Parce que les informations financières se consomment comme les viennoiseries, chaudes et à l'heure du petit déjeuner, Anthony Bondain se lève à l'aube pour vous servir le Morning Meeting tous les matins. Journaliste financier et boursier depuis plus de deux décennies, inimitable éditorialiste et leader flegmatique, il est rédacteur en chef de ZoneBourse.
La dernière semaine de février a confirmé les tendances récentes sur les marchés financiers : les investisseurs ont de l'appétit pour les valeurs maudites, particulièrement pour les financières et les pétrolières. Le réveil du marché obligataire a conforté cette rotation et entraîné de sévères dégagements sur le compartiment technologique. Par conséquent, s'il ne fallait retenir qu'une seule variation hebdomadaire et un seul indice, ce serait le -5% du Nasdaq, en dépit du modeste sursaut constaté vendredi.
Le retour en grâce des valeurs décotées, la stratégie dite "value" (qui consiste à acheter des titres qui ont l'air très bon marché sur la base des ratios financiers classiques), n'est pas la seule tendance de fond actuellement. Les investisseurs aiment aussi les petites valeurs : nos indicateurs maison chez Zonebourse montrent par exemple que les grosses capitalisations américaines ont baissé de plus de 3% la semaine dernière, quand le compartiment des petites capitalisations a gagné 0,5%. Autre enseignement de ce début d'année, les analystes revoient en hausse leurs prévisions à tour de bras. Selon FactSet, c'est même le mouvement le plus violent dans ce sens depuis le 1er trimestre 2002. En tout cas, cela cadre assez bien avec la reprise économique espérée, qui devrait aller au-delà du simple rebond assis sur une base de comparaison ultra-favorable, puisque les économies étaient peu ou prou à l'arrêt au début du printemps 2020.
Aux Etats-Unis, la chambre des représentants a voté le "plan Biden" de relance, doté de 1900 Mds$. Il va désormais entrer dans le dur avec son passage à la chambre haute. Les économistes restent partagés sur ce projet. On peut lire chaque jour dans la presse américaine des avis divergents (des économistes, quoi). Ses partisans le jugent nécessaire pour la frange de population la plus fragilisée. Ses détracteurs ont de multiples griefs, en particulier son potentiel inflationniste et une efficacité qui serait limitée à l'heure où les vaccins devraient permettre le retour de la croissance et un boom économique.
Les vaccins parlons-en. Les taux de traitement de la population progressent dans le monde. En Europe continentale moins vite qu'ailleurs : le rythme est un peu désespérant. Le chef-économiste d'Unicredit, Erik Nielsen, se lamentait dans son papier dominical devant cette lenteur. "En date de vendredi, je crois avoir compris que moins de 20% du vaccin AstraZeneca livré à l'Allemagne, à la France et à l'Italie avait été administré… Moi qui pensais que le système de santé européen était de classe mondiale… Je suppose qu'il va falloir que je revoie ma position". Pour un état des lieux très visuel, c'est par ici. Le Royaume-Uni, qui a franchi le jalon des 20 millions de vaccinés, avait fléché la semaine dernière son chemin vers le déconfinement. C'est le pays à suivre pour l'expérience à échelle réelle de la réouverture d'une grande économie.
Quelques événements importants qu'il ne fallait pas rater ce weekend :
Le gouverneur démocrate de New York, Andrew Cuomo, dans l'œil du cyclone après des accusations de harcèlement sexuel.
Les renseignements américains considèrent que le prince Mohammed Ben Salman a approuvé l'assassinat de Jamal Khashoggi.
Donald Trump évoque une candidature en 2024 lors d'une convention républicaine.
L'Iran oppose une fin de non-recevoir à la proposition américaine de rediscuter de l'accord nucléaire de 2015.
Le CAC40 gagnait 1,4% à 5783 points en début de séance. Tokyo s'est offert un rebond de 2,4% à la clôture. La séance sera marquée par la publication des PMI manufacturiers définitifs de février partout dans le monde, plusieurs discours de banquiers centraux dans l'après-midi et la queue de comète des résultats d'entreprises.
Les temps forts économiques du jour
Les indices PMI manufacturiers définitifs de mars seront publiés tout au long de la journée pour les principales économies mondiales. Il faudra aussi suivre l'inflation allemande de février (14h00) et l'ISM manufacturier aux Etats-Unis (16h00). Deux allocutions de membres de la Fed sont programmées en milieu d'après-midi, ainsi qu'un discours de Christine Lagarde lors d'un événement en Allemagne (autour de 17h00). Le PMI manufacturier officiel chinois reste en zone d'expansion mais réduit sa dynamique à 50,6.
L'euro a reculé à 1,2075 USD. L'once d'or se reprend légèrement à 1749 USD. Le pétrole se stabilise à 62,36 USD le baril WTI et à 65,34 USD le baril de Brent. Le rendement du T-Bond reste haut perché à 1,4% sur 10 ans. Le Bitcoin regagne un peu de terrain après une sévère purge, à 46 434 USD.
Les principaux changements de recommandations
Adevinta : Deutsch Bank passe de conserver à acheter en visant 160 NOK.
Amadeus : Jefferies reste à l'achat avec un objectif relevé de 69 à 73 EUR.
Carlsberg : Handelsbanken passe de conserver à acheter en visant 1100 DKK.
Carrefour : J.P. Morgan relève son objectif de cours de 17 à 19 EUR.
Engie : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif relevé de 15 à 15,50 EUR.
Hays : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 165 à 173 GBp.
Just Eat Takeaway : Deutsch Bank passe de conserver à acheter en visant 116 EUR.
Kering : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 630 EUR.
LafargeHolcim : DZ Bank réduit son objectif de 63 à 61 CHF. Credit Suisse relève son objectif de cours de 64 à 67 CHF.
Ocado : Kepler Cheuvreux démarre le suivi à alléger en visant 1646 GBp.
Orsted : ABG Sundal Collier passe de vendre à conserver en visant 1100 DKK.
Pennon : Barclays passe pondération en ligne à surpondérer en visant 1060 GBp.
RTL : Deutsch Bank passe de conserver à acheter en visant 53 EUR.
Superdry : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 280 GBp.
Tarkett : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours réduit de 12,25 à 10,70 EUR.
The Swatch Group : Stifel passe de conserver à acheter et relève son objectif de cours de 250 à 315 CHF.
Vifor : UBS passe de vendre à neutre avec un objectif de cours de 116 CHF.
Volkswagen : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 170 à 185 EUR.
Wolters Kluwer : Goldman Sachs passe de vendre à neutre en visant 72,60 EUR.
Zehnder : Research Partners passe de conserver à acheter.
L’actualité des sociétés
En France
Annonces importantes
Les immatriculations de véhicules neufs ont chuté de 21% en février en France, selon le CCFA.
Danone convertit, en vue d’une cession, de sa participation indirecte de 9,8% dans Mengniu en une participation directe.
Euronext se réjouit du feu vert de l'UE au rachat de Borsa Italiana.
La justice française valide une convention judiciaire d’intérêt public avec la Financière de l'Odet et Bolloré.
Europcar veut rebondir après une lourde recapitalisation.
Transgene et BioInvent incluent le premier patient dans l'essai de phase I/IIa de BT-001.
Plus les analystes et journalistes financiers claironnent que les marchés sont chers, plus ils font monter les marchés. Les marchés évoluent toujours contre le consensus. Les marchés corrigent fortement quand enfin, les commentateurs de la place et autres analystes économiques expliquent que l'on peut acheter. Les médias financiers n'intègrent pas que tout est dans le prix instantanément ; le marché récupère toutes les infos et données bien avant les journalistes et des mois avant les économistes. Un Exemple : Mai 2017, élection de Macron, toute la clique d'analystes, d'économistes lancent ensemble : " ça y est, vous pouvez y aller, les planètes sont alignés, les PMi à 60 !..." Le 8 mai 2017, le cac fait un top et plus rien, il commence à consolider puis baisser. il faudra attendre le 23 septembre 2019, plus de 2 ans pour qu'il retrouve ces niveaux. Mais ces prédicateurs, sont restés, ils continuent à passer à le TV, je ne vais citer de noms, car ils savent bien qui ils sont, ils se reconnaitront, mais ils font les vedettes, ne risquent rien car eux n'achètent jamais. Puis le temps passe, ils ne se souviennent plus de leurs déclarations, de leurs prédictions. Dommage qu'ils ne soient pas notés sur la justesse de leurs objectifs de cours... La Morale de l'histoire, si vous voulez courir après le marché, vous lisez les news et papiers des analystes et autres économistes. En outre, quand on a un vix entre 25 et 30, cela veut dire que tout le monde a peur, tout le monde est couvert, donc il y a peu de risque pour un violent crac. Méfiez vous des marchés quand plus personne n'est couvert, avec un vix en dessous de 12, miroir de l'optimisme, c'est à ce moment là que l'ours sort du bois..