Berlin (awp/afp) - Le patron du groupe de médias allemand Springer, un des plus grands du secteur en Europe, a dû présenter des excuses ce weekend après la révélation de messages internes très controversés qui suscitent des remous.

"Je présente des excuses pour avoir par mes mots offensé, ébranlé ou blessé beaucoup de personnes", a écrit Mathias Döpfner, président du directoire de Springer, dans un message publié sur le site de Bild, le journal le plus lu d'Allemagne.

Dans les messages privés, principalement de messagerie ou SMS envoyés ces dernières années à des membres de la direction du groupe, et révélés cette semaine par l'hebdomadaire Die Zeit, Mathias Döpfner tenait des propos jugés méprisants à l'égard des Allemands de l'Est, critiquait l'ex-chancelière Angela Merkel ou suggérait à Bild d'aider le parti libéral allemand FDP (droite) à monter dans les sondages.

Au sujet des Allemands de l'Est, qualifié du terme péjoratif de "Ossies", il disait qu'ils ne deviendraient jamais des démocrates ou qu'ils sont tous "des communistes ou des fascistes". Une allusion aux scores élevés réalisés par l'extrême droite et la gauche radicale dans cette partie du pays, qui fut la RDA communiste jusqu'à fin 1989.

Le délégué du gouvernement allemand à l'Est de l'Allemagne, Carsten Schneider, a demandé la démission du patron de Springer après ces révélations, jugeant qu'il n'était plus "tenable" à son poste eu égard au rôle joué par les médias "dans notre démocratie".

Au sein du groupe Springer, la rédactrice en chef des publications de Bild, Marion Horn, a publié aussi un éditorial pour affirmer qu'elle ne se laissait "dicter par personne ce que Bild doit écrire".

Elle a aussi affirmé que les révélations avaient "ébranlé" l'équipe de Bild et ses lecteurs, demandant au patron du groupe de s'excuser, ce que ce dernier a fait.

"Lorsque je suis en colère ou très content, mon téléphone portable me sert de paratonnerre. J'envoie alors à des gens, en qui j'ai parfaite confiance, des messages rédigés ou exprimés à la va-vite", sans penser qu'ils puissent ensuite être publiés, a-t-il plaidé.

Ce dernier dirige Springer depuis une vingtaine d'année et est aussi le troisième plus grand actionnaire de la société avec près de 22% des parts. Le premier actionnaire du groupe est le fonds d'investissement américain KKR.

afp/rp