Ça a recommencé. La réaction initiale un peu euphorique des marchés financiers aux annonces des banques centrales cette semaine a laissé la place à davantage de confusion, comme cela se produit souvent. J'ai employé je crois deux fois le terme "attendons que la poussière retombe" cette semaine, faute de trouver une expression plus adaptée. En général, les surréactions vont dans les deux sens, ce qui implique qu'une accalmie n'est pas impossible sur les séances suivantes. Comme il serait présomptueux de vouloir prédire l'avenir sans avoir fréquenté les bancs d'une école de divination, je vais me contenter d'apporter quelques explications sur ce qui se passe.

Hier, le Nasdaq américain a chuté de 2,6%, sa plus forte correction depuis le mois de septembre apparemment. La veille, tout content des déclarations de la Fed pour sa dernière réunion de l'année, il avait bondi de 2,35%. A vrai dire, je comprenais mal pourquoi l'indice technologique riche en actions sous stéroïdes profitait de l'annonce d'une période économique moins généreuse en liquidités. On le sait, quand l'argent (des banques centrales) coule à flots, l'investisseur est de moins en moins sélectif et s'enthousiasme pour des modèles économiques déraisonnables, qui n'auraient probablement jamais fonctionné sans ces mannes extravagantes. D'ailleurs, certains disparaissent malgré tout.

En prévoyant une série de hausses de taux sur la période 2022/2024 et en clôturant son programme de rachat d'actifs dans les semaines à venir, la Fed envoie le message suivant : l'argent va devenir moins bon marché, il y en aura donc moins en circulation, parce que l'économie est en surchauffe comme le prouvent les données sur l'évolution des prix et du marché du travail. Ce faisant, l'argent surnuméraire des investisseurs qui ne savaient plus où placer leurs billes pour participer à la fête va quitter progressivement les actifs les plus risqués.

Ce mécanisme justifie la position prudente de certains intermédiaires financiers qui recommandent un saut vers la qualité et les dossiers défensifs actuellement. Le cycle monétaire est en cours d'inversion et la combinaison "croissance forte / taux bas" devrait toucher à sa fin. Sauf bien sûr si les banques centrales devraient à nouveau jouer les pompiers de service, contraintes et forcées par le coronavirus. Mais c'est une autre histoire.

Hier donc, le Nasdaq a flanché, entraînant l'indice large S&P500, un peu trop consanguin. Je rappelle que les sept plus grosses capitalisations américaines pèsent désormais plus de 50% du Nasdaq 100. Et que les sept mêmes sociétés représentent 27% du S&P500. Et davantage encore en termes d'échanges quotidiens au sein de ces mêmes indices. Le Dow Jones a de son côté terminé quasiment à l'équilibre grâce à la "vieille" économie, en particulier la finance et la santé.

Ce matin, les indicateurs avancés européens sont assez nettement baissiers, compte tenu de l'écart de performance avec Wall Street, qui a creusé ses pertes après la clôture des places du vieux continent hier. Les principales bourses asiatiques sont bien ancrées dans le rouge, à l'exception de l'Australie. Hong Kong reprend sa glissade alors que les Etats-Unis ont couché sur leur liste noire 34 nouvelles sociétés chinoises interdites d'investissement aux capitaux américains. Le Sénat a en parallèle adopté une loi interdisant l'importation de biens produits dans la région du Xinjiang, sauf à prouver que le travail forcé n'a pas été utilisé dans le processus. L'indice de Hong Kong a perdu 13% depuis le début de l'année, pour un gain de 19,4% au STOXX Europe 600 : plus de 30% de décalage donc, qui rappellent que les places boursières ne sont pas toutes logées à la même enseigne cette année.

Une dernière chose : le mois boursier, donc l'année boursière puisque nous sommes en décembre, se "termine" aujourd'hui avec la "journée des quatre sorcières", date de débouclage des produits dérivés mensuels et trimestriels. Ces séances de compensation interviennent chaque troisième vendredi du mois en bourse (ce sont les "trois sorcières") et quatre fois par an à chaque fin de trimestre pour les échéances trimestrielles (ce sont les "quatre sorcières"). On note généralement des regains de volatilité autour des heures de débouclage. Il restera ensuite deux semaines de cotations pour terminer l'année civile.

(Je crois que j'avais déjà utilisé ce titre par le passé, mais jamais en vous gâchant votre vendredi matin avec ça. Voilà qui est réparé).

Le CAC40 perdait 0,3% à l'ouverture à 6982 points. 

Les temps forts économiques du jour

L'indice Ifo de confiance des milieux d'affaires allemands (10h00) et l'inflation européenne de novembre (11h00) sont au programme aujourd'hui. Cette nuit, la Banque du Japon a annoncé la réduction de ses mesures de soutien Covid, tout en maintenant inchangés ses taux.

L'euro est remonté à 1,1322 USD. L'once d'or repasse la barre des 1800 USD. Le pétrole reflue légèrement avec un baril de Brent à 74,30 USD et un baril WTI à 71,61 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans recule à 1,42% après être légèrement remonté la veille. Le bitcoin est proche de 48 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Amadeus : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 74 à 73 EUR.
  • Boohoo : Investec passe de conserver à vendre en visant 95 GBp.
  • Coface : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 12,40 à 15,10 EUR.
  • Colruyt : Citigroup reste à vendre avec un objectif abaissé de 41 à 35 EUR.
  • Daimler : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 80 EUR.
  • Dermapharm : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 100 à 110 EUR.
  • Exel Industries : Portzamparc reste à renforcer avec un objectif relevé de 83 à 85 EUR.
  • Givaudan : l'Allemagne Sachs relève son objectif de cours de 4700 à 5030 CHF.
  • Inditex : Mirabaud passe de vendre à acheter en visant 31,50 EUR.
  • John Wood Group : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 249 GBp.
  • Metabolic Explorer : Portzamparc reste à acheter avec un objectif relevé de 7,80 à 10,50 EUR.
  • QinetiQ : Citigroup passe de neutre à achat en visant 340 GBp.
  • Severn Trent : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 2940 GBp.
  • TUI AG : Berenberg reste à la vente avec un objectif de cours relevé de 175 à 180 GBp.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Air France-KLM commande 100 monocouloirs à Airbus.
  • EssilorLuxottica et GrandVision vendent des magasins en Italie.
  • Stellantis va réorganiser ses activités de financement en Europe avec trois partenaires financiers.
  • Alstom fournira à Transdev les trains et le support à la maintenance de Marseille-Nice.
  • Arkema va racheter Permoseal.
  • Gaztransport & Technigaz obtient une commande de Daewoo Shipbuilding & Marine Engineering pour la conception des cuves de quatre nouveaux méthaniers.
  • Ipsen prend 8% de Genfit et devient licencié exclusif d'Elafibranor dans la CBP, actuellement en phase III. Genfit reçoit un paiement initial de 120 M€.
  • Faurecia émet 700 M€ de schludscheindarlehen ESG.
  • L'AG de Groupe Gorgé vote la distribution en nature d'actions Prodways à concurrence de 3 actions pour 2 actions Groupe Gorgé détenues.
  • Aéroports de Paris enregistre en novembre un trafic limité à 68% de celui de novembre 2019.
  • Derichebourg a fait suspendre sa cotation dans l'attente d'un communiqué.
  • Valneva négocie des accords de fourniture du vaccin Covid-19 avec plusieurs pays.
  • Rubis devient un groupe multi-énergie avec l'acquisition de Photosol, acteur de l'énergie solaire en France.
  • La pompe à chaleur Boostheat affiche de bonnes performances sur une première série de mesures.
  • Predilife signe un partenariat avec Eurofins pour la réalisation des tests génétiques.
  • BigBen distribuera ses actions Nacon le 4 février.
  • Albioma remporte 5 MWc de projets solaires dans le Sud de la France.
  • Groupama poursuit son contrat de "naming" du stade de l'Olympique Lyonnais jusqu'en 2025.
  • UV Germi obtient la certification NF 536 qui confirme l'efficacité et l'innocuité de ses solutions.
  • NextStage entre au capital de Fermentalg.
  • Prologue lorgne Euronext Growth.
  • Lacroix rachète l'américain Firstronic.
  • Foncière Volta émet de nouvelles obligations.
  • Mare Nostrum rachète UNI'TT.
  • Innelec propose des accessoires de gaming aux couleurs de Naruto.
  • Reprise de cotation le 20 décembre pour Enensys.
  • Les Constructeurs du Bois lauréats de l’appel à projets de Ceremalab "bâtiments résilients et mobilités du futur en Grand Est".
  • Une filiale d'Alpha Mos retenue par l'EIC pour un programme de financement.
  • Cerinnov signe 1,6 M€ de commandes.
  • Delta Plus Group arrive sur Euronext Growth.
  • Exel Industries a publié ses comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

  • Les immatriculations de véhicules neufs chutent de 20,5% en novembre dans l'UE, selon l'ACEA.
  • La CDC américaine juge les rappels de vaccins de Moderna et Pfizer-BioNTech plus efficaces que ceux de Johnson & Johnson.
  • La CMA britannique a un a priori négatif sur le rapprochement entre Cellnex et CK Hutchison.
  • UBS Group va faire appel de sa condamnation en France dans l'affaire d'évasion fiscale.
  • Oracle en pourparlers pour racheter Cerner, selon le WSJ, sur la base d'une valorisation de 30 Mds$.
  • Fedex rétablit ses prévisions initiales, le titre rebondit de 5% hors séance.
  • Rivian plonge de 9% après ses résultats.
  • Siemens Gamesa espère obtenir au moins 300 M€ de la mise en vente de son activité de développement de parcs éoliens.
  • Le patron de la branche investissement du Crédit Suisse en cours de négociation pour son départ, selon le FT.
  • General Motors annonce le départ du patron de Cruise, Dan Ammann.
  • Elon Musk va se séparer d'une nouvelle fraction d'actions Tesla.
  • DiaSorin prévoit une chute de 60% des revenus du Covid-19 en 2022.
  • Proximus va faire entrer sa filiale TeleSign en bourse aux Etats-Unis sur la base d'une valorisation de 1,3 Md$, via le SPAC North Atlantic Acquisition Corporation.
  • Pfizer-BioNTech demande le feu vert de la FDA pour l'utilisation de son vaccin Covid-19 chez les adolescents.
  • Posco va construire une usine d'hydroxyde de lithium de 830 M$ en Argentine.
  • TPG lorgne une cotation sur le Nasdaq.
  • Principales publications de résultats : Darden Restaurants, Winnebago, Exel

Lectures