire (et plus si affinités). Ce scénario est également corroboré par la rupture du canal de consolidation en place depuis début novembre et par le débordement de la ligne de tendance baissière sur le RSI. Si la corrélation négative taux-indices actions continue, les investisseurs seraient bien avisés d'être prudents.