New York (awp/afp) - La compagnie aérienne américaine JetBlue a annoncé lundi renoncer à acquérir sa concurrente Spirit Airlines, quelques semaines après une décision de justice défavorable qui menaçait d'empêcher la constitution du cinquième acteur le plus important du secteur aux Etats-Unis.

Les dirigeants des deux sociétés ont estimé qu'ils n'étaient pas en position d'obtenir les autorisations réglementaires nécessaires à cette union d'ici la date limite qu'elles avaient fixée, soit fin juillet.

Dans le cadre de l'accord passé entre les deux groupes, la compagnie JetBlue va verser une indemnité de rupture de 69 millions de dollars, a-t-elle précisé dans un communiqué.

"La décision annoncée par JetBlue aujourd'hui représente une victoire supplémentaire dans le travail du ministère de la Justice pour le compte des consommateurs américains", a commenté Merrick Garland, ministre de la Justice, cité dans un communiqué.

"Nous continuerons à appliquer vigoureusement la législation antitrust du pays", a-t-il affirmé.

Ce renoncement constitue un sérieux camouflet pour JetBlue, qui avait surenchéri, en avril 2022, sur une offre de la compagnie Frontier Airlines, première à s'être entendue avec Spirit pour un mariage, en février de la même année.

JetBlue avait mis sur la table 3,6 milliards de dollars, contre 2,9 milliards proposés par Frontier, afin d'absorber Spirit et de dépasser Alaska Airlines pour devenir le cinquième acteur de l'industrie aux Etats-Unis.

Après un rejet initial du conseil d'administration de Spirit, la compagnie new-yorkaise avait relevé son offre à 3,8 milliards et était parvenue à s'entendre avec les dirigeants de Spirit en juillet 2022.

Mais en mars 2023, le ministère de la Justice avait saisi un tribunal civil de Boston, affirmant que cette fusion aurait des effets négatifs pour les consommateurs.

Ce tribunal lui a donné raison mi-janvier, bloquant le rapprochement au motif qu'il risquait d'entraîner "des prix en moyenne plus élevés pour les clients".

Les deux compagnies avaient fait appel du jugement.

Il s'agit d'un nouveau revers pour JetBlue, qui a renoncé en juillet 2023 à un partenariat avec American Airlines sur les lignes partant et à destination de Boston et de New York, également retoqué par un tribunal civil de Boston en mai 2023.

"Nous pensions que cette union valait la peine d'être réalisée parce qu'elle aurait créé un concurrent national à bas coûts pour les +Big Four+", les quatre compagnies majeures du marché (United, Southwest, American Airlines et Delta), a commenté Joanna Geraghty, directrice générale de JetBlue, citée dans le communiqué.

Mais, pour M. Garland, ce mariage "aurait eu pour conséquence que des dizaines de millions de voyageurs auraient été confrontés à des prix supérieurs et à des choix moindres", en particulier sur les liaisons où les deux compagnies se font actuellement concurrence.

afp/rp