New York (awp/afp) - La plateforme de prêts en ligne LendingClub fait l'objet d'enquêtes des autorités américaines après le départ inattendu de son patron, le Français Renaud Laplanche, et ces développements provoquaient à nouveau une chute de son action à Wall Street mardi.

Selon des documents boursiers consultés mardi par l'AFP, le département de la Justice (DoJ) et la SEC, le gendarme de la Bourse, ont ouvert début mai chacun de leur côté des investigations sur la start-up californienne.

Le DoJ a notamment adressé une injonction (subpoena) à LendingClub pour obtenir des documents confidentiels, après l'annonce le 9 mai de la démission surprise de M. Laplanche, qui a dissimulé au conseil d'administration un investissement personnel dans le fonds Cirrix Capital, client de la "Fintech".

D'autres requêtes des régulateurs devraient suivre, indique le groupe, qui promet de "coopérer".

A Wall Street, le titre, qui avait déjà perdu plus de 50% de sa valeur la semaine dernière suivant les révélations, perdait 10,66% à 3,52 dollars vers 14h45 GMT.

La crise chez LendingClub teste le modèle économique des plateformes de prêts en ligne ayant surfé après la crise de 2008 sur la méfiance des consommateurs vis-à-vis des banques traditionnelles.

Se présentant au départ comme un marché de prêts --mettant en rapport à l'origine un emprunteur et un investisseur via les nouvelles technologies d'où leurs noms de prêts entre pairs (peer to peer) --, les plateformes de prêts en ligne se sont tournées vers les investisseurs professionnels (hedge funds, courtiers, grandes banques, gérants de fonds...) pour leur vendre des prêts sous la forme de produits financiers complexes.

C'est l'un de ces prêts complexes de 3 millions de dollars vendu en mars au courtier new-yorkais Jefferies, antidaté par LendingClub et passant outre des clauses entre les deux parties, qui a causé le départ précipité de M. Laplanche à la demande de son conseil d'administration.

- Perte de confiance -

"L'intégrité des données est un élément essentiel pour inspirer confiance dans notre métier", explique le patron par intérim Scott Sanborn, dans le document boursier.

Renaud Laplanche, 45 ans (bien 45 ans), qui a fondé LendingClub en 2006, ne s'est pas encore publiquement exprimé depuis son départ. Il n'a pas donné suite aux sollicitations de l'AFP.

"J'ai fondé LendingClub sur des valeurs fondamentales de confiance, de transparence et de responsabilisation. J'ai toujours pensé qu'il ne fallait pas accepter de compromettre une de ces valeurs. Je reconnais que les événements qui se sont déroulés sous mon contrôle ont manqué à ces standards. S'il y a des divergences sur la caractérisation de ces faits, je reconnais que le conseil d'administration a agi en bonne foi", a-t-il toutefois déclaré dans un courriel à des médias américains.

Pour regagner la confiance des marchés, peu convaincus par les informations fournies par LendingClub, M. Sanborn affirme que 673.000 prêts ont été vérifiés par un éminent cabinet d'audit suivant les révélations. Cet audit a révélé, selon lui, que 99,99% des prêts ne comportaient aucun vice de forme.

Le mal est néanmoins fait puisque les investisseurs professionnels rechignent désormais à financer les prêts, indique mardi LendingClub.

"Comme conséquence des circonstances entourant le prêt litigieux, un nombre d'investisseurs qui (...) ont contribué à une part importante du financement sur la plateforme ont fait une pause et procèdent pour certains à un audit et des tests de leurs portefeuilles ou sont tout simplement devenus réticents à investir", indique le groupe dans le document boursier.

Et d'avertir que "le ralentissement (...) résultant de cette pause a eu un impact sur les prêts que nous pouvons octroyer sur notre plateforme (...) et que si cela continue, il y aura des répercussions sur notre activité, nos résultats, nos conditions financières et nos actionnaires".

A court terme, LendingClub pourrait, prévient-il, procéder à une augmentation de capital, s'endetter ou augmenter encore les taux de rémunération des prêts et les commissions prélevées pour dégager des ressources supplémentaires.

afp/rp