Genève (awp) - L'aciériste lucernois Swiss Steel a vu son chiffre d'affaires chuter de 20%, à 3,24 milliards d'euros (3,11 milliards de francs suisses) pour l'exercice 2023, en raison de la faiblesse des marchés et de charges non récurrentes importantes. Pour assurer sa pérennité, l'entreprise prévoit une augmentation de capital de 300 millions d'euros.

En raison d'une perte nette de 294,8 millions, contre un bénéfice net de 9,4 millions pour l'exercice antérieur, "le taux de fonds propres a chuté à un niveau insoutenable de 12,1 pour cent", a expliqué le directeur financier du groupe (CFO) Marco Portmann jeudi lors d'une conférence téléphonique. Un an auparavant, le taux de fonds propres s'élevait encore à 22,2%.

Garantie par Bigpoint Holding AG, l'augmentation de capital, sera ainsi votée lors de l'assemblée générale extraordinaire prévue le 4 avril prochain. Bigpoint Holding devrait par ailleurs entrer au conseil d'administration de Swiss Steel. Le but est de renforcer "la liquidité, le bilan et de permettre une pleine participation aux marchés", selon Swiss Steel.

Le directeur général du groupe (CEO) Frank Koch n'a, pour sa part, pas pu ou voulu dire si le plus gros actionnaire Martin Haefner (32,73%) ou Peter Spuhler de PCS holding (20,36%) participeraient à cette augmentation. Celle-ci devrait être soutenue par les créanciers du groupe avec de nouveaux accords de financement qui s'étendront jusqu'en 2028, a-t-il été précisé.

Suppressions d'emplois

De cette manière, Swiss Steel, très touché par une faible demande, entend redresser la situation. L'entreprise a vu son chiffre d'affaires dégringoler dans toutes les grandes régions l'an dernier. Sur son marché principal, l'Allemagne, qui a représenté 33,2% des recettes, il a diminué de 22% pour s'affaisser à 1,08 milliard.

Le CEO Frank Koch prévoit également de nouvelles réductions d'emplois, sans pouvoir donner d'indications sur leur ampleur.

L'an dernier, l'entreprise avait réduit ses effectifs de plus de 1000 postes pour atteindre 8812 collaborateurs. Dans la plus grande unité de production, la Deutsche Edelstahlwerke (DEW) basée en Allemagne, plus de 350 emplois doivent disparaître. "La majeure partie d'entre eux a déjà été supprimée", a fait savoir M. Koch.

Ascometal pas encore vendu

Des coupes sont aussi prévues en France. Ainsi, la vente de parties d'Ascometal France annoncée en décembre 2023 n'a pas encore eu lieu, les parties impliquées n'étant pas encore parvenues à un accord définitif. Dans le contexte actuel, l'entreprise envisage une réorganisation judiciaire de tout ou partie des sociétés d'Ascometal France.

M. Koch a précisé qu'une vente de Finkl Steel était également à l'étude, les synergies avec cette filiale américaine étant faibles. Le CEO n'a par ailleurs rien voulu dire sur les coûts des restructurations encore en suspens pour l'année en cours.

Nouvelles stratégies

Pour l'avenir, Swiss Steel veut se concentrer sur ses activités principales en Suisse (Steeltec), la société française Ugitech ainsi la société allemande Edelstahlwerke. Selon M. Koch, cette stratégie devrait permettre de poser les bases de la rentabilité future.

A plus court terme, pour 2024, le groupe prévoit une amélioration progressive des bénéfices au premier semestre, suivie d'un second semestre plus solide.

La nominative Swiss Steel a terminé la séance de la Bourse suisse sur une chute de 3,3% à 85 centimes, l'indice élargi SPI cédant lui 0,12%.

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