Ça y est, les investisseurs étasuniens commencent à avoir un peu plus peur de la récession que de tout le reste, ce qui se matérialise dans le parcours des actions à Wall Street. Le Nasdaq 100 a perdu -1% pour une troisième séance consécutive dans le rouge et le S&P500 -0,25% hier. Le Dow Jones (+0,24%) a surnagé grâce à son gros contingent de valeurs défensives, en particulier dans la santé (Johnson & Johnson, UnitedHealth, Merck et Amgen ont toutes gagné plus de 2%). Hier, les statistiques hebdomadaires de l'emploi étaient plus dégradées que prévu et les deux indices jumeaux du moral des troupes dans les services, le PMI et l'ISM, sont ressortis nettement moins dynamiques que ce qui était pronostiqué. Si je résume, deux des trois bastions de la résistance américaine, à savoir le marché du travail et l'activité dans le tertiaire, sont en train de souffrir. Le troisième est la confiance des ménages, qui est le principal marqueur de la consommation. A mon avis, l'indice préliminaire de la confiance des consommateurs de l'Université du Michigan, qui sera publié dans huit jours, vaudra son pesant de hamburgers. Mais auparavant, dès demain en fait, les chiffres officiels de l'emploi sur le mois de mars permettront déjà d'avoir une forme de confirmation de la dégradation en cours sur le marché du travail. Dans une relative mais momentanée indifférence, puisque Wall Street sera fermée pour un jour férié.

En Europe, c'était un peu le bazar en clôture hier. Les indices les plus cycliques comme le DAX allemand (-0,5%) et le CAC français (-0,4%) ont perdu un peu de terrain. Ceux plus défensifs comme le SMI (+0,4%) s'en sont mieux tirés. Mention spéciale à l'IBEX, qui a gagné 0,8% grâce au secteur de l'énergie, aux télécoms et à Inditex. Mais globalement, on reste là aussi dans une certaine forme d'attentisme, histoire de voir comment tourne le vent monétaire aux Etats-Unis.

La crainte d'un atterrissage économique en catastrophe a donc pris le dessus sur l'espoir que la banque centrale américaine sera forcée de renoncer à sa politique restrictive. Mais on ne chasse pas le naturel aussi facilement donc il se pourrait qu'une avalanche de statistiques macroéconomiques adverses fasse plier la détermination de la Fed et réveille la libido des investisseurs. Il y a bien sûr la question de l'inflation au milieu de tout ça, sinon les marchés auraient déjà inscrit les baisses de taux à venir dans le marbre. Pour l'instant, ils se contentent de parier contre la banque centrale américaine : je disais hier que le swaps laissaient présager une baisse de taux de 75 points d'ici la fin de l'année. Mais depuis la triple statistique inquiétante de la veille, le curseur est passé à 100 points. La posture belliqueuse de la Fed risque d'être plus difficile à tenir dans les semaines qui viennent.

Mais quittons ce bras de fer entre le marché et la banque centrale pour aborder un sujet plus sérieux, le chocolat. C'est presque Pâques, donc je propose de parler de sociétés cotées qui font du chocolat, histoire de terminer la semaine en beauté. Parce que c'est la dernière séance de la semaine sur de nombreux marchés, comme je l'évoquais plus haut. Les financiers font relâche demain aux Etats-Unis, en France, en Allemagne ou au Royaume-Uni. Et nous aussi. En attendant, voici quelques sociétés goûtues accompagnées d'anecdotes savoureuses. A moins que ce ne soit le contraire.

A tout seigneur, tout honneur, on démarre avec Lindt & Sprüngli, qui est probablement la société cotée spécialisée dans le chocolat la plus réputée. L'entreprise suisse est à ma connaissance celle dont l'action principale est la plus chère à l'échelle européenne : 108 600 CHF à la clôture hier soir. Pour le petit peuple, Lindt a émis un certificat plus abordable mais dépourvu de droit de vote. Il vous en coûtera quand même la bagatelle de 10 910 CHF pièce.

On reste en Suisse avec Barry Callebaut. Enfin en Suisse, il faut le dire vite. Un Belge vous dirait que Callebaut est une fierté nationale et un Français vous rappellerait que Cacao Barry, c'est la France éternelle. Mais dans le cadre de la fusion belgo-française, le siège a été établi à Zurich, dans la Confédération du chocolat et des avantages fiscaux. Barry Callebaut est un fournisseur de cacao en gros, en particulier à l'industrie de la confiserie et de la pâtisserie. On lui doit il y a quelques années le chocolat ruby, naturellement rose, qui est la première nouvelle déclinaison de chocolat depuis l'arrivée du chocolat blanc il y a près d'un siècle, aux dires de la société.  

Je fais un rapide crochet par quelques mastodontes avant d'aborder des entreprises plus originales. Nestlé possède une grosse division confiserie dans laquelle on retrouve KitKat, Smarties, Quality Street ou Nesquik. Même genre de leadership avec l'américain The Hershey, dont les produits sont moins connus dans l'hexagone, hormis peut-être via Cadbury. En Asie, les noms les plus fameux sont Lotte Confectionery en Corée du Sud et Meiji au Japon. Du côté des petits acteurs, je citerai Hotel Chocolat, une entreprise cotée à Londres qui produit et vend du chocolat haut de gamme. Elle possède sa propre plantation et un hôtel attenant à Sainte-Lucie. Si vous aimez les marchés émergents, la société turque Ülker est une vedette locale de la confiserie. Elle commercialise notamment une gamme de chocolat baptisée "Metro", très populaire dans le pays. Enfin du côté des micro-capitalisations, Rocky Mountain Chocolate est une entreprise du Colorado qui produit des chocolats et des yaourts vendus dans un vaste réseau de franchisés aux Etats-Unis. Elle est notamment connue pour ses pommes d'amour chocolatées.

Pour revenir à ses sujets plus futiles, la présidente de Taiwan a été reçue hier aux Etats-Unis par le président de la chambre des représentants, Kevin McCarthy, ce qui irrite évidemment la Chine. Il ne reste plus qu'à espérer que Xi Jinping ne passera pas ses nerfs sur Emmanuel Macron et Ursula Von der Leyen, qu'il rencontre aujourd'hui à Pékin pour se rabibocher avec l'UE, et plus si affinités.

Le coup de spleen des investisseurs américains affecte le parcours des actions d'Asie Pacifique ce matin. Tokyo termine en baisse de 1,3%, pendant que la Chine perd 0,3% à Shanghai et à Hong Kong. La Corée du Sud souffre avec le Nasdaq, en retrait de 1,4%. L'ASX 200 australien s'effrite de 0,4% après une série de petites hausses. Les indicateurs avancés européens se comportent un peu comme la veille, puisqu'ils hésitent autour de l'équilibre en préouverture. Le CAC40 gagne 0,08% à 7322 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

La production industrielle allemande de février (8h00) précèdera les inscriptions hebdomadaires au chômage américain (14h30). Tout l'agenda ici. Cette nuit, la banque centrale indienne a maintenu son principal taux directeur inchangé à 6,5%, comme prévu. En parallèle, l'indice Caixin des Services chinois en mars a accéléré à 57,8 points, au-dessus des attentes.

L'euro a reperdu un peu de terrain à 1,0890 USD. L'once d'or se négocie autour de 2010 USD. Le pétrole recule légèrement avec un Brent de Mer du Nord à 84,06 USD le baril et un brut léger américain WTI à 79,67 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans baisse encore à 3,29%. Le bitcoin évolue autour de 28 100 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Accor : Stifel passe de conserver à acheter en visant 35 EUR.
  • BMW : Goldman Sachs passe d'acheter à neutre en visant 109 EUR.
  • Ceres Power : Goodbody démarre le suivi à l'achat en visant 542 GBp.
  • Comet : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 284 à 280 CHF.
  • DiaSorin : Morgan Stanley reste à souspondérer avec un objectif de cours réduit de 91 à 86 EUR.
  • Ferrari : Goldman Sachs passe de vendre à neutre en visant 283 USD.
  • Givaudan : J.P. Morgan passe de souspondérer à neutre avec un objectif de cours relevé de 2840 à 3100 CHF.
  • Grenke : Deutsche Bank passe de conserver à acheter en visant 33 EUR.
  • ITM Power : Goodbody démarre le suivi à vendre en visant 61 GBp.
  • Novo Nordisk : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 810 à 950 DKK.
  • RS Group : Exane BNP Paribas démarre le suivi à neutre en visant 1000 GBp.
  • Sodexo : Deutsche Bank reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 105 à 113 EUR.
  • Spirent : Goldman Sachs passe de vendre à neutre en visant 170 GBp.
  • Swiss Life : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 624 à 701 CHF.
  • Symrise : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 115 EUR.
  • UBS : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 35,60 à 32,40 CHF.
  • Universal Music Group : Exane BNP Paribas passe de surperformance à sousperformance en visant 19 EUR.
  • Zurich Insurance : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 544 à 530 CHF.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Bruxelles reporte sa décision sur le rachat de Lagardère par Vivendi au 14 juin.
  • Bouygues Telecom débouté de sa demande d'arrêt de l'exécution provisoire dans le contentieux avec Free Mobile.
  • TotalEnergies élargit "momentanément" le blocage des prix à la pompe à 1,99 EUR par litre.
  • Engie n'a pas encore commandé le combustible nécessaire à la prolongation de Doel 4 et Tihange 3, faute d'accord avec la Belgique. Par ailleurs, le groupe lance la construction du parc éolien en mer des Iles d'Yeu et de Noirmoutier.
  • Orange émet 1 Md€ d'obligations hybrides.
  • ArcelorMittal, VEO et McPhy vont construire une usine pilote d'électrolyse à Eisenhüttenstadt.
  • Axa place 1 Md€ d'obligations subordonnées à échéance 2043.
  • Trigano en négociation exclusive pour l'achat du groupe Alonso, distributeur de camping-cars dans l'ouest de la France.
  • Savencia s'offre l'argentin Williner.
  • Florentaise lève finalement 17,9 M€ bruts lors de son IPO à 9,44 EUR l'action.
  • Hopscotch investit dans AD Crew.
  • Les cofondateurs d'Aramis se renforcent au capital.
  • L’Agence Nationale de Recherche sélectionne le projet hErOiSme proposé par un consortium de recherche en vue de développer une nouvelle molécule pour le traitement du choc hémorragique avec Zeneo (Crossject).
  • Hopium évoque des "caractéristiques inégalées" pour sa pile à hydrogène.
  • DBT vise 50 M€ de revenus en 2025.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Akwel, Eurobio, Mastrad, Ceram, Hunyvers, Cogra, Carbios

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • AbbVie : annonce une baisse de son bénéfice ajusté au 1er trimestre en raison des dépenses de recherche et développement, et révise ses perspectives pour 2023.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • La Suisse annule ou réduit les primes des principaux dirigeants du Credit Suisse.
  • Ford promet une réduction drastique de la complexité de ses modèles dans les années à venir.
  • Vodafone réfléchirait à l'avenir de sa filiale espagnole, selon Bloomberg.
  • Inditex (Zara) reçoit le feu vert pour vendre ses activités russes au groupe Daher.
  • SAS AB lance un appel d'offres dans le cadre de sa procédure de faillite.
  • KKR s'apprête à prendre une participation dans le groupe de communication FGS Global, selon le FT.
  • MicroStrategy achète 1 045 bitcoins supplémentaires et en détient désormais environ 140 000.
  • Allianz n'a pas l'intention de renouveler la police Nord Stream 1.
  • Peter Spuhler et Martin Haefner achètent chacun 7% des actions des actions Rieter auprès de Luc Tack.
  • Boeing reprend les livraisons des B767 après une pause de trois mois.
  • Les principales publications du jour : Constellation Brands, Lamb Weston, Levi Strauss, GerresheimerTout l'agenda ici.

Lectures