La mécanique financière reste bien évidemment la même que toute obligation émise, c'est à dire qu'un acteur de marché va emprunter auprès d'investisseurs avec le paiement en retour d'un intérêt et le remboursement du capital à une échéance déterminée. La variante avec ces "green bonds" ou "climate bonds", c'est la finalité puisque les investissements visent exclusivement des projets compatibles avec la protection du climat et de l'environnement. Les objectifs sont divers et variés avec notamment la recherche de la diminution des émissions polluantes, la gestion des déchets et des eaux usées, la gestion des transports publiques, préservation de la biodiversité....
 
Ce tableau ci-dessous présente les titres de créance émis par des gouvernements et entreprises dont les produits sont liés à des "projets verts". Cela exclut les obligations avec bons de souscription, les titres convertibles ou encore les ABS. D'autre part, les échéances sont d'au moins 18 mois. La demande des investisseurs augmentant, le nombre d'émetteurs se multiplient et se diversifient. 

Top10 mondial des émetteurs d'obligations vertes

Il ressort de ce tableau trois constats:
- Le trio de tête représente plus 35% des émissions totales.
- Les 3/4 des plus importantes sociétés émettrices sont chinoises.

- Deux institutions, la Banque d'Investissement Européenne et la Banque Mondiale figurent dans ce top 5.

En réalité, les entreprises chinoises ont émises beaucoup plus d' "obligations vertes" cette année (le volume a augmenté de 40%) que les années précédentes. La Chine, plus gros consommateur d'énergie au monde semble prendre ainsi un virage stratégique en recherchant à financer des sources d'énergie moins polluantes. Dans une toute autre perspective, il convient de constater également que Apple fait partie de ce top10 mondial avec un volume de près de 1.5 Milliard de dollars. C'est d'ailleurs le seul émetteur du secteur des technologies.


Dans le détail, en termes de secteur, de pays d'émission et de devises, les éléments d'appréciation suivants peuvent être notés:


 
  • S'agissant des devises d'émission, une certaine homogénéité a lieu avec pour 35% le renminbi chinois, 34.5% le dollars américains et 20.3% l'euro.
  • S'agissant du secteur d'activité, le secteur financier qui est le plus important émetteur d'obligations vertes (plus de 49%). Les émissions émanants de gouvernements représentent un peu moins de 30% désormais. C'est d'ailleurs la première année que ces dernières ne sont pas les plus actives. Sans surprise, les plus importantes transactions dans les secteurs financiers et de l'énergie viennent d'émetteurs chinois. En tête des transactions, on retrouve la Shanghai Pudong Development Bank pour un volume total depuis le début d'année de 7.6 milliards de dollars à elle seule.
  • S'agissant de répartition géographique des intervenants, une fois encore les entreprises chinoises ont été les plus prolifiques en émettant environ 18 milliards de dollars (représentant 41.2% du volume total), suivies par les émetteurs supranationaux avec 8.2 milliards de dollars (soit 18.7%) et les Etats-Unis seulement 3.4 milliards de dollars (8%  du marché). La France arrive loin derrière avec 730 millions de dollars. 

 


Les obligations vertes, encore une goutte d'eau dans l'océan du marché obligataire

Alors que le marché obligataire international représente près de 100.000 milliards de dollars, le montant total des émissions sur le marché n'est "que" de 43.6 milliards de dollars depuis le début de l'année 2016. Pour autant ces obligations ont le vent en poupe et la demande ne cesse de croître. En 2015, le volume était de 35.6 milliards de dollars. On peut en réalité constater une explosion de ces émissions depuis 2014 seulement puisqu'en 2013 les émissions étaient d'à peine 10 milliards de dollars et  même 1.5 milliard de dollars en 2011 comme l'atteste le présent graphique.

Historique du volume des émisions d'obligations vertes en milliards de dollars


Pour autant, si les obligations vertes constituent indéniablement un produit financier dans l'air du temps, ces obligations font l'objet de dérives et de critiques :
- Ces dernières n'apportent aucune garantie quant aux projets devant être financés. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle afin de rassurer les investisseurs une labellisation des obligations tend à se développer par le biais de cabinets d'experts indépendants.,
- Pourraient devenir une niche pour certaines compagnies afin de faire des opérations d'écoblanchiment (greenwashing) pour se donner d'un point de vue marketing une image écologique responsable, sans pour autant compter basculer une part de leurs activités vers une économie post-fossile.