Alors que les marchés actions chinois, et par ricochet les places financières américaines et européennes, reprennent quelques couleurs après le rally baissier de ces derniers jours, Christophe Morel et Stéphane Colliac, économistes chez Groupama AM, rappellent que la Chine a des solutions pour faire face à un ralentissement de sa croissance et ainsi ramener définitivement le calme sur les marchés.

"La Chine n'est pas engagée dans un hard landing et dispose des ressources nécessaires pour faire face à une crise financière. La banque centrale dispose à la fois de réserves de change suffisantes (3600 milliards de dollars) et a commencé à utiliser son bilan pour faciliter la liquidité du système bancaire. Elle est loin d'avoir exploité tous les instruments à sa disposition et peut donc faire beaucoup plus en cas de besoin. Elle ne le fait pas pour le moment car le gouvernement chinois n'est pas inquiet sur son objectif de croissance (« à peu près 7% ») : en 2015, la croissance devrait être de 6,8% ; pour 2016, il anticipe que le rebond immobilier doit permettre un atterrissage en douceur de la croissance", décrivent les experts.

Christophe Morel et Stéphane Colliac rappellent aussi que les inquiétudes des marchés ont été renforcées par la dévaluation surprise du yuan. Or, cette opération, interprétée d'abord comme une tentative de relancer la croissance, "peut aussi être lue comme un effort de libéralisation destiné à rapprocher le taux de change officiel du taux de change du marché dans le but ultime de faire du yuan une monnaie internationale".

Reste que, même si la Chine parvient à achever le rééquilibrage de son modèle de croissance en limitant la déstabilisation du système financier, le reste du monde risque tout de même d'en pâtir. Ce recentrage "signifie une diminution des importations chinoises, préjudiciable en premier lieu aux pays exportateurs de matières premières et également aux pays asiatiques, dont l'intégration commerciale avec la Chine est relativement élevée. En ajoutant ces deux catégories à la Chine, on atteint près de la moitié de l'économie mondiale dont la croissance déçoit, ce qui explique des déceptions sur la croissance mondiale et contribue à une orientation négative des matières premières et de l'inflation mondiale", préviennent les économistes de Groupama AM.