La volatilité est (légèrement) redescendue hier sur les marchés financiers, qui ont terminé sur des baisses modérées, malgré l'annonce par les Etats-Unis d'un embargo sur l'importation de pétrole russe. Bon, le fait est que les indices ont poursuivi leur glissade quand même, avec un curieux micmac sectoriel qui montre que les investisseurs ne sont pas tous d'accord sur la conduite à tenir. Il y a les prudents, qui continuent à bétonner leurs positions défensives. Les opportunistes, qui se surexposent à l'énergie. Ou les optimistes invétérés qui y voient une bonne occasion de racheter à bon compte. Cette confusion a permis à des secteurs peu compatibles dernièrement de se retrouver dans le même sens, par exemple l'automobile et l'énergie aux Etats-Unis.

L'énergie justement, au cœur du paradoxe : l'UE a multiplié les sanctions vis-à-vis de la Russie, mais elle ne peut pas, en l'état actuel des choses, se passer du gaz en provenance de l'Est. Les Etats-Unis n'ont pas ce problème : Joe Biden a annoncé hier un embargo sur l'importation des énergies fossiles russes. Depuis quelques jours, il était devenu à peu près évident que la Maison Blanche allait dégainer cette nouvelle arme de pression, avec ou sans les Européens. Cela explique la réaction modérée des marchés financiers, qui avaient eu le temps d'intégrer ce scénario. Cela n'a pas empêché le pétrole, et c'est logique, de se hisser à nouveau à 130 USD le baril de Brent.

Les détracteurs de cette Union Européenne trop prompte à sacrifier son indépendance énergétique à la corne d'abondance russe boivent du petit lait. Un exemple de plus de l'assujettissement du vieux continent au reste de la planète. Si ces trois dernières années ont bien prouvé quelque chose, c'est la vulnérabilité d'une région qui s'est trop longtemps reposée sur le souvenir de sa domination sur le monde. Santé, industrie, électronique, numérique… l'Europe est dépassée dans de nombreux domaines. Et si l'on peut se réjouir des initiatives lancées dans le sillage de la pandémie, il faut encore qu'elles se concrétisent.

Mais trêve de flagellation, les lignes vont peut-être aussi bouger dans le domaine régalien. Maintenant que l'énergie est l'éléphant dans la pièce, il faut réagir. C'est peut-être ce que vont proposer les autorités européennes, qui prépareraient un vaste plan de financement dans l'énergie et la défense pour les Etats Membres, via des obligations. J'ai donc peut-être écrit une ânerie hier : la Banque centrale européenne pourrait finalement avoir quelque chose à raconter demain, alors que les dirigeants de l'UE se réunissent à Versailles pour tenter de se structurer face à la menace russe. Il faudra bien sûr braver les habituelles dissensions entre pays, mais force est de constater que certaines des digues qui isolaient les points de vue sont tombées ces derniers jours. Les Allemands ne sont plus arc-boutés sur leurs positions orthodoxes, les Polonais et les Hongrois sont trop proches de la ligne de front pour être à l'aise et les Français vont pouvoir jouer les chefs avec une certaine légitimité puisqu'ils président l'UE pour six mois. Nous verrons bien ce qui en ressortira, mais le temps de l'innocence a l'air de prendre fin.

Honnêtement, il est difficile de trouver des éléments économiques positifs à court terme. Le raz de marée des hausses de prix n'augure rien de bon et les dernières entreprises qui publient leurs résultats ont tendance à annoncer des objectifs bardés de conditionnel ou à ne pas en donner du tout. L'ambiance a beaucoup changé par rapport aux sociétés qui avaient communiqué avant l'invasion russe de l'Ukraine. Hormis l'évolution de la situation sur le théâtre de guerre, ce sont donc les rendez-vous politiques et économiques qui risquent de dicter le sens du vent pour les marchés financiers. La réunion de la BCE prévue demain, le sommet de l'UE à Versailles jeudi et vendredi, en attendant les annonces de politique monétaire de la Fed le 16 mars. D'ici là, il peut se passer pas mal de choses.

En Asie ce matin, les velléités de rebond ont été plus ou moins anéanties, sauf à Sydney où l'ASX gagne 1% en fin de parcours. Le Nikkei est en légère baisse, tandis que les indices chinois sont en contraction bien plus prononcée, autour de 1,7% pour le Hang Seng et le CSI 300. Quant aux indicateurs avancés européens, ils sont pour l'instant haussiers, ce qui pourrait leur permettre de gommer leur contraction de la veille. Le CAC40 gagne plus de 3% à 6146 points dans les premiers échanges. 

Les temps forts économiques du jour

L'enquête JOLTS sur les ouvertures de postes aux Etats-Unis en janvier (14h30) et les stocks pétroliers hebdomadaires du DOE (16h30) sont programmés. Ce matin, le Japon a annoncé une croissance annualisée de 4,6 % au T4 2021, alors que le marché espérait 5,6 %. L'inflation chinoise a atteint 0,9 % en février, conformément aux attentes.

L'euro remonte à 1,09188 USD. L'once d'or bat ses récents pics à 2050 USD. Le pétrole accuse réception de l'embargo américain sur les importations russes, avec un Brent de Mer du Nord à 130,58 USD et un brut léger américain WTI à 125,71 USD. Le rendement de la dette américaine est stable à 1,78% sur 10 ans, mais le Bund repasse en positif à 0,11% (vs. -0,02% la veille). Le bitcoin a rebondi à 41 514 USD après un vrai-faux communiqué du Trésor américain sur les cryptomonnaies. Notez aussi que le LME ne reprendra pas la cotation du nickel avant le 11 mars.

Les principaux changements de recommandations

  • Accor : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 32 EUR.
  • Air France-KLM : AlphaValue passe d'accumuler à alléger en visant 3,34 EUR.
  • Carlsberg : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 900 DKK.
  • Carrefour : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif relevé de 23 à 24,30 EUR.
  • Getinge : Jefferies reprend le suivi à conserver en visant 360 SEK.
  • HelloFresh : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 106 à 75 EUR.
  • Inventiva : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 23 à 19,50 EUR.
  • Nemetschek : Exane BNP Paribas démarre le suivi à neutre en visant 80 EUR.
  • Neste Oyj : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 46 EUR.
  • OC Oerlikon : RVC passe de performance sectorielle à surperformance en visant 9 CHF.
  • Rio Tinto : Citigroup passe d'acheter à neutre.
  • Rotork : RBC passe de sousperformance à surperformance en visant 345 GBp.
  • Shop Apotheke : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 175 à 125 EUR.
  • Sika : BofA passe d'achat à neutre en visant 300 CHF.
  • Umicore : J.P. Morgan passe de souspondérer à neutre en visant 27,50 EUR.
  • Universal Music Group : Oddo BHF passe de neutre à surperformance en visant 25,50 EUR.
  • Vesuvius : RBC passe de performance sectorielle à surperformance en visant 475 GBp.
  • Wacker Chemie : HSBC passe acheter à conserver en visant 140 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • TotalEnergies a discuté d'un accroissement de la production à Waha avec le groupe libyen NOC.
  • Airbus engrange 113 commandes et livre 49 avions en février.
  • BNP Paribas repousse sa journée investisseurs prévue le 14 mars à cause de la situation en Ukraine, mais confirme ses ambitions 2025.
  • L'Oréal ferme ses magasins et suspend ses investissements publicitaires en Russie.
  • Sanofi et Swedish Orphan Biovitrum font état de premiers résultats positifs pour l'étude pivot XTEND-1 de phase III avec l'efanesoctocog alpha (BIVV001) dans l'hémophilie A.
  • Saint-Gobain va investir 120 M€ dans de nouvelles capacités de laine de verre en France.
  • Dassault Systèmes suspend ses nouvelles activités en Russie et en Biélorussie.
  • Nexans lance un programme de rachat d'actions.
  • CNP Assurances rachète un portefeuille de logements pour 2,4 Mds€.
  • Albioma confirme des discussions préliminaires avec KKR en vue d'un rachat.
  • Elogen (Gaztransport & Technigaz) construira sa future "gigafactory" à Vendôme, dans la région Centre-Val de Loire.
  • Antin Infrastructure Partners a conclu un investissement stratégique dans Lake State Railway Company.
  • Damartex acquiert JP Consult.
  • Transgene et BioInvent présenteront un poster à l'AACR 2022.
  • Atari lance une augmentation de capital de 12,5 M€ à 0,1640 EUR l'action.
  • Onxeo publie des précliniques confirmant la pertinence de l'association d'AsiDNA avec des inhibiteurs de PARP dans le traitement des tumeurs.
  • Agripower lance une offre de co-exploitation pour la méthanisation individuelle.
  • McPhy, Groupe Partouche, Makheia et Ekinops ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

Lectures