Les marchés ont l'air d'avoir la mémoire aussi courte que Boris Johnson quand il doit se rappeler de sa dernière fête d'anniversaire. La semaine précédente, tout allait si mal en bourse que mon voisin de bureau d'habitude si prompt à annoncer un rebond était au bord du Temesta. A son crédit, je crois l'avoir entendu dire dès vendredi "cette fois, c'est le rebond". J'aime bien le taquiner, même si c'est un peu facile : à un certain point, nous adoptons tous des postures qui nous transforment en caricatures. Surtout quand les marchés commencent à tanguer. Je me suis amusé à recenser quelques profils caractéristiques d'investisseurs que j'ai rencontrés depuis mes débuts dans la profession, débuts qui coïncident peu ou prou avec le moment où deux avions de ligne se sont encastrés dans les tours du World Trade Center. Si vous vous intéressez aux marchés financiers ou si vous êtes un professionnel du secteur, je suis presque sûr que vous êtes capables de mettre des noms sur tout ou partie des profils qui suivent. Peut-être même votre propre nom ?

  • Le collapsologue frustré : ça fait 30 ans qu'il dit que tout va voler en éclats sur les marchés, même si les marchés sont son gagne-pain puisqu'il est invité partout. Pour expliquer que les marchés vont s'effondrer, bien sûr. Il remporte de petites victoires à chaque krach boursier, mais il a toujours perdu la guerre depuis que la bourse existe.
  • L'anxieux tétanisé : il a du pif, il sent bien les choses, mais il hésite toujours à changer sa stratégie, de peur de se tromper. Et quand il le fait, il est déjà trop tard et il est en général à l'envers sur le marché.
  • Le comédien stoïque : les autres ne comprennent pas comment il peut être aussi calme pendant que les marchés s'effondrent même s'il rappelle que c'est parce qu'il en a vu d'autres, l'expérience, tout ça. En réalité, il est terriblement angoissé mais il parvient à tout masquer.
  • L'aristarque rétroactif : il est capable d'expliquer avec force détails pourquoi les marchés se sont cassés la figure et ce qu'il aurait fallu faire pour y remédier. Mais systématiquement après leur chute, ce qui le rend beaucoup moins utile à la communauté.
  • Le statisticien servile : à chaque soubresaut, il est capable de citer un précédent et ses conséquences. Du genre "la baisse va continuer parce qu'en 1976, le marché a reperdu 17% quand la pleine lune est tombée le second jeudi du mois, comme cette année". Se trompe souvent, mais chiffres à l'appui, ce qui est beaucoup plus élégant.
  • Le mythomane décomplexé : en général, il explique qu'il a vendu au plus haut et par une sorte de rééquilibrage cosmique, il a aussi racheté au plus bas. A moins que ce ne soit juste le talent. Ou du flan.

Pour revenir à un sujet plus sérieux, le puissant courant acheteur qui a remis à flot les valeurs technologiques américaines vendredi dernier s'est poursuivi lundi et a continué hier. Pour être parfaitement exact, la technologie a continué à grimper mais ce sont d'autres secteurs qui ont repris le leadership, notamment ceux de l'énergie et des matières premières. La qualité des résultats trimestriels semble avoir clairement repris l'ascendant sur l'aversion au risque des investisseurs, qui devraient encore profiter ce matin de l'effet de traction des très bons chiffres d'AMD et des bénéfices indécents d'Alphabet. L'exception qui confirme la règle s'appelle PayPal, avec un plongeon en vue à l'ouverture de Wall Street sur fond de prévisions très inférieures aux attentes, toujours plombées par une concurrence accrue et la mise à l'écart décidée par eBay.

A la veille de la double décision de politique monétaire de la BCE et de la BoE, dont les investisseurs ont l'air de se soucier comme d'une guigne pour l'instant, mieux vaut continuer à scruter les résultats des sociétés pour prendre le pouls du marché. Et en la matière, ça se bouscule au portillon avec Meta, Alibaba, AbbVie, Novo Nordisk, Qualcomm, Novartis, Sony, Banco Santander, Vodafone ou Orsted aujourd'hui, pour n'en citer que quelques-unes. Pour mémoire, les technologiques américaines de type Meta publient en soirée, après la clôture de Wall Street. Pour les Européennes, c'est en très grande majorité le matin avant l'ouverture que ça se passe. Les Françaises sont toujours aux abonnées absentes de ce début de mois de février, en attendant Dassault Systèmes et Publicis demain.

Sur l'agenda macro, l'inflation européenne de janvier publiée à 11h00 pourrait alimenter le débat sur la trajectoire de taux de la BCE, à l'heure où les marchés pronostiquent deux tours de vis cette année alors que l'institution s'emploie à laisser penser qu'il n'y en aura pas.

Les indicateurs avancés sont haussiers en Europe ce mercredi matin (Wednesday Morning, comme dans la chanson de Simon & Garfunkel). Un indice comme le CAC40 pourrait même revenir à l'équilibre sur l'année 2022 en cas de progression de l'ordre de 0,75% (l'indice évolue à 7099 points après avoir terminé 2021 à 7153 points). En Asie, la Chine, Hong Kong, Taiwan et la Corée sont toujours en pause pour le nouvel an lunaire. Tokyo et Sydney gagnent plus de 1%. Le CAC40 a démarré en hausse de 0,3% à 7121 points.

Les temps forts économiques du jour

Un peu de calme avant le double rendez-vous des banques centrales demain, mais deux statistiques d'importance quand même. L'inflation européenne de janvier sera dévoilée à 11h00, avant à 14h15 l'étude ADP sur l'emploi aux Etats-Unis.

La paire euro / dollar évolue à 1,12746 USD. L'once d'or stagne juste sous 1800 USD. Le pétrole évolue peu avec un WTI à 88,45 USD et un Brent à 89,42 USD. Le rendement de la dette américaine remonte légèrement à 1,79% sur 10 ans. Le bitcoin perd 1% à 38 500 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adevinta : Jefferies démarrer le suivi à l'achat en visant 130 NOK.
  • Aegon : ING démarre le suivi à l'achat en visant 6,25 EUR.
  • Autoliv : Jefferies reste à l'achat avec un objectif relevé de 1098 à 1126 SEK.
  • Elior : Stifel passe de conserver à vendre en visant 4,90 EUR.
  • Elis : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 19 à 20 EUR.
  • Ferguson : Jefferies reste à l'chat avec un objectif relevé de 15 212 à 15 708 GBp.
  • Grand City Properties : Barclays passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 21,50 EUR.
  • Nexi : Stifel passe de conserver à acheter en visant 20 EUR.
  • Ocado : Crédit Suisse passe de sousperformance à surperformance en visant 1750 GBp.
  • Novozymes : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 565 à 555 DKK.
  • Roche Bobois : Midcap Partners passe de conserver à acheter en visant 40 EUR.
  • Sage : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif de cours réduit de 787 à 784 GBp.
  • Schibsted : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 350 NOK.
  • Scout24 : Jefferies reprend le suivi à l'achat en visant 80 EUR.
  • SGS : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 3000 à 2900 CHF.
  • SNP Schneider-Neureither : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 48 EUR.
  • Solvay : Société Générale passe de conserver à acheter en visant 140 CHF.
  • UBS : RBC reste acheteur avec un objectif relevé de 22 à 24 CHF.
  • Xior : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 59 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Résultats des sociétés :

  • Advanced Micro Device : les résultats dépassent les attentes, le titre bondit de 10%.
  • Alphabet : +9% hors séance après les trimestriels et malgré les attaques antitrust.
  • Banco Santander : les bénéfices trimestriels sont supérieurs aux attentes.
  • General Motors : prévoit un bénéfice d'exploitation de 13 à 15 Mds$ pour 2022.
  • Match Group : -4% après des prévisions révisées en baisse.
  • Novartis : les résultats sont assez proches des attentes des analystes en 2021, mais légèrement inférieurs.
  • PayPal : le titre s'effondre de 18% hors séance après des chiffres décevants.
  • Sony : les objectifs sont relevés malgré des difficultés d'approvisionnement pour la PS5, à cause des pénuries de puces.

Annonces importantes (et autres)

Lectures