Ajoute interview de Delphine Ernotte au Parisien au 3e paragraphe en partant de la fin du papier

MARSEILLE (awp/afp) - "C'est comme si une entreprise fermait", s'inquiète Catherine Lecoq, comédienne de la série télévisée "Plus belle la vie", qui après 18 ans de tournage à Marseille pourrait disparaître au grand dam des équipes et des fans des aventures du quartier du Mistral.

"J'en ai la chair de poule pour eux", s'émeut Marie Barbera, 52 ans, "fan à 200%" venue d'Aix-en-Provence au festival Canneseries pour obtenir un autographe de sa "chouchou", Anne Décis, et de trois de ses camarades (Nicolas Berger-Vachon, Marwan Berreni et Léa François) s'adonnant au jeu des dédicaces samedi.

"Je ne saurai plus quoi faire à 20H20", abonde Christine, 63 ans, dans une file d'attente de plusieurs dizaines de personnes.

Diffusée depuis août 2004, "PBLV", dont les audiences sont en baisse -plus de trois millions de téléspectateurs en moyenne en 2021 contre le double certains soirs en 2008- pourrait être supprimée des grilles de France3 avec la fin de contrat au 31 décembre qui unit le producteur Newen et France Télévisions.

Un avenir incertain qui inquiète les équipes de tournage de cette série enregistrée à un rythme effréné dans les studios du quartier de la Belle-de-Mai, près de la gare de Marseille, qui lui sont entièrement consacrés.

Environ 600 emplois par an en dépendent: "300 artistes et 300 techniciens parmi lesquels de nombreux intermittents du spectacle", estime Catherine Lecoq, déléguée régionale du Syndicat professionnel des artistes-CGT, comédienne ponctuelle de la série, installée à Marseille.

"+PBLV+, c'est un boulot stable, pérenne, qui a fait les beaux jours des techniciens installés dans la région", ajoute-t-elle, craignant que la série ne soit remplacée par un jeu beaucoup moins cher à produire.

"Hollywood"

Les tournages génèrent également des retombées économiques indirectes dans l'hôtellerie-restauration, avec notamment une estimation de 1.000 nuitées réservées par an pour les besoins de la série, selon l'Office du tourisme.

Mais au-delà, le succès acquis par la série, après des débuts timides, dans la France entière a permis à la ville de Marseille d'accéder à une nouvelle notoriété, même si elle est difficile à quantifier.

"Elle a rendu la ville sympathique et déjoué un certain nombre d'images négatives qui lui étaient accolées", souligne le président de l'Office du tourisme,Marc Thépot, qui a dû renoncer à l'organisation de visites des studios, initialement prévues pour le printemps au vu des menaces pesant sur la suite des péripéties des personnages télévisés.

Mais pas question pour autant de céder au pessimisme. "Marseille peut devenir le Hollywood du coin", estime M. Thépot, pour qui la ville est "en train de s'affirmer comme une place de cinéma" et dispose d'atouts lui permettant d'accueillir d'autres tournages.

Leur nombre a d'ailleurs triplé en dix ans à Marseille, selon la municipalité, devenant ainsi la deuxième terre d'accueil des équipes de film derrière Paris.

TF1 intéressé ?

Lors de sa visite en septembre, le chef de l'État Emmanuel Macron avait annoncé dans le cadre de son grand plan pour Marseille, qu'il "soutiendrait la modernisation du pôle médias de le Belle-de-Mai".

Le sort de la série s'est invité jusque dans la campagne présidentielle. "Plus belle la vie" est "une série citoyenne, quotidienne, qui a depuis 18 ans un vrai impact sur la vie des gens (...) et aborde des sujets de société importants dont on ne parlait pas ailleurs" (homosexualité, transsexualité, handicap), a lancé l'actrice Sophie de La Rochefoucauld sur la scène du meeting du candidat des Insoumis Jean-Luc Mélenchon dimanche dernier à Marseille.

Interrogée par le journal Le Parisien sur le devenir de la série, Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, a indiqué que "les discussions se poursuivent", sans autre détails, dans un entretien publié samedi soir.

Mais, en cas d'arrêt, la série, "marque" à "gros potentiel", "suscitera sans aucun doute un fort intérêt de l'ensemble du marché", des plateformes au groupe TF1 -dont Newen est une filiale-, a estimé son directeur des antennes, Xavier Gandon, auprès du site Puremedias.

"On paye déjà la redevance télé tous les ans. Si en plus il faut payer des abonnements pour la regarder, ce serait dommage", prévient toutefois Catherine Chevalier, 47 ans, fan cannoise.

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