Le 4 avril dernier, nous faisions le point de la situation dans ces mêmes colonnes. Voir Paramount : La ruée sur les actifs du divertissement se poursuit.

A ce stade, trois candidats se sont manifestés en l’espace de quelques semaines : le fonds de private equity Apollo, le magnat des médias Byron Allen, ainsi que Skydance Media — dirigé par le fils de Larry Ellison, et épaulé de KKR pour cette opération.

L’offre d’Apollo, qui à première vue aurait valu aux actionnaires de classe B un cours de rachat entre $17 et $19 par action au minimum, a semble-t-il été écartée par le conseil d’administration de Paramount. 

Des rumeurs soutiennent en effet que l’offre du fonds new-yorkais aurait été étonnement « légère », c’est-à-dire sans financements assurés, conditionnée à toutes sortes de provisions, et pas encore approuvée par les associés décisionnaires. 

La proposition de Byron Allen, président et fondateur de Entertainment Studios, aurait valu aux actionnaires de classe B un cours de rachat de $21. Elle aussi a manifestement été écartée par le conseil d’administration de Paramount. 

Du reste, certains analystes ont manifesté leurs réserves sur la capacité de Byron Allen à réunir les financements nécessaires, tandis que d’autres observateurs mettaient en exergue quelques zones d'ombre dans sa stratégie pour les actifs de Paramount. 

Skydance émerge donc comme le candidat le plus crédible à ce stade, mais selon quels termes ? A en juger par les premiers éléments qui ont fuité dans la presse, Skydance et KKR feraient l’acquisition de la totalité des titres de classe A détenus par Shari Redstone à un cours d’au moins $30 par action. 

Le groupe procéderait ensuite à une augmentation de capital dilutive pour les actionnaires de classe B, auquel il participerait en vue de désendetter le bilan. Voici ce qui explique que le cours du titre de classe A ait bondi, tandis que le cours du titre de classe B diminuait. 

Surgit alors le risque d’un véritable imbroglio juridique. En effet, si l’offre de Skydance aboutissait selon ces termes, les actionnaires historiques de Paramount qui détiennent les titres de classe B ne manqueront pas de poursuivre les administrateurs du groupe pour avoir manqué à leur devoir fiduciaire, notamment en rejetant les offres d’Apollo et de Entertainment Studios. 

Par ailleurs, certains soutiennent qu’un rachat — même partiel — par Skydance qui impliquerait une prise de contrôle l’obligerait à traiter les actionnaires de classe A et de classe B a égalité. Aux Etats-Unis, le débat fait rage chez les experts en droit des fusions-acquisitions, chaque partie produisant diverses jurisprudences qui plaident en leur sens. 

Parmi les investisseurs les plus astucieux et les mieux informés de la situation, on note que Warren Buffett a significativement allégé sa participation en titres de classe B ; et que celui qu’on présente souvent comme « son banquier d’affaires préféré », Byron Trott, président de BDT, a récemment investi dans la holding familiale de Shari Redstone sans s’impliquer directement au capital de Paramount.