Le vent arrière qui propulsait les marchés boursiers occidentaux la semaine dernière a faibli lundi, laissant le temps aux équipages de se préparer à un éventuel chambardement météorologique mercredi. Les marchés européens ont, dans leur grande majorité, évolué autour de l'équilibre hier. Les investisseurs ont vendu les Semiconducteurs après leur rebond de la semaine précédente et recommencé à punir l'Automobile et le Luxe. Sur le vieux continent, les actions peu valorisées, celles que les anglosaxons appellent value, ont gagné 4% au cours des trois derniers mois, quand les actions de croissance (growth) ont perdu 2,5%. Ce pari est en lien avec l'état d'avancement du cycle et la politique monétaire qui en découle. On le constate aussi aux Etats-Unis (+7,5% pour les actions value vs -0,5% pour les actions growth sur 3 mois).
Wall Street a clôturé sur une note disparate hier, avec un écart de 1% entre la baisse du Nasdaq (-0,47%) et la hausse du Dow Jones (+0,55%). Le recul de près de 3% d'Apple a pesé sur le compartiment technologique. Le groupe, qui a reconquis sa couronne de première capitalisation mondiale, a été confronté à la rumeur selon laquelle les iPhone 16 sont disponibles sans délais, signe selon certains que la dernière mouture du smartphone s'écoule mal. Pour autant, ces petites péripéties n'ont pas détourné le marché de son obsession du moment, la baisse des taux que la Fed doit annoncer mercredi à 20h00. Le débat est toujours intense entre ceux qui pensent que la banque centrale va réduire ses taux de 50 points et ceux qui misent sur 25 points. Au cours de la journée d'hier, les premiers sont devenus majoritaires. Les contrats à terme donnent 69% de probabilité à la grosse baisse par rapport à la petite. Alors même que la seule statistique macro de la veille, l'indice d'activité industrielle Empire State, était largement meilleur que prévu. Dans un monde rationnel, une donnée positive aurait dû faire reculer la probabilité d'une baisse de taux importante, qui est censée être le reflet d'une situation économique plus dégradée que prévu. Manifestement, c'est l'ancien patron de la Fed de New York, Bill Dudley, qui a encore faire des siennes en appelant la banque centrale à opter pour une baisse de taux de 50 points. Il est insistant, Dudley : il avait déjà prôné cette stratégie plus tôt dans l'été, et une nouvelle fois la semaine dernière. A chaque fois, le marché a adhéré à son appel.
C'est la première fois depuis 2008 qu'il y a autant d'incertitude concernant une décision de la Fed, si l'on fait exception de la décision prise en réponse à l'épidémie de Covid-19 en mars 2020. Le curseur a encore le temps de bouger avec la grosse série d'indicateurs attendue cet après-midi outre-Atlantique : ventes au détail, production industrielle, stocks d'entreprises et indice des prix immobiliers. Mais bon ! Par expérience, quand le marché est obsédé par quelque chose, en l'occurrence une baisse de taux de 50 points, il est capable d'interpréter à sa sauce n'importe quelle statistique. Il faudrait vraiment que les données de l'après-midi soient très au-dessus des attentes pour que le pronostic s'inverse fortement.
Au moins, il y a un peu de suspense ! Mais comme dirait ma mamie, "on s'en fout de la décision de toute façon, ce qui compte c'est ce qui va se passer après. Les investisseurs peuvent paniquer parce que la Fed baisse ses taux de 50 points en imaginant qu'elle sait un truc pas terrible qu'ils ignorent. Ou monter avec une baisse de taux de 25 points de base parce que la routine, c'est ce qu'il y a de plus rassurant". C'est une escroquerie, ma mamie ne dit pas ça, elle dit plutôt des trucs du genre "tu ne vas pas laisser ça" ou "reprends une troisième fois du gratin dauphinois". Mais vous avez l'idée. Exprimé autrement : le lancement de la baisse des taux va-t-il permettre aux marchés actions de poursuivre leur route vers l'infini et au-delà, ou bien lancer une phase de prises de bénéfices sur les leaders du marché en accélérant la rotation vers les actions value ? Les paris sont ouverts en grand, puisqu'on peut lire tout et son contraire depuis quelques jours.
En Asie Pacifique, il y a autant de trous dans les cotations que dans un emmental. Le Chine continentale et la Corée du Sud sont fermées, comme hier. Elles ont été rejointes par Taiwan, qui était ouverte la veille mais pas ce matin. Et Hong Kong était ouverte lundi et mardi, mais sera fermée demain. Vous suivez toujours ? Donc sur les places qui fonctionnent, Tokyo déprime en perdant 1,5% au niveau du Nikkei 225. Cela mérite quelques explications. Les investisseurs japonais ont les miquettes à l'approche de la décision de la Banque du Japon vendredi. Il ne devrait pas y avoir de changement de taux cette fois-ci, mais le gouverneur pourrait ouvrir la voie à une seconde hausse de taux dans le cycle lors de la réunion d'octobre. La première, qui date de la fin du mois de juillet, avait semé le chaos dans le carry trade, avec un effet papillon sur les marchés occidentaux. Manifestement, personne n'a envie de revivre un remake, même si le destin des taux japonais et occidentaux est de converger, puisque les premiers montent et que les seconds descendent actuellement.
A Hong Kong, le Hang Seng s'offre un rebond aujourd'hui (+1,6%), même si l'étau douanier se resserre sur l'économie chinoise : plusieurs surtaxes entrent en vigueur aux Etats-Unis en septembre, tandis que le Financial Times révèle que Washington est proche de trouver un accord avec Tokyo pour restreindre l'accès de la Chine aux machines de pointe de production de semiconducteurs. Le Japon est en effet avec les Pays-Bas et la Corée du Sud l'un des trois pays en oligopole sur les coûteuses et précieuses machines servant à fournir des puces avancées. L'Inde est à l'équilibre et l'Australie grappille 0,3%. Les bourses européennes sont attendues dans le vert ce matin, même si les tendances sont fragiles.
Le CAC40 gagne 0,6% à 7491 points à l'ouverture. Le SMI prend 0,3% à 12 064 points. Le Bel20 progresse de 0,2% à 4252 points.
Les temps forts économiques du jour
La journée débute en Allemagne avec les résultats des sondages ZEW (11h00). Aux États-Unis, l'attention se portera sur les ventes au détail (14h30) et sur la production industrielle (15h15), puis sur les stocks d'entreprises et l'indice du marché immobilier NAHB (16h00). Tout l'agenda ici.
Les principaux changements de recommandations
- Aker BP : RBC Capital dégrade de performance de secteur à sous-performance avec un objectif de cours réduit de 330 NOK à 220 NOK.
- Auction Technology Group : JP Morgan passe de neutre à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 543 à 530 GBX.
- BP Plc : Intesa Sanpaolo démarre le suivi à conserver avec un objectif de cours de 451 GBX.
- Barry Callebaut : Barclays surpondère de souspondérer avec un objectif de cours relevé de 1450 CHF à 1800 CHF.
- BMW : Bernstein maintient sa recommandation de surperformance et réduit l'objectif de cours de 96 à 86 EUR.
- Compagnie Financière Richemont : Barclays maintient sa recommandation de surpondérer et réduit l'objectif de cours de 150 à 147 CHF.
- Compass Group : RBC Capital dégrade sa recommandation de surperformance à performance de secteur avec un objectif de cours de 2400 GBX.
- D'Ieteren Group : Jefferies passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 250 EUR à 225 EUR.
- DSV A/S : Bernstein maintient sa recommandation de surperformance et relève l'objectif de cours de 1550 à 1800 DKK.
- Eni : Intesa Sanpaolo passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 16,10 EUR à 17,50 EUR.
- Fabege : Arctic Securities démarre le suivi à l'achat avec un objectif de cours de 125 SEK.
- Givaudan : BNP Paribas Exane maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 4100 à 4160 CHF.
- Julius Bär : Keefe Bruyette & Woods passe de performance de marché à surperformance avec un objectif de cours réduit de 67 CHF à 62 CHF.
- Lindt : Barclays surpondère de pondération de marché à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 110 000 CHF à 120 000 CHF.
- LVMH : JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 790 à 720 EUR.
- Naturgy Energy Group : Bernstein reprend la couverture avec une recommandation de performance de marché et un objectif de cours de 24 EUR.
- Salvatore Ferragamo : JP Morgan maintient sa recommandation de souspondérer avec un objectif de cours réduit de 8 à 6,80 EUR.
- Sartorius Stedim Biotech : Nephron Research LLC maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 200 à 222 EUR.
- SBM Offshore : Bernstein maintient sa recommandation de surperformance et relève l'objectif de cours de 19 à 22 EUR.
- Shell Plc : Intesa Sanpaolo démarre le suivi à l'achat avec un objectif de cours de 3354 GBX.
- Siegfried Holding : Stifel dégrade son conseil d'achat à conserver et relève l'objectif de cours de 1170 CHF à 1190 CHF.
- Solvay Sa : Deutsche Bank maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 32 à 33 EUR.
- Süss Microtec : Jefferies démarre le suivi à l'achat avec un objectif de cours de 76 EUR.
- Tele2 : DNB Markets dégrade son conseil d'achat à conserver avec un objectif de cours relevé de 115 SEK à 120 SEK.
- Teleperformance : Morgan Stanley maintient sa recommandation de surpondérer et relève l'objectif de cours de 147 à 150 EUR.
- Telia Company : BNP Paribas Exane passe de neutre à surperformance avec un objectif de cours relevé de 28 SEK à 40 SEK.
- TFF Group : Berenberg maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 53 à 46 EUR.
- TotalEnergies : RBC Capital maintient sa recommandation de performance sectorielle avec un objectif de cours relevé de 70 à 75 EUR.
- Var Energi : RBC Capital maintient sa recommandation de surperformance et réduit l'objectif de cours de 53 à 44 NOK.
- Worldline : Bernstein dégrade de surperformance à performance de marché avec un objectif de cours réduit de 16 EUR à 8 EUR.
En France
Annonces importantes (et moins importantes… Je précise que les informations sont données à chaud avant l'ouverture et ne préjugent pas de la couleur des actions pendant la séance)
- EssilorLuxottica étend son partenariat avec Meta Platforms pour développer plusieurs générations de lunettes intelligentes.
- Sanofi et AstraZeneca obtiennent l'approbation des États-Unis pour la fabrication d'un nouveau vaccin contre le VRS.
- Le principal actionnaire de Rexel, Cevian Capital, soutient le rejet par la société d'une offre publique d'achat non sollicitée de QXO, selon Bloomberg.
- Eiffage signe deux contrats dans l'éolien.
- Euronext étend sa solution de clearing à tous les marchés de dérivés financiers d'Euronext. Par ailleurs, le groupe achète la société d'analyse de données de marché Substantive Research.
- Le trafic d'Aéroports de Paris en hausse de 6,4% en août sur un an.
- Atos met à disposition son projet de plan de sauvegarde accélérée ajusté.
- Rubis annonce que Photosol aura du retard pour atteindre l'objectif de 1 GWc en opération.
- Le fonds Lac1 (Bpifrance) prend plus de 5% du capital d'Ipsos.
- Clariane renforce son organisation et change de directeur financier.
- Lectra signe un partenariat stratégique avec Six Atomic.
- Xilam lance la production de son nouveau film d’animation "Lucy Lost".
- Les principales publications du jour : Groupe Crit, Clasquin, Streamwide, Charwood… Le reste ici.
Dans le vaste monde
Annonces importantes (et moins importantes)
D'Europe
- BP Plc met en vente sa division d'énergie éolienne terrestre BP Wind Energy.
- Playtech vend sa filiale italienne Snaitech pour 2,3 milliards d'euros, dette comprise, à Flutter Entertainment.
- Les autorités antitrust italiennes examinent l'impact de l'accord entre Swisscom et Vodafone sur les services de téléphonie fixe.
- ThyssenKrupp reconsidère son plan d'investissement de 3 milliards d'euros dans un site de production d'acier "vert" en Allemagne, craignant une hausse des coûts.
- Le bénéfice de Kingfisher pour le premier semestre de l'exercice est stable, les ventes sont en baisse.
- Wizz Air prévoit une croissance de 15 à 20% du nombre de passagers l'année prochaine.
- Volkswagen apporte son soutien à Northvolt, le fabricant de batteries en difficulté.
- THG envisage de scinder ses services technologiques Business Ingenuity.
- Le gouvernement britannique achète plus de 150 000 doses du vaccin contre la variole de Bavarian Nordic.
- Clariant cède un bien immobilier en Allemagne pour réduire sa dette.
- Helvetia rembourse un emprunt de 225 millions de francs.
- Les principales publications du jour : Kingfisher…
D'Amérique du Nord
- Intel repousse ses projets d'usine en Allemagne et en Pologne. Le groupe accentue la séparation de ses activités, sans aller jusqu'à la scission.
- Microsoft relève son dividende et renforce son programme de rachat d'actions.
- Vista Equity Partners et Blackstone sont en pourparlers avancés pour acquérir Smartsheet, dans le cadre d'une transaction à 8 Mds$, selon les informations de Reuters.
- Nippon Steel et United States Steel demandent à Joe Biden d'approuver leur fusion.
- Les actions d'Apple ont baissé hier, parce que les délais de livraison de l'iPhone 16 sont plus courts que prévu, signe d'une baisse de la demande.
- Amazon imposera à nouveau 5 jours par semaine au bureau en 2025.
- Les actions de QXO baissent après le rejet de l'offre d'achat par Rexel.
- Boeing accepte de verser 150 M$ à Embraer après leur fusion manquée. Boeing qui a commencé à geler les embauches et envisage des licenciements à la suite du mouvement de grève, qui lui coûterait 100 M$ par jour.
- Le directeur de Starbucks Amérique du Nord prend sa retraite après cinq mois d'activité.
- Meta interdit RT et d'autres médias d'État russes.
- Tupperware Brands replonge en procédure de faillite.
- Les principales publications du jour : General Mills…
D'Asie Pacifique et d'ailleurs
- Les actions de Midea bondissent de 9,5% à Hong Kong après leur introduction en bourse.
- BYD prend le contrôle total de sa coentreprise avec Mercedes en Chine.
- CapitaLand Investment en pourparlers pour acquérir jusqu'à 30 % des parts du Club Med français.
- Les principales publications du jour : néant…
Le reste de l'agenda mondial des publications ici.
Lectures
- Avec quoi s'habillent les dirigeants d'entreprises ? (Bloomberg, en anglais).
- Commission européenne : mais qui a tué Thierry Breton ? (Libération).
- Ces faussaires napolitains, "authentiques artistes" qui exportent leurs faux billets en France (Le Monde).
- Comment Netflix a gagné la guerre du streaming (Financial Times, en anglais).
- Pourquoi l’Europe a-t-elle été peuplée plus tardivement que le reste de l’Eurasie ? (The Conversation).
- Elon Musk, un risque pour la sécurité nationale (Wired, en anglais).