C'est le Washington Post, ancien propriétaire, qui a révélé l'information : Sidney Harman a racheté Newsweek pour un dollar ! Si le prix peut sembler dérisoire, voire insultant pour le célèbre magazine, il faut bien dire que ce dernier accumule les déboires. Entre 2008 et 2009, il a perdu 15% de son lectorat et 39% de ses recettes publicitaires. L'année dernière, Newsweek a aussi enregistré la bagatelle de 30 millions de dollars de pertes.

Mais ce n'est pas tout. Le Washington Post s'est également engagé à éponger un passif de 10 millions de dollars et à assurer la pérennité du régime de retraite des employés. Pour le journal de la capitale, il était donc temps de se séparer d'un si encombrant fardeau. Propriétaire de Newsweek depuis 1961, le Post cherchait à vendre depuis mai, et il n'a pas fait la fiche bouche...

La première expérience de Sidney Harman dans la presse l'excite en tout cas au plus haut point. « Malgré mon âge [92 ans], j'apporte mon énergie et une nouvelle approche (...) En tant qu'homme d'affaires expérimenté et reconnu, j'ai un respect fondamental pour le rôle du journalisme dans nos sociétés », a-t-il confié au Wall Street Journal.

Les journalistes ont des doutes...
Montrer patte blanche aux équipes en place (qu'il s'est engagé à conserver) n'est pas une facilité de langage ni une mince affaire. Harman est en effet confronté à une véritable fronde de ses journalistes. Une pointure comme Jon Meacham, directeur de la rédaction depuis 2009, a été le premier à quitter le navire, vite suivi par le chroniqueur vedette, Fareed Zakaria, et Mark Miller, directeur éditorial et patron de la version électronique de Newsweek.

En fait, les premiers mots du nouveau patron ont été pour réclamer aux journalistes moins d'opinions et plus d'enquêtes, un domaine qui a construit la réputation du magazine. Aujourd'hui, Newsweek est de fait en perte de vitesse, surclassé par son concurrent de toujours, Time, journal qu'a d'ailleurs rejoint Zakaria.

Dans un entretien au Wall Street Journal, Sidney Harman a expliqué qu'il se donnait trois ans pour redresser sa dernière acquisition et la ramener vers des terrains (le grand reportage et l'analyse) qui ont fait son lustre d'antan. Pour mener à bien son projet, on parle d'ailleurs de plus en plus d'un partenariat avec The Daily Beast, site d'information d'IAC/InterActiveCorp, le groupe de médias de Barry Diller.