Louis Maurice, comment expliquez-vous le succès de votre offre, au-delà des projections présentées lors de votre introduction en Bourse ?

" Notre technologie, de plus en plus performante, a gagné en attractivité avec la hausse des prix de l’énergie puisqu’elle permet de garantir une autonomie énergétique de 30 à 70% aux trois verticales que nous adressons, à savoir les exploitations agricoles (laitières, avicoles et porcines), les industries et collectivités (eau-assainissement et régies électriques), et les particuliers ayant des besoins énergétiques importants, dotés de vastes jardins et de gros équipements (PAC, piscine…). De plus, nos installations ne nécessitent qu’une déclaration préalable de travaux et ne dépendent pas des subventions de l’État. C’est crucial, car le photovoltaïque en France est très subventionné. OKwind a trouvé un business model qui permet d’amortir les installations en 4 à 6 ans, selon les configurations. Le succès est tel que le téléphone n’arrête pas de sonner, les clients étant convaincus par cette solution. Enfin, il faut délivrer notre carnet de commande, ce qui repose sur une présence en amont et en aval de la chaîne de valeur, tout en sous-traitant l’installation à des sociétés spécialisées partenaires. Nous internalisons ce qui crée le plus de valeurs et nos 170 collaborateurs déployés sur tout le territoire français sont très engagés. Nous avons attribué à chacun 550 actions gratuites fin 2022 quelle que soit leur ancienneté et leur niveau hiérarchique, ce qui représente environ 1% du capital de l’entreprise. Trimestre après trimestre, nous continuons d’industrialiser nos process de commercialisation et de production, d’ouvrir de nouvelles agences et d’étendre nos capacités industrielles. Nous serons dans les prochains mois capables de réaliser 200 à 250 installations mensuelles, contre 150 aujourd’hui. "

L’autoconsommation : générer et consommer sa propre énergie renouvelable (source : société) 

Pourquoi la marge d’Ebitda, après s’être stabilisée à 10% depuis 3 ans, décollerait en 2023 à plus de 12% pour atteindre les 20% en 2026 ?

" Nous sommes satisfaits d’avoir tenu ce niveau de marges dans un contexte inflationniste, d’hypercroissance, et de préparation de notre introduction en Bourse. Les tensions sur le cycle et les coûts d’approvisionnement qui ont caractérisé l’exercice 2022, s’estompent et nous avons réussi à répercuter toutes nos hausses de coûts sur nos prix de vente. Les coûts refluent depuis septembre 2022 et d’ici septembre 2023 nous aurons retrouvé nos prix de revient de début 2023. Entre temps, nous aurons enrichi notre offre de produits en intégrant davantage d’intelligence et de nouvelles solutions de stockage d’énergie. Ces éléments permettront à la société de poursuivre l’amélioration de son niveau de marge, passée de 9.7% en 2021 à 10.2% en 2022, et la récurrence de ses revenus. Sur ce dernier point, nous travaillons d’une part sur des contrats de maintenance et de disponibilité associée dans le cadre de notre offre traitement de l’eau et agrivoltaïsme et d’autre part nous sommes en train de monter des solutions de financement voire de location avec option d’achat (LOA) dans les régions les plus ensoleillées. A noter enfin que notre offre destinée aux particuliers, Lumioo, va contribuer à notre Ebitda dès le premier trimestre cette année. "

La chute des prix de l’électricité sur les marchés à terme ne ralentit-elle pas les prises de décisions ?

" Je ne sens pas de ralentissement, comme en témoignent nos prises de commandes au T1, multipliées par près de trois, à 30 M€. Les prix de l’électricité restent près de deux fois supérieurs à ceux constatés il y a un an et les entreprises ont pris conscience de la nécessité d’avoir un meilleur contrôle de leur consommations énergétiques. L’autoconsommation est devenue la solution évidente pour bon nombre d’industriels, exploitants agricoles ou collectivités. En revanche, les affaires sur lesquelles nous travaillons pour nos clients de l’industrie, des collectivités et de l’agrivoltaïsme sont de plus en plus importantes et prennent nécessairement plus de temps à se concrétiser que l’installation d’un tracker de façon isolée. "

Que pouvez-vous nous dire de la nouvelle génération de trackers, équipée de batteries pour stocker l’énergie ?

" Nous avons commencé à en installer en présérie. Cette nouvelle génération offre plusieurs avantages. Elle est moins chère à produire (hors batterie), plus rapide à monter et l’intégration d’une batterie ajoute jusqu’à 3h d’autonomie. Enfin, elle tient compte des évolutions climatiques car elle permet une mise en sécurité par vent fort tout en continuant à produire. "

Vous parlez de plus en plus d’international. Comment comptez-vous vous y prendre ?

" Nous souhaitons en effet dupliquer notre succès à l’international en commençant par les domaines que nous maîtrisons le mieux, à savoir le traitement de l’eau, où nous allons commencer par accompagner nos clients existants dans leur développement à l’international, et les bâtiments d’élevage. Notre marché est en plein boom et nous devons prendre des positions dans les 3 à 4 prochaines années avant que la concurrence ne s’intensifie. Le maintien de notre avance technologique passera par des prises de participations minoritaires ou majoritaires dans des sociétés mettant en œuvre des algorithmes complémentaires à ceux conçus en interne par notre équipe de 22 ingénieurs en R&D dans le domaine du management de l’énergie. Nous pouvons également envisager de la croissance externe pour accélérer, à partir de 2024, ce déploiement en Europe et dans les pays du Maghreb. "

Historique de croissance du Groupe (source : société) 

L'Auteur est actionnaire de la société à titre personnel.