"Nous avons besoin de plus de certitude pour continuer à investir massivement au Royaume-Uni et protéger nos fournisseurs, nos clients et nos 40.000 salariés en Grande-Bretagne", a déclaré son directeur général, Ralf Speth, dans un communiqué publié mercredi soir.

Les propos de Jaguar Land Rover (JLR), qui réunit deux marques automobiles emblématiques au Royaume-Uni, font écho à ceux d'autres sociétés qui redoutent l'impact sur leurs activités d'une sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne sans accord commercial.

"Le récent communiqué de JLR ne fait que réaffirmer qu'un Brexit qui accroît la bureaucratie et qui réduit la productivité et la compétitivité de l'industrie britannique n'est dans l'intérêt de personne", a déclaré de son côté Tata Motors, la maison mère indienne de JLR.

Le constructeur automobile a aussi souligné la nécessité "d'un commerce libre et fluide avec l'UE et d'un accès sans restriction au marché unique".

"Un Brexit dur coûterait plus de 1,2 milliard de livres chaque année à Jaguar Land Rover. Nous serions donc forcés d'ajuster drastiquement notre profil de dépenses", a précisé Ralf Speth.

"Nous avons dépensé environ 50 milliards de livres au Royaume-Uni au cours des cinq dernières années et nous prévoyons d'en dépense 80 milliards de plus sur les cinq prochaines années. Tout cela serait compromis en cas d'issue défavorable."

TATA, LA SOCIÉTÉ MÈRE INDIENNE, MALMENÉE EN BOURSE

Ces déclarations ont contribué à la baisse de l'action Tata sur le marché indien: en fin de séance, le titre cédait 1,67% après être tombé un peu plus tôt à son plus bas niveau depuis plus de cinq ans.

JLR a représenté près de 77% du chiffre d'affaires du groupe

indien sur l'exercice fiscal clos fin mars.

La Première ministre britannique, Theresa May, doit réunir son gouvernement vendredi pour décider de la stratégie à adopter dans le cadre des négociations en vue du départ du pays de l'Union européenne.

Cette réunion est jugée capitale par de nombreux observateurs en raison du flou qui continue d'entourer les pourparlers avec Bruxelles à moins de neuf mois de l'échéance de mars 2019, à laquelle la sortie de l'UE est censée être effective.

Plusieurs membres du gouvernement britannique ont récemment critiqué de grands groupes présents en Grande-Bretagne, estimant que leurs déclarations sapaient la position de Theresa May.

Ferrovial, le groupe espagnol spécialisé dans l'exploitation d'infrastructures, a dit le mois dernier envisager de transférer sa holding chapeautant ses activités internationales d'Oxford vers Amsterdam.

Airbus a également mis en garde sur les conséquences de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, déclarant qu'un Brexit sans accord sur les futures relations commerciales avec l'UE l'obligerait à reconsidérer sa position à long terme dans le pays.

Quant à l'allemand Siemens, il a jugé que la Grande-Bretagne devait rester dans l'union douanière de l'UE, contrairement à ce que Londres envisage.

(Elisabeth O'Leary, avec Vishal Sridhar à Bangalore; Claude Chendjou pour le service français, édité par Juliette Rouillon)

Valeurs citées dans l'article : FTSE 100 Index, Siemens