Zurich (awp) - L'action Credit Suisse avait le vent en poupe mardi matin, suite à l'entrée au capital de l'investisseur activiste Rudolf Bohli. Via son fonds d'investissement RBR Capital, ce dernier a acquis une petite participation et milite désormais pour la scission du groupe en trois entités distinctes: une banque d'investissement, un gestionnaire de fortune et un gestionnaire d'actifs.

En raison de sa participation somme toute modeste de 0,2% au capital de la banque, l'investisseur devrait cependant avoir de la peine à imposer ses vues, estiment les analystes. Reste que l'arrivée de M. Bohli semble avoir été plutôt bien accueillie par le marché.

A 10h55, la nominative CS s'enrobait de 1,2% à 15,65 CHF, après avoir marqué un plus haut à 15,83 CHF et dans des volumes élevés. Près de 7,9 mio de titres avaient été échangés, soit les trois quarts de la moyenne journalière. Le SMI des valeurs vedettes reculait de 0,21%.

"Avec une part de 0,2%, M. Bohli ne devrait pas pouvoir faire de grandes manoeuvres, mais il sera en mesure d'influer sur le flux de nouvelles", commentent les analystes de la Banque cantonale de Zurich (ZKB). En raison de l'évolution latérale du titre, la direction du numéro deux bancaire helvétique reste sous pression. Les experts ne s'attendent toutefois pas à des bouleversements dans la structure du groupe à cause de RBR.

MANQUE DE VIABILITÉ

Andreas Venditti, de la banque Vontobel est d'avis que le modèle d'affaires préconisé par l'activiste Bohli ne serait pas viable. Interrogé par AWP, il a indiqué que ses calculs l'avaient amené à la conclusion qu'une banque d'investissement à elle seule n'aurait pas d'avenir. Au contraire, les géants de ce segment comme Goldman Sachs et Morgan Stanley sont actuellement en cours de diversification en direction du crédit et développent leurs activités avec les clients fortunés. Selon le spécialiste de Vontobel aussi, un pur gestionnaire d'actifs ne serait pas viable.

Reste à voir si les actionnaires de référence de CS comme Qatar Holding, Harris Associate ou BlackRock s'engageront dans la brèche ouverte par le bouillonnant Bohli. Ce n'est en tout cas pas ce qu'attendent les intervenants. Selon Andreas Venditti, l'actionnariat de CS est très fragmenté, ce qui n'est pas propice à l'action d'un investisseur activiste.

L'analyste estime que même si pour lui il s'agit essentiellement d'un emballement médiatique, cela ne veut pas dire que la banque n'aurait pas des choses à améliorer.

Rudolf Bohli est connu pour son influence en tant qu'investisseur activiste. Au début de l'année, il avait fait les gros titres lors de son entrée au capital du gestionnaire d'actifs GAM, demandant des changements au conseil d'administration et la destitution du directeur général (CEO) Alexander Friedman.

Il n'était pas parvenu à ses fins, mais avait toutefois obtenu que les juteuses rémunérations de la direction soient passées au crible. RBR a depuis mis fin à son engagement dans GAM, non sans empocher une coquette plus-value.

Avant cela, le fonds activiste avait acquis une participation dans Gategroup et s'était engagé en faveur du rapprochement du spécialiste du service à bord avec le conglomérat chinois HNA.

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