Zurich (awp/ats) - L'appréciation de la devise helvétique depuis janvier 2015 a coûté plus de 13 milliards de francs suisses à l'économie domestique, calculent les experts de Credit Suisse. La croissance devrait rester à la traîne cette année.

Les économistes du numéro deux bancaire suisse maintiennent leurs prévisions de progression du produit intérieur brut (PIB) à 1% en 2016. Depuis l'abandon du taux plancher, la croissance reste en retrait par rapport aux pays voisins, souligne mardi l'établissement dans son Moniteur Suisse. En 2017, il escompte une hausse de 1,5%.

Avec un cours de change euro/franc à 1,20 et dans le contexte observé dans la zone euro, le PIB national aurait progressé d'environ 2,3% entre le premier trimestre 2015 et le premier trimestre 2016, selon une simulation de Credit Suisse. C'est bien au-delà du taux de 0,7% publié par le Secrétariat d'État à l'économie (SECO).

Or, jusqu'à présent, les coûts de ce renchérissement ont été principalement supportés par les entreprises. Les bénéfices réalisés dans le pays n'ont jamais été aussi bas en dix ans. Ils sont même inférieurs d'environ 25% au niveau d'avant la crise financière.

CHÔMAGE STABLE

Sur la même période, la masse salariale globale s'est, elle, accrue de près de 2% par an. Pour Credit Suisse, il est probable que les entreprises vont tenter de faire des économies sur les coûts salariaux. Or, une réduction de la masse salariale - ou des effectifs - freinerait à son tour la consommation.

L'emploi devrait quant à lui croître moins vite au cours des prochains mois, vu la pression sur les coûts aussi pour les branches non exportatrices. Les experts de la banque s'attendent à voir stagner le taux de chômage au niveau actuel de 3,5% jusqu'à fin 2016, avant une reprise progressive en 2017.

Les perspectives moroses sur le marché du travail ont d'ailleurs ralenti l'immigration en Suisse au premier trimestre (-10%). Dans l'autre sens, l'éclaircie dans le ciel européen a favorisé l'émigration (+11%). En conséquence, la consommation privée devrait aussi perdre de sa vigueur (+1% en 2016).

La remontée des cours du pétrole et la hausse des tarifs aériens font que le renchérissement n'est plus aussi négatif qu'en début d'année. Mais pour près de 40% des biens et services du panier de la ménagère, les prix ont reculé. Sur l'ensemble de l'année, Credit Suisse prévoit toujours un taux d'inflation moyen de -0,5%.

ats/rp