Milan (awp/afp) - UniCredit donne lundi le coup d'envoi de sa maxi-augmentation de capital, une opération sur laquelle les experts se montrent optimistes et qui devrait, sauf accroc imprévu, montrer la confiance du marché, pourtant souvent inquiet de la solidité des banques italiennes.

Depuis l'arrivée à sa tête du Français Jean-Pierre Mustier en juillet, UniCredit est engagée dans une vaste réorganisation.

La banque entend supprimer 14.000 emplois équivalents temps plein (sur 101.000) d'ici fin 2019, céder 17,7 milliards d'euros de créances douteuses et a déjà mené plusieurs cessions d'actifs pour renforcer sa solidité (Pioneer Investments, 30% de FinecoBank, etc.).

Une stratégie que doit encore renforcer l'augmentation de capital de 13 milliards d'euros. Celle-ci est menée entre lundi et le 23 février en Italie et Allemagne, et entre le 8 et 22 février en Pologne. Elle restera ensuite ouverte jusqu'au 10 mars pour les droits non exercés.

"Cette opération se présente bien. Généralement, lorsqu'une banque cherche à lever un montant de capitaux du même ordre que sa capitalisation boursière (16 milliards pour UniCredit), la réaction des marchés peut être très négative, là elle a été très positive", avec une hausse du cours de 7% depuis l'annonce du plan stratégique le 13 décembre, explique à l'AFP Nicolas Véron, expert au centre de réflexion européen Bruegel.

"Les investisseurs ont été séduits par le plan. Ils ont le sentiment que (le précédent management) avait eu une réticence à attaquer de front les défis se présentant, mais que désormais la banque a un plan, elle cherche à agir et régler les problèmes", ajoute-t-il.

Marco Giorgino, professeur à l'Ecole Polytechnique de Milan, juge lui aussi les perspectives "positives".

Tout d'abord le prix n'est pas très élevé. Les titres sont proposés avec une décote de 38,3% sur le prix théorique de l'action hors droit préférentiel de souscription (Terp).

Il s'agit d'un rabais supérieur à d'autres opérations récentes (29,3% pour Banco popolare) mais tout de même moindre que les 43% accordés lors de la dernière augmentation de capital d'UniCredit en 2012, signe selon la presse que M. Mustier a déjà recueilli des adhésions.

- "Plan crédible" -

La deuxième raison sont "les perspectives industrielles d'UniCredit. Le plan de M. Mustier est très agressif et prévoit un retour de la profitabilité d'ici quelques années. C'est un plan très ambitieux, mais en même temps crédible", note M. Giorgino.

Dernier élément: une trentaine de banques font partie du consortium garantissant l'opération, dont de grands établissements comme Morgan Stanley ou J.P. Morgan.

Ces dernières se sont engagées "à souscrire à toutes les nouvelles actions qui resteront à la fin de la période d'enchères qui se tiendra après la période de souscription", sauf événement exceptionnel prévu dans le contrat.

Cette opération intervient après l'échec de l'augmentation de capital de son homologue BMPS, qui devra finalement être nationalisée.

Elle apparaît cruciale: UniCredit a souligné que son échec pourrait avoir "des impacts négatifs significatifs sur la situation économique, patrimoniale et financière du groupe, jusqu'à compromettre l'existence des conditions pour (sa) continuité".

Mais après des mois tumultueux, le contexte semble plus propice avec une situation politique pour l'instant plus stable et la décision fin décembre du gouvernement de débloquer 20 milliards d'euros pour aider les banques les plus en difficulté.

Facteur supplémentaire: la faiblesse de l'euro par rapport au dollar pourrait aussi encourager les investisseurs non européens.

M. Mustier a engagé un tour du monde pour convaincre les investisseurs de participer à ce plus important appel au marché jamais lancé en Italie.

La fondation Cariverona, qui détient 2,23% d'UniCredit, a déjà indiqué qu'elle souscrirait à hauteur de 73% de sa part actuelle.

"Si l'opération se déroule bien, cela bénéficiera non seulement à UniCredit mais aussi à tout le système, en donnant un signal de confiance", estime M. Giorgino.

Les banques italiennes, plombées par quelque 350 milliards d'euros de créances douteuses et par leur faible rentabilité, suscitent en effet de vives inquiétudes.

Mais pour M. Véron, "la réaction très positive du marché a changé assez nettement la manière dont se présente le problème bancaire italien, puisqu'elle a prouvé quelque chose dont on n'était pas sûr: même après le référendum (et le changement de gouvernement), le marché est prêt à apporter du capital à peu près sans limite à des banques qui ont une stratégie crédible".

afp/ol