Ebikon (awp) - Le groupe Schindler a vu ses ventes et sa rentabilité s'améliorer au premier semestre, malgré la contraction du marché au niveau mondial. La direction a revu à la baisse ses ambitions annuelles, au grand dam des analystes. Quant aux investisseurs, beaucoup ont préféré empocher leurs bénéfices ce qui a valu au titre Schindler un passage par le sous-sol.

Le fabricant d'ascenseurs et escaliers mécaniques a dégagé un bénéfice net de 372 mio CHF, en hausse de 3,9%. Les entrées de commandes se sont étoffées de 2,1% pour atteindre 5,08 mrd, alors que le marché mondial est en recul, indique un communiqué diffusé mardi.

Le chiffre d'affaires a progressé de 3,4% à 4,65 mrd CHF, alors que le résultat avant intérêts et impôts (Ebit) est ressorti à 504 mio, soit 5,9% de mieux qu'en 2015, pour une marge afférente de 10,9%, en progression de 30 points de base (pb).

Hormis les entrées de commandes, attendues à 5,06 mrd CHF, la performance du groupe lucernois est légèrement inférieure à la moyenne des projections des analystes consultés par AWP.

Au 30 juin, le carnet de commandes de Schindler s'établissait à 9,91 mrd CHF, en hausse de 5,8% par rapport à fin décembre 2015. Le groupe a renforcé sa présence en Chine moyennant l'achat d'une participation minoritaire dans Volkslift Elevator (China), sous réserve d'approbation des autorités locales compétentes.

Sur le seul 2e trimestre, les entrées de commandes se sont étoffées de 3,2% sur un an à 2,62 mrd CHF, le chiffre d'affaires de 4,8% à 2,47 mrd, et l'Ebit de 5,9% à 269 mio.

En raison d'une performance financière négative de 22 mio CHF, le résultat avant impôts accuse une légère contraction (-2,8%) à 247 mio CHF, alors que le bénéfice net reste stable à 190 mio.

MARCHÉ GLOBAL EN DIFFICULTÉ

Pour le reste de l'exercice, la direction s'attend à une contraction globale du marché, en raison essentiellement de la santé souffreteuse de la conjoncture en Chine et en Amérique latine. La croissance devrait en revanche être au rendez-vous dans le reste de l'Asie, en Europe et en Amérique du nord.

"Je m'attends à un recul compris entre 5 et 7%", a déclaré mardi lors d'une téléconférence le CEO du groupe lucernois, Thomas Oetterli. Il a cependant ajouté qu'il ne craignait pas un effondrement, mais au contraire une décélération du mouvement.

Le patron de Schindler évoque également une forte pression sur les prix dans l'Empire du Milieu. Une hausse des volumes, une meilleure efficience et de nouveaux produits devraient cependant permettre d'éviter l'érosion des marges dans les activités chinoises.

De son côté, le directeur financier (CFO) Erich Ammann s'est dit confiant de compenser au 2e semestre la baisse des ventes constatée en Chine, malgré le marasme conjoncturel. Selon lui, la raison principale pour le recul du chiffre d'affaires est le fait que les clients hésitent à se faire livrer des commandes passées.

AMBITIONS RABOTÉES

Le groupe a légèrement raboté ses objectifs annuels en termes de ventes, tablant désormais sur une croissance de 3 à 5% en monnaies locales (ML), contre 3 à 7% précédemment. Le bénéfice net est lui attendu dans une fourchette de 750 à 800 mio CHF.

Dans leurs commentaires, les analystes saluent une performance semestrielle qualifiée solide, notamment la progression des entrées de commandes ont progressé malgré la faiblesse conjoncturelle en Chine.

"La bonne acceptation des produits a permis à Schindler de progresser en Chine dans tous les segments en termes d'unités vendues", relève l'analyste de Baader Helvea. UBS relève pour sa part le carnet de commandes bien fourni du groupe lucernois, comparé avec la concurrence.

Les experts pointent du doigt les coûts de restructuration, plus élevés que prévu, qui ont plombé bénéfice net et Ebit. La Banque cantonale de Zurich (ZKB) rappelle que ceux-ci vont encore peser sur les résultats futurs.

Vontobel souligne que l'amélioration des marges n'a pas répondu aux attentes, en raison notamment de la pression sur les prix et de l'essoufflement des marchés chinois et d'Amérique latine.

Le rabotage de l'objectif de croissance passe mal auprès des spécialistes, et les ambitions de la direction en termes de bénéfice net (750-800 mio CHF) ont aussi fait froncer plus d'un sourcil d'analyste, la plupart s'attendant à un chiffre nettement supérieur à 800 mio CHF.

Presque tous les instituts comptent réajuster leurs estimations. UBS, Vontobel et ZKB campent sur leurs recommandations neutres, alors que Baader Helvea et Kepler Cheuvreux continuent de recommander le titre à l'achat.

A la Bourse suisse, le bon de participation Schindler a perdu 4,4% à 187,30 CHF, alors que son indice de référence (SLI) s'est replié de 0,89%.

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