Finalement, les marchés actions n'ont pas été tellement impressionnés par la prophétie auto-réalisatrice d'un ralentissement de l'inflation aux Etats-Unis. Sans doute parce qu'une fois de plus, la situation n'est ni blanche, ni noire, mais plutôt grisée. Je m'explique. Le Bureau of Labor Statistics a indiqué hier que la hausse des prix a freiné, si l'on peut dire, à 5% en mars sur un an. Cela reste conséquent mais c'est la hausse la plus faible des deux dernières années. Qui plus est, elle est légèrement inférieure à ce qui était attendu. C'est ce qui a fait réagir très positivement hier les marchés actions au moment de l'annonce.

Une réaction rapidement sabrée par un petit retour de bâton parce que l'inflation de base ("core inflation", soit la hausse des prix hors énergie et alimentation) a été donnée à 5,6% sur un an. C'est conforme à ce qui était attendu en l'occurrence, mais cela montre aussi que les prix sont toujours sur la pente ascendante. C'est d'ailleurs cette inflation de base que regarde la Fed, qui la juge probablement encore un peu trop vigoureuse. Ce qui laisse penser que la banque centrale va dérouler la suite de son programme de relèvement des taux en donnant un tour de vis de 25 points de base, peut-être le dernier du cycle, lors de la réunion du 3 mai. Exprimé autrement, le marché action se serait probablement enflammé pour une bonne nouvelle du côté de l'inflation de base, mais il se retrouve avec une donnée plus ou moins neutre, d'où une forme de déception visible dans la clôture de Wall Street hier soir : -0,1% pour le Dow Jones, -0,4% pour le S&P500 et -0,89% pour le Nasdaq 100 (qui signe une 3e baisse de rang).

L'inflation n'est pas la seule donnée publiée hier aux Etats-Unis. Le compte rendu de la dernière réunion de la Fed a aussi joué un rôle important dans le parcours des actions. C'était en quelque sorte la seconde lame, qui est venue annihiler la tentative de redressement de mi-séance. On peut y lire que l'institution anticipe une légère récession plus tard dans l'année et qu'elle est préoccupée par la situation du système bancaire. N'oublions pas que ce compte-rendu concerne une réunion qui a eu lieu le 22 mars, c’est-à-dire immédiatement après le sauvetage du Crédit Suisse par UBS et la stérilisation de SVB Financial et Signature Bank par les autorités américaines. Depuis, les discours sont un peu plus rassurants sur la solidité du système financier avec l'éloignement du spectre d'un nouveau Lehman Brothers. La dernière entreprise américaine en difficultés n'est d'ailleurs pas une banque mais un fabricant de boîtes en plastiques, et pas n'importe lequel : Tupperware. La société a émis des doutes cette semaine sur sa continuité d'exploitation. Va-t-elle rejoindre le cimetière des marques en péril comme Toys "R" Us, Blockbuster, Polaroïd, Emmanuel Macron, Kodak ou Bed, Bath & Beyond ? Mystère. A moins qu'une armée d'investisseurs particuliers ne décide qu'il faut sauver ce chef d'œuvre en péril à la manière de GameStop ou d'AMC Entertainment.

Mais trêve de plaisanterie, la combo inflation / minutes de la Fed a fait repiquer du nez les indices américains en soirée. Bilan des courses : les investisseurs attendent toujours une hausse de taux début mai mais continuent à penser que la Fed devra commencer à faire machine arrière plus tard dans l'année. La banque centrale de son côté prend acte des turbulences mais continue à dérouler son plan en tentant d'organiser un atterrissage économique en douceur. Un partout balle au centre en quelque sorte.

Plus tôt en Europe, les indices avaient connu des clôtures disparates. Légère hausse en France, progression plus marquée en Allemagne et au Royaume-Uni et baisses au Benelux et en Suisse. Pas grand-chose à dire sur cette séance marquée par un certain attentisme avant les premières publications de résultats trimestriels de grandes entreprises. Qui ont d'ailleurs démarré hier soir avec LVMH, dont les chiffres ont assez nettement dépassé les attentes grâce, manifestement, au réveil du marché chinois. On reste dans un domaine exceptionnel, celui du luxe, puisque les autres chiffres annoncés ce matin sont moins flamboyants, notamment du côté de BASF et Givaudan. Les deux autres actualités importantes du jour concernent la Chine. D'abord du côté des exportations de mars, bien plus dynamiques que prévu, même si cela ne déride pas vraiment le CSI300 à Shanghai, qui perd 0,3% en séance. Ensuite concernant Alibaba, dont le cours a flanché après que le Financial Times a révélé que l'actionnaire SoftBank cède la majeure partie de ses parts. A Hong Kong, le Hang Seng lâchait 0,4%.

Ailleurs en Asie-Pacifique, le Japon est en légère hausse mais l'Inde et l'Australie reculent. La Corée du Sud est à l'équilibre. Les indicateurs avancés européens sont, comme la veille, hésitants en préouverture. Le CAC40 démarre en vive hausse de 0,8% grâce à LVMH.

Les temps forts économiques du jour

La seconde lecture de l'inflation allemande de mars (8h00) sera suivie de la production industrielle européenne de février (11h00), avant aux Etats-Unis à 14h30 les prix à la production et les inscriptions hebdomadaires au chômage. Tout l'agenda ici. Ce matin, les commandes de machines japonaises se sont contractées moins fortement que prévu en mars (-4,5% vs -6,4% attendu). Les exportations chinoises de mars ont bondi de 14,8% et les importations ont baissé de 1,4% (consensus +7% / -0,5%).

L'euro remonte aux portes de 1,10 USD. L'once d'or est ferme à 2018 USD. Le pétrole accélère avec un Brent de Mer du Nord à 86,95 USD le baril et un brut léger américain WTI à 82,84 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans évolue à 3,41%. Le bitcoin évolue autour de 30 100 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Barratt : HSBC passe de conserver à acheter en visant 570 GBp.
  • Barry Callebaut : Barclays passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 2075 CHF.
  • Bellway : HSBC passe de conserver à acheter en visant 2700 GBp.
  • Berkeley : HSBC passe de vendre à conserver en visant 4000 GBp.
  • Billerud : DNB passe de conserver à acheter en visant 124 SEK.
  • EssilorLuxottica : J.P. Morgan démarre le suivi à surpondérer en visant 215 EUR.
  • Geberit : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours réduit de 338 à 336 CHF.
  • Givaudan : Bernstein reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 2490 à 2550 CHF.
  • Klépierre : Barclays passe de souspondérer à surpondérer en visant 24 EUR.
  • Knorr-Bremse : Société Générale passe d'acheter à conserver.
  • LVMH : J.P. Morgan relève son objectif de cours de 815 à 900 EUR. Credit Suisse relève son objectif de cours de 960 à 1005 EUR.
  • Novo Nordisk : Credit Suisse passe de neutre à surperformance en visant 1250 DKK.
  • OVH : Citigroup réduit son objectif de cours de 14,80 à 13 EUR.
  • Persimmon : HSBC passe de conserver à acheter en visant 1550 GBp.
  • Redrow : HSBC passe de conserver à acheter en visant 670 GBp.
  • Romande Energie : Baader Helvea passe d'accumuler à acheter en visant 1500 CHF.
  • Sartorius AG : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 493 à 448 EUR.
  • Sartorius Stedim Biotech : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 446 à 365 EUR.
  • SGS : Baader Helvea passe d'acheter à accumuler en visant 96,90 CHF.
  • Swiss Re : Barclays reste pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 94 à 96 CHF.
  • Taylor Wimpey : HSBC passe de conserver à acheter en visant 150 GBp.
  • Verallia : Exane BNP Paribas passe de surperformance à neutre en visant 44 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • LVMH : la croissance des ventes du T1 a nettement dépassé les attentes, grâce notamment au rebond de la Chine.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Pernod Ricard a repris les exportations de la vodka Absolut vers la Russie.
  • Renault en contrat avec Verkor pour des batteries de VE.
  • Sopra Steria rejoint le réseau NVIDIA Partner Network.
  • Eurazeo dénoue sa participation croisée avec Rhône Group.
  • Eutelsat a signé un accord pluriannuel avec la société brésilienne RecordTV.
  • Quadient étend son réseau de consignes colis au Royaume-Uni.
  • AB Science publiera des données sur Masitinib lors de l'AAN 2023 fin avril.
  • Le petit coin de la dilution : Drone Volt ne détient plus aucun instrument dilutif, après la conversion des dernières OC Atlas. Le partenaire de Néovacs, BioScence, va soumettre une demande d'essai clinique en Chine avec IFNα Kinoïde dans le traitement du lupus.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Kaufman, Toosla, Obiz, Marie Brizard, IDI, Bourse Direct, Genfit, Theranexus...

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • BASF : le chimiste a publié des résultats trimestriels en baisse. Le bénéfice d'exploitation annuel devrait atteindre 5,4 Mds€ au maximum.
  • Givaudan : a vu ses ventes très légèrement reculer de 0,4% sur un an à 1,77 MdCHF au T1.
  • Tesco : prévoit des bénéfices stables pour l'exercice 2023/2024.
  • VAT Group : les revenus et les commandes baissent au T1.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Alibaba souffre à Hong Kong après un placement d'actions par Softbank.
  • Brookfield Infrastructure achète le loueur de conteneurs de fret Triton dans le cadre d'une opération à 13,3 Mds$.
  • Selon le Wall Street Journal, International Business Machines envisage de céder sa branche météorologique.
  • Saab envisage la Colombie et le Pérou comme clients potentiels du Gripen dans le cadre de sa campagne en Amérique latine.
  • Apple a triplé sa production d'iPhone en Inde, selon Bloomberg, confirmant ses efforts de diversification hors de Chine. Par ailleurs, le groupe négocierait avec des fournisseurs pour produire des MacBooks en Thaïlande, selon Nikkei.
  • Les actionnaires de Teck demandent à Glencore d'augmenter son offre de rachat initiale, qui atteignait 22,5 Mds$.
  • Tesla s'apprête à lancer la batterie domestique Powerwall 3.
  • Siemens vise une augmentation à long terme de la part des ventes de logiciels à 20 %, selon son PDG.
  • Le promoteur Sunac China s'effondre de près de 60% à Hong Kong pour sa reprise de cotation.
  • Netflix a annoncé prévoir d'étendre ses opérations en Afrique, en s'appuyant sur le succès d'émissions ou de séries comme la série sud-africaine "Blood and Water".
  • Accenture investit dans Virtonomy, société de simulations basées sur les données.
  • Les principales publications du jour : Progressive, Fastenal, Delta Air Lines, Givaudan, Christian Hansen, VAT Group, TescoTout l'agenda ici.

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