(Actualisation: précisions sur les motifs du rebond des valeurs bancaires)

Les valeurs bancaires de la zone euro bondissent jeudi en Europe, prenant la tête d'un vaste rebond des marchés actions européens.

L'indice Euro Stoxx Banks progressait de 2,2% peu avant 15h00 à la Bourse de Londres. Le titre Credit Suisse (>> Credit Suisse Group AG) s'envolait de 7,4%, tandis que Deutsche Bank (>> Deutsche Bank AG) s'adjugeait 4,2% et que Barclays avançait de 6%. A Paris, l'action Société Générale prenait 4,1%, tandis que sa rivale BNP Paribas gagnait 2,5%.

Cette hausse fait suite à un bond encore plus marqué des valeurs bancaires japonaises. Les actions des grandes banques nippones se sont envolées de 8,8% jeudi pendant les échanges en Asie, dépassant ainsi leurs niveaux d'avant l'élection présidentielle américaine.

Selon les analystes, le rebond repose sur deux éléments essentiels : une forte progression des rendements des obligations à maturité longue, qui pourrait présager des hausses de taux d'intérêt, et la possibilité d'une évolution majeure des perspectives réglementaires pour le secteur financier mondial.

Les investisseurs parient sur le fait que la refonte de la réglementation bancaire, engagée à l'initiative des Etats-Unis, pourrait être édulcorée après l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis.

L'Europe a une chance de se faire entendre sur Bâle IV

Les banques européennes, soutenues par les responsables politiques locaux, se plaignent que les nouvelles règles dites "Bâle IV" les pénaliseront de manière injustifiée en les obligeant à augmenter leurs réserves de fonds propres.

Cependant, l'avenir d'un des principaux défenseurs de Bâle IV, le gouverneur de la Réserve fédérale (Fed) Daniel Tarullo, est incertain, affirment des analystes. Les investisseurs estiment que pour faire rapidement adopter les réformes, Daniel Tarullo devra céder aux requêtes de l'Europe visant à alléger les propositions, ce qui constituerait une aubaine pour les grandes banques d'investissement telles que Deutsche Bank, UBS et Barclays, dont les actions se redressent jeudi.

La hausse des taux longs est de bon augure

Le rebond des valeurs bancaires s'appuie en outre sur la hausse des rendements obligataires en Europe, notamment ceux des titres de dette à long terme. Le rendement du Bund allemand à 30 ans a atteint 0,9% jeudi matin en Europe, contre moins de 0,4% courant juillet.

La progression des rendements des obligations à longue échéance représente généralement une bonne nouvelle pour les banques, dont le modèle d'entreprise est basé sur l'emprunt de fonds à court terme et à taux bas pour pouvoir accorder des crédits à long terme à des taux plus élevés.

Selon certains analystes, la hausse des rendements fait écho à la victoire inattendue de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine et à sa promesse d'augmenter les investissements dans les infrastructures.

"Nous pensions que les banques seraient pénalisées par une vague d'aversion aux risques en cas de victoire de Donald Trump. Mais si [une présidence Trump] implique une hausse des rendements et une éventuelle réforme réglementaire, alors elle pourrait s'avérer positive sur le long terme", écrit Bank of America Merrill Lynch dans une note d'analyse.

-Mike Bird et Max Colchester, Dow Jones Newswires

(Version française Aurélie Henri) ed: VLV

Valeurs citées dans l'article : Credit Suisse Group AG, Deutsche Bank AG