L'inflation américaine légèrement supérieure aux attentes ne semble pas avoir réduit l'appétit pour le risque sur les places financières européennes, qui ont encore enregistré de nouveaux records cette semaine. En revanche, aux Etats-Unis, les valeurs technologiques ont montré quelques signes de fébrilité ces dernières séances. Il conviendra donc de rester prudent à l'approche de la réunion de la banque centrale américaine la semaine prochaine.
Variations hebdomadaires*
STOXX EUROPE 600
504.80  +0.31%
Graphique STOXX EUROPE 600
S&P 500
5117.09  -0.13%
Graphique S&P 500
NIKKEI 225
38707.64  -2.47%
Graphique NIKKEI 225
GOLD
2155.62$  -1.19%
Graphique GOLD
BRENT OIL
84.92$  +3.79%
Graphique BRENT OIL
EURO / US DOLLAR
1.09$  -0.51%
Graphique EURO / US DOLLAR
Tops / Flops de la semaine

Tops

Williams-Sonoma (+19%) : la holding qui chapeaute plusieurs enseignes d'ameublement aux Etats-Unis a touché de nouveaux records après l'annonce de résultats annuels meilleurs que prévu pour l'exercice clos fin janvier. Ils sont accompagnés de l'inévitable programme de rachat d'actions, d'un montant de 1 milliard de dollars, ce qui est considérable au vu de la capitalisation de la société (18,3 Mds$).

Encavis (+20%) : KKR a lancé une offre publique d'achat de 2,8 milliards d'euros sur le producteur allemand d'électricité et d'énergie Encavis, soit 17,50 EUR par action. Le rachat est soutenu par la société elle-même. Le fonds d'investissement prévoit de retirer le dossier de la cote le plus tôt possible après la conclusion de l'opération. 

Zalando (+18%) : belle semaine pour le site marchand allemand, qui a rassuré les investisseurs sur ses perspectives 2024. Zalando devrait renouer avec la croissance et améliorer sa rentabilité en 2024, après une millésime 2023 médiocre, sans surprise. L'accueil réservé aux chiffres par la communauté financière est bien illustré par le relèvement des objectifs de cours constaté chez plusieurs analystes, notamment Morgan Stanley et Kepler Cheuvreux.

Southern Copper (+18%) : les cours du cuivre se sont brutalement réveillés cette semaine, après que les fonderies chinoises ont annoncé une réduction de production, à cause d'un marché des matières premières plus étroit que prévu. En conséquence, les prix du cuivre à Shanghai ont atteint leur plus haut niveau en trois ans, tandis que les prix à Londres ont atteint leur plus haut niveau en 10 mois. 

Oracle (+12%) : le titre de l'éditeur de logiciels a touché de nouveaux records cette semaine, après avoir fait état de perspectives florissantes grâce à son exposition au marché de l'informatique dématérialisée en général, et de l'intelligence artificielle en particulier. Pour enfoncer le clou, Oracle a aussi annoncé dans la semaine l'ajout de fonctions d'intelligence artificielle générative à sa gamme de logiciels d'entreprise.

Inditex (+11%) : le bénéfice net du propriétaire de Zara a dégagé 5,4 milliards d'euros de bénéfices l'année dernière, malgré un environnement de consommation difficile en Europe. "Le modèle intégré en ligne et hors ligne du groupe, le meilleur de sa catégorie, et sa chaîne d'approvisionnement extrêmement flexible ont permis de s'aligner sur les tendances de consommation, favorisant une croissance continue du chiffre d'affaires et une amélioration de la rentabilité pour tous les concepts", a résumé AlphaValue. 

De'Longhi (+9%) : si les revenus 2023 ont légèrement reculé, les marges se sont appréciées et le bénéfice net était en vive hausse. Le conseil d'administration du groupe italien propose aux actionnaires la distribution d'un dividende de 0,67 euro, en nette progression.

Adidas (+9%) : bel exercice de communication de la part du groupe allemand, malgré une passe financière médiocre. Il aura suffi d’une pirouette comptable (n’avoir finalement déprécié qu’une infime partie des stocks liés au segment Yeezy) et d’une stratégie d'annonce bien calibrée dans le registre du "sous-promettre de sorte à sur-délivrer" pour titrer en gros que le résultat d’exploitation de l’année est de "un milliard" supérieur aux attentes. L'effet d'annonce a fonctionné, même si les résultats sous-jacents sont toujours faibles.

Vallourec (+6%) : l'arrivée d'ArcelorMittal au capital dope le titre du fabricant de tubes sans soudure. L'aciériste remplace Apollo, un investisseur purement financier qui détenait ses parts à l'issue de la lourde restructuration financière de l'entreprise. Il devient le premier actionnaire avec 28,4%. 

Rheinmetall (+8%) : la transformation du groupe allemand d'industriel quelconque à star de l'armement est en passe de réussir. Le groupe s'attend à des ventes record et à une rentabilité accrue cette année, grâce au réarmement induit par la guerre en Ukraine. Le titre a été multiplié par six en moins de trois ans, et les perspectives sont florissantes.


Flops

LPP (-35%) : le fonds baissier Hindenburg Research s'est lancé à l'assaut de l'enseigne de fast fashion polonaise, en lui reprochant principalement d'avoir fait croire que les actifs russes avaient été vendus, alors qu'ils sont toujours sous le contrôle de l'entreprise. Le fonds a découvert que l'acheteur des actifs russes de LPP, dépeint comme un consortium chinois, est en fait une coquille vide basée à Dubaï, appelée "Far East Services", dont les propriétaires et les directeurs n'ont pas été divulgués et qui a été créée la veille du jour de la cession.

Southwest Airlines (-18%) : la compagnie aérienne a revu à la baisse ses prévisions concernant le nombre d'avions qu'elle s'attend à recevoir de son fournisseur Boeing. Le transporteur ne devrait recevoir que 46 appareils de la famille 737-8 cette année, au lieu des 79 anticipés. Une mauvaise nouvelle qui va peser sur les résultats. 

Basic-Fit (-16%) : les résultats 2023 sont ressortis en ligne avec les attentes, mais les prévisions 2024 sont peu encourageantes, ce qui a conforté les craintes du marché sur le durcissement de la concurrence en Europe dans les salles de sport. Le management n'est pas parvenu à rassurer les investisseurs, en particulier sur la hausse des coûts et le déploiement en Allemagne.

Enphase (-17%) : le titre a encore souffert cette semaine, en l'absence d'informations spécifiques. Selon nos informations, Enphase pourrait être un dommage collatéral de l'efficacité du dernier système de batteries domestiques de Tesla, le PW3, qui intègre un onduleur et rend les systèmes traditionnels équipés d'onduleurs comme ceux d'Enphase plus onéreux.

Dollar Tree (-14%) : le discounter américain a déçu le marché avec des trimestriels faibles. Le groupe est de surcroît contraint de fermer 970 de ses magasins Family Dollar, pris en tenaille entre les géants de la distribution comme Walmart et les nouveaux entrants agressifs comme la plateforme chinoise de commerce électronique Temu. Dollar Tree a pris des dépréciations considérables qui ont grevé les comptes.

Hapag-Lloyd (-7%) : le titre du transporteur maritime a baissé de 15% jeudi avant de rebondir de 9% vendredi. Comme AP Moller Maersk, le groupe craint l'arrivée de nouvelles capacités sur le marché, qui vont déséquilibrer l'offre et la demande. La fourchette des prévisions est donc extrêmement large, ce qui reflète la cyclicité extrême du transport maritime. 

Vonovia (-12%) : la plus grosse foncière allemande a publié la plus lourde perte de son histoire cette semaine, qui met un point final au boom immobilier allemand. La perte nette 2023 ressort à 6,8 Mds€, alourdie par 10,7 Mds€ de dépréciations de la valeur de plus de 500 000 appartements. 

Graphique Matières Premières
Matières premières

Energie : Changement d'ambiance cette semaine sur les marchés pétroliers, où les opérateurs prennent conscience que le marché n'est pas si bien approvisionné que cela. L'Agence internationale de l'énergie a jeté un pavé dans la marre en annonçant dans son dernier rapport mensuel que le marché pourrait être déficitaire cette année. Plus concrètement, l'Agence a revu à la hausse ses prévisions de croissance de la demande, tandis qu'en parallèle, elle a ajusté à la baisse la dynamique de l'offre mondiale en raison de la politique de l'OPEP+. En toile de fond, les frictions géopolitiques restent importantes en Ukraine, qui a frappé des installations pétrolières en Russie, ainsi qu'au Moyen-Orient, plus particulièrement en Mer Rouge. Enfin, les stocks hebdomadaires aux Etats-Unis ont enregistré un repli surprise cette semaine, c'est une première depuis fin janvier. Au niveau des prix, le Brent s'échange en hausse autour de 85 USD tandis que le WTI se négocie autour de 80,80 USD.

Métaux : Le cuivre reste bien orienté à Londres en se rapprochant de la ligne des 9000 USD la tonne métrique. La raison de cette embellie est à chercher du côté de l'offre puisque la Chine envisage de lever le pied sur sa production de cuivre. En effet, les plus grandes fonderies chinoises se sont entendues pour envisager une réduction de leur production. Toujours dans le registre des métaux industriels, l'aluminium se stabilise à 2200 USD et le zinc avance à 2520 USD. Du côté de l'or, le métal précieux reprend sa respiration après deux semaines fastes et s'échange à 2160 USD. Les rendements obligataires repartent à la hausse et font de l'ombre à l'once d'or.

Produits agricoles : Les semaines se suivent et se ressemblent à Chicago,  où les prix des céréales peinent à se redresser. Les boisseaux de maïs et de blé s'échangent respectivement autour de 435 et 530 cents. 

Graphique Matières Premières
Macroéconomie

Ambiance : Le marché est sur-prix. Enivrés par la hausse des marchés actions et les promesses de futures baisses de taux, on croyait bien l’inflation définitivement hors-jeu. Que nenni, la voici qui joue les trouble-fêtes et se rappelle aux bons souvenirs des investisseurs. Tout d’abord, le CPI Core (l'inflation de base aux Etats-Unis) est ressorti légèrement au-dessus des prévisions en rythme annuel à +3.8%. Sur le coup, il faut avouer que personne n’en a tenu compte. Malheureusement, le second effet Kiss Cool est venu deux jours plus tard avec le PPI (les prix à la production aux Etats-Unis). Sur un rythme annuel, il affiche une hausse de 1.60%, contre une prévision de 1.2%, tandis qu’en données mensuelles, il pointe à +0.60% contre +0.30% attendus. Là, difficile de fermer les yeux. D'ailleurs, le rendement du 10 ans américain, qui aura finalement bien tenu sur son support à 4.07%, est remonté à 4.3%.

Crypto : Le bitcoin (BTC) recule de 1,40% cette semaine autour des 68 000 dollars, après avoir atteint un nouveau record historique à 73 830 dollars ce jeudi. Les ETF Bitcoin Spot alimentent toujours cette hausse, notamment avec une journée record d’entrées nettes dans ces produits boursiers mercredi. Ce n’est pas moins de 1,05 milliard de dollars qui ont ruisselé dans les ETF sur une seule journée. Plus globalement, l’ensemble des dix ETF Bitcoin Spot affichent 57,86 milliards de dollars d’actifs sous gestion, ce qui représente 4,16% de l’ensemble des bitcoins en circulation. De son côté, l’ether (ETH) recule de 4% cette semaine. En revanche, la cryptomonnaie n’a pas encore retrouvé son record historique à 4800 dollars atteint en novembre 2021, contrairement au bitcoin qui, lui, a déjà franchi son propre record. Nombreux sont ceux qui attendent impatiemment un ETF Ethereum Spot pour que l’actif puisse lui aussi profiter de l’argent frais de Wall Street. Mais pour l’instant, ce n’est pas à l’agenda du régulateur américain. 

Graphique de Cours
Cinq banques centrales pour le prix d'une
Tout va tourner autour des banques centrales la semaine prochaine, même si aucune modification de taux n'est attendue. Ce sont les commentaires des différents gouverneurs et leurs projections qui seront scrutés de près. La Banque du Japon essuiera les plâtres dès mardi, avec une petite possibilité de relèvement de taux. La Banque d'Australie suivra, mais c'est bien sûr la Fed qui captera l'attention mercredi. Les financiers espèrent en savoir plus sur la trajectoire de la politique monétaire grâce à la mise à jour du graphique en points qui mesure la position des différents banquiers centraux. La Banque nationale suisse et la Banque d'Angleterre prendront le relais jeudi. La production industrielle chinoise (nuit de dimanche à lundi) et les indicateurs PMI flash de mars (jeudi) seront aussi à suivre. Côté sociétés, les résultats de quelques retardataires sont en vue : Accenture, Micron et Nike notamment. Profitez bien de votre weekend.
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