Après deux mois d'exemption, les Etats-Unis imposent depuis ce vendredi des droits de douane de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium importés aux Etats-Unis par l'Union européenne, le Canada et le Mexique.

Les trois partenaires commerciaux de Washington avaient annoncé dès jeudi des mesures de représailles, alimentant les craintes de guerre commerciale.

La Commission européen avait ainsi dit que Bruxelles imposerait des droits de douane sur 2,8 milliards d'euros (3,4 milliards de dollars) d'exportations américaines, dont le bourbon, le beurre de cacahuètes, les Harley Davidson et les jeans, si ses exportations de métaux vers les Etats-Unis, d'une valeur de 6,4 milliards d'euros, étaient finalement soumises à des droits de douane.

"Le problème qu'on a avec ces droits de douane généralisés par les Américains, c'est que les 30 millions de tonnes d'acier qui devaient aller naturellement aux États-Unis vont se retourner vers le marché le plus ouvert, c’est-à-dire l'Europe", a déclaré Philippe Darmayan, interrogé sur franceinfo.

"La conséquence majeure pour les aciéristes européens, c'est que tous ces volumes vont venir s'ajouter aux importations qui existaient déjà en Europe", a-t-il ajouté, soulignant qu'un "scénario catastrophe" - avec une surenchère de mesures de représailles - pourrait "à terme avoir des conséquences sur l'emploi".

"Donc, avant la rétorsion, avant d'attaquer le bourbon ou je ne sais quel autre produit qui entraînerait une guerre commerciale sur d'autres secteurs, commençons par protéger le marché européen", a encore dit Philippe Darmayan.

Il appelle ainsi de ses voeux la mise en place le plus vite possible de "'safeguards', ce qui revient à mettre des quotas", afin de "stabiliser les importations et éviter un accroissement de l'afflux d'importations sur le marché européen".

Philippe Darmayan fait ainsi écho aux propos du directeur général des activités néerlandaises de Tata Steel Theo Henrar, qui a dit jeudi à Reuters que l'Union européenne devait se protéger d'un possible "tsunami d'acier bon marché et de mauvaise qualité" cherchant un autre débouché que les Etats-Unis en mettant en place des "tarifs douaniers ou des quotas".

(Avec la contribution de Bart Meijer à Amsterdam, Benoit Van Overstraeten, édité par Jean-Michel Bélot)

Valeurs citées dans l'article : Tata Steel, ArcelorMittal