Finalement, la journée d'hier était encore plus éreintante que prévu. Non seulement les publications de résultats d'entreprises tombaient dru. Ça c'était prévu. Mais en plus un incendie s'est déclaré dans le centre de données qui héberge les serveurs de Zonebourse en région parisienne en fin de nuit. C'était moins attendu. Le sinistre a pu être circonscrit mais le réseau n'a été rétabli que tardivement en début d'après-midi, une fois les vérifications de sécurité réalisées. Il a fallu aussi refroidir les salles serveurs. Notre matériel, situé dans les étages, a fort heureusement, échappé aux flammes. D'où un accès abominable à nos sites, voire pas d'accès du tout hier pendant la moitié de la journée. Et pas d'accès non plus à une partie de nos outils de backoffice, si bien que ça cancanait sévère dans la rédaction en matinée.

Un des canetons m'a d'ailleurs aidé à compléter la rubrique #entenduàlarédac. Je vais vous faire part de la discussion que nous avons eue au sujet du parcours boursier récent de Teleperformance, parce qu'elle vous intéressera peut-être. Si ce n'est pas le cas, et pour patienter, je vous mets un lien vers un mythique morceau de ukulélé, ou un épisode de l'inspecteur Derrick (ATTENTION, certaines scènes peuvent heurter la sensibilité des jeunes spectateurs).

Donc l'objet de la discussion portait sur la chute de Teleperformance à l'annonce de l'OPA amicale sur Majorel, financée en partie en actions. Un des canetons trouvait la chute un peu sévère et pas totalement rationnelle compte tenu des caractéristiques de l'opération. Il se désolait d'ailleurs du parcours de l'action depuis quelques temps. La discussion a fini par glisser sur les mérites et les torts de Sartorius Stedim Biotech, un autre dossier malmené dernièrement. En tant que vilain petit canard en chef, j'ai fini par dégainer mon argument préféré, la narration.

On a beau avoir tous les ratios, toutes les métriques et toutes les statistiques du monde, il y a toujours un moment où une action, pour progresser, se doit d'être en phase avec l'histoire que le marché se raconte à son sujet. Pour Teleperformance, c'est une longue histoire d'ascension régulière sans accroc avec un modèle économique sécurisant. La "découverte" de controverses sur l'activité il y a quelques mois a dégradé la narration et la confiance en rappelant que la star française est avant tout un opérateur de centre d'appels, même si sa signature est "nous sommes une entreprise mondiale de services numériques aux entreprises". Est-ce que c'est grave ? Pas forcément, par rapport au parcours de long terme du dossier. Mais ça a modifié le point de vue du marché, en rendant le titre plus volatile et nettement moins prévisible.

Le cas Sartorius Stedim Biotech est un peu différent, mais le fond de l'affaire est identique. SSB est une autre success-story, qui s'est bâtie sur un modèle économique de haute qualité et une gestion remarquable. Les caractéristiques de son histoire boursière sont des dépassements permanents d'objectifs et une impression que le ciel est la seule limite. C'est la raison pour laquelle le dossier est si richement valorisé et qu'il a longtemps figuré dans tout bon portefeuille de gérant européen à la recherche de sociétés prometteuses de grande qualité. Le revers de la médaille, c'est que les déceptions se paient cash. Si la société ne dépasse plus ses prévisions, les marchés sont déçus. Si cela se reproduit à plusieurs reprises, ils sont inquiets. Et quand les résultats baissent, même momentanément, ils retournent leur veste. C'est ce qu'il se passe actuellement parce que l'histoire d'origine n'est plus en phase avec la réalité. Là encore, l'investisseur de long terme ne devrait pas trop s'en faire. Je pourrais décliner ces explications pour pas mal d'autres titres consensuels. J'y ajoute Eurofins, puisqu'on y est, qui en est aussi à un nouveau chapitre de son histoire et qui doit reconnecter son modèle et ce que le marché se fait de l'idée de son modèle. Si vous doutez de cette sorte de consanguinité narrative, regardez le comportement graphique de ces actions depuis un moment : elles évoluent sur des tendances similaires assez loin des moyennes indicielles. Je l'illustre avec le parcours 2023 des actions précitées (retrouvez quelques éléments aussi ici).

Trois
Consanguinité ?

Sur les marchés actions, la semaine est vraiment morose dans un contexte de publication de centaines de résultats trimestriels d'entreprise. La seule éclaircie vient des grosses valeurs technologiques américaines, qui permettent au Nasdaq de briller. Les chiffres solides de Microsoft et d'Alphabet avant-hier soir ont garanti un gain de 0,6% au Nasdaq 100 hier, alors que le S&P500 lâchait 0,4%, tourmenté par ses financières et ses énergétiques. Hier soir, Meta Platforms a confirmé les bonnes dispositions entrevues chez Microsoft et Alphabet la veille. De quoi donner un peu de baume au cœur à des investisseurs qui craignent à nouveau les faillites bancaires alors que la First Republic a encore perdu 30% hier. La situation a même fait baisser les paris de hausse de taux de la Fed la semaine prochaine à 73%, contre 85% la semaine dernière. Il y a aussi quelques crispations autour du fameux plafond de la dette américaine, avec des tractations intenses à Washington.

Côté sociétés, grosse journée d'annonce de résultats en Europe et aux Etats-Unis. Au chapitre des curiosités, il faut aussi noter le recours en justice déposé par Walt Disney en Floride contre le gouverneur Ron DeSantis, que le groupe accuse d'une sorte de vendetta politique à son encontre. Par ailleurs, les ambitions de Microsoft dans le jeu vidéo sont singulièrement menacées par le veto opposé par l'antitrust britannique au rachat d'Activision Blizzard. L'agenda économique est centré sur la publication du PIB américain du 1er trimestre – c'est sa première estimation – à 14h30.

Le parcours des actions est mitigé sur les marchés déjà clos ou en fin de parcours. Tokyo a perdu -0,05% en clôture et Sydney -0,4%. La Chine, l'Inde, Hong Kong et la Corée du Sud affichent des gains modestes. Les indicateurs avancés européens sont négatifs malgré les chiffres de Meta et le vert clair qui domine sur les "futures" US. Le CAC40 a démarré en baisse de 0,25% à 7448 points.

Les temps forts économiques du jour

Les deux statistiques qui retiendront l'attention sont le PIB américain du T1 2023 dans sa première estimation et les inscriptions hebdomadaires au chômage (14h30). Tout l'agenda ici.

L'euro rebondit à 1,1050 USD. L'once d'or est stable à 1999 USD. Le pétrole souffre, avec un Brent de Mer du Nord à 77,92 USD le baril et un brut léger américain WTI à 74,43 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans atteint 3,44%. Le bitcoin se négocie 28 150 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Aker Carbon Capture : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 20 à 18 NOK.
  • Amplifon : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif de cours relevé de 36,30 à 39,50 EUR.
  • Beiersdorf : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 142 à 149 EUR.
  • Dassault Systèmes : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 38,50 EUR.
  • EasyJet : J.P. Morgan passe de souspondérer à neutre en visant 530 GBp.
  • EDP Renovaveis : Bestinver passe d'acheter à conserver en visant 20,75 EUR.
  • Feintool : Baader Helvea démarre le suivi à accumuler en visant 27 CHF.
  • Fodelia : Inderes passe d'alléger à accumuler en visant 5,20 EUR.
  • Getinge : DNB Markets passe de conserver à acheter en visant 295 SEK.
  • Kuehne + Nagel : UBS reste neutre avec un objectif de cours relevé de 238 à 254 CHF.
  • MIPS : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 500 à 600 SEK.
  • SES : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 9,20 à 8,70 EUR.
  • Smith & Nephew : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 1350 GBp.
  • Teleperformance : Stifel passe d'acheter à conserver en visant 220 EUR.
  • Tryg : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 155 à 160 DKK.
  • Unibail : Goldman Sachs reprend le suivi à neutre en visant 61 EUR.
  • Wärtsilä : SEB Equities passe de conserver à acheter en visant 12,10 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Air Liquide : chiffre d'affaires en hausse de 4,2% au T1.
  • Alten : le chiffre d'affaires est dynamique au T1 et permet de confirmer les prévisions.
  • Michelin : les revenus du T1 reculent mais les prévisions 2023 sont confirmées.
  • Eramet : réduit son objectif d'Ebitda ajusté pour 2023 après un repli des revenus au T1.
  • Ipsen : confirme ses prévisions de chiffre d'affaires pour l'exercice 2023.
  • Pernod Ricard : le chiffre d'affaires au troisième trimestre est en deçà des attentes, le résultat opérationnel courant vu en baisse.
  • Sanofi : confirme ses objectifs annuels après un bon premier trimestre.
  • Schneider : relève ses objectifs pour 2023 après une hausse des ventes au T1.
  • Soitec : pour l’exercice 2023-2024, le chiffre d’affaires est attendu à un niveau stable et la marge d’EBITDA devrait se maintenir à environ 36%.
  • STMicroelectronics : publie des résultats supérieurs aux attentes pour le premier trimestre.
  • TotalEnergies : bénéfices en baisse et nouveau programme de rachat d'actions en vue.
  • Unibail : objectifs confirmés après le T1 de la foncière commerciale.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • BBVA : bénéfice en forte hausse (+39%) au 1er trimestre.
  • Barclays : affiche un bénéfice supérieur aux attentes au T1.
  • BASF : affiche un bénéfice net en hausse au premier trimestre, mais des ventes en baisse.
  • Delivery Hero : prévoit une croissance de la valeur marchande brute de 5 à 7% en 2023.
  • eBay : les résultats trimestriels sont bien accueillis. +2,6% hors séance.
  • London Stock Exchange : réaffirme ses prévisions pour 2023.
  • Meta Platforms : les perspectives du T2 sont solides. +11% hors séance.
  • Samsung : les bénéfices du T1 sont légèrement inférieurs aux attentes.
  • Unilever : les ventes au T1 meilleures que prévu grâce à la hausse des prix.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures