Londres (awp/afp) - Les prix des métaux de base échangés sur le London Metal Exchange (LME) ont poursuivi leur mouvement de correction cette semaine, creusant leurs pertes dans le sillage de chiffres décevants sur les importations chinoises et d'une reprise du dollar.

La publication dimanche des dernières statistiques sur le commerce en Chine pour le mois d'avril a donné le ton de la semaine, faisant nettement décrocher les cours des métaux de base dès lundi.

Les exportations du géant asiatique, exprimées en dollars, ont reculé de 1,8% sur un an en avril, trébuchant à nouveau après leur spectaculaire rebond du mois précédent, tandis que les importations continuaient également de s'enfoncer.

Elles ont en effet plongé de 10,9% en avril, un repli pire qu'attendu, et plus marqué que le mois précédent, suggérant une demande intérieure toujours maussade, notamment pour les métaux industriels, dont la Chine est le premier consommateur.

Même si les cours ont tenté de se reprendre en milieu de semaine, trouvant quelque soutien dans une chute des prix à la production en Chine moins prononcée que prévu - un signal encourageant pour l'activité industrielle -, dans le rebond des cours du pétrole et le dynamisme des marchés boursiers asiatiques, mais également dans un léger affaiblissement du dollar, l'embellie aura été de courte durée.

- Les cours prennent leur élan pour mieux rebondir? -

Dès jeudi en effet, les cours des métaux industriels sont repassés dans le rouge à mesure que le dollar a commencé à se renforcer et (ainsi) à peser sur les prix du London Metal Exchange", a noté Liz Grant, analyste chez Sucden Financial.

La force du billet vert, qui se remet depuis quelques séances d'une période de déprime, est défavorable aux cours des métaux car les échanges y sont libellés en monnaie américaine et deviennent donc plus coûteux.

"La principale raison de la baisse des prix (jeudi) était sans doute un dollar plus ferme de même que des marchés boursiers en perte de vitesse vers la fin de la journée", ont noté les analystes de Commerzbank, précisant qu'aucune information directement liée aux métaux ne pouvait expliquer ce déclin, davantage imputable à l'environnement macroéconomique général.

De leur côté, les analystes d'Unicredit ont souligné que le récent mouvement baissier observé sur le marché des métaux ne s'était pas opéré brutalement mais sous forme de petites corrections qui ont "supprimé une partie de l'écume spéculative qui s'était accumulée sur ces marchés après les fortes hausses récentes".

Ainsi, ont-ils estimé, une période d'échanges dans de faibles marges, comme celle observée actuellement, pourrait bien préparer les métaux pour de futurs gains.

- Le cuivre pourrait bientôt rattraper le pétrole -

Les cours du cuivre se sont enfoncés cette semaine, tombant même jeudi jusqu'à 4.600 dollars, un minimum en plus de deux mois et demi.

Le métal rouge a notamment souffert en début de semaine des chiffres publiés par les douanes chinoises, selon lesquels le pays a importé 450.000 tonnes de cuivre en avril, soit un repli de 21% par rapport au mois de mars (même si avec 570.000 tonnes de cuivre importées, il s'agissait d'un mois record), des données de mauvais augure pour la demande du premier consommateur de métaux au monde.

Sur un an toutefois, les importations chinoises de cuivre en avril s'affichent en hausse de 4,6%.

Ainsi, les analystes de Capital Economics ont fait remarquer que les cours du pétrole et du cuivre, qui avaient suivi une trajectoire ascendante parallèle jusqu'au début du mois d'avril, avaient vu depuis cette date leurs chemins se séparer, les premiers poursuivant leur marche en avant quand les seconds ont souffert sous l'effet "d'inquiétudes sur l'état de la demande en Chine, des interruptions de production minière en dessous de la moyenne et des stocks importants.

"Cependant, nous nous attendons à ce que le cuivre surpasse les performances du pétrole sur le reste de l'année", ont poursuivi les analystes de Capital Economics, jugeant que les données fondamentales de l'offre et de la demande étaient encourageantes pour le métal rouge.

Citant des importations chinoises de cuivre raffiné en hausse de 23% de janvier à avril sur un an, mais également les dépenses d'État qui ont été provisionnées pour le secteur de l'infrastructure et devraient se traduire par une demande de cuivre plus élevée plus tard dans l'année, ils ont ainsi estimé qu'il existait "une latitude considérable pour que les prix du cuivre rattrapent leur retard", et s'échangent à 5.500 dollars la tonne d'ici la fin de 2016, contre environ 4.700 dollars actuellement.

De leur côté, le plomb et l'étain ont atteint jeudi respectivement 1.710 dollars la tonne et 16.600 dollars la tonne, au plus bas depuis le 19 avril et le 7 avril.

La tonne d'aluminium et celle de nickel sont tombées pour leur part vendredi à respectivement 1.531 dollars et 8.575 dollars, au plus bas en un mois. Enfin, le zinc a également signé lundi un plus bas en un mois à 1.826 dollars la tonne, avant de toutefois parvenir à rebondir.

Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 4.642 dollars vendredi à 11H30 GMT, contre 4.789 dollars le vendredi précédent à 14H00 GMT.

L'aluminium valait 1.538 dollars la tonne, contre 1.607 dollars.

Le plomb valait 1.718 dollars la tonne, contre 1.736 dollars.

L'étain valait 16.765 dollars la tonne, contre 17.320 dollars.

Le nickel valait 8.620 dollars la tonne, contre 9.025 dollars.

Le zinc valait 1.878,50 dollars la tonne, contre 1.873,50 dollars.

jra/acd/spi