Sydney (awp/afp) - Les grandes banques australiennes sont en train de mettre l'équivalent de plusieurs milliards d'euros de côté en prévision de l'indemnisation de leurs clients floués pendant des années par des abus perpétrés par le secteur et récemment dénoncés par une commission d'enquête.

La National Australia Bank (NAB) est devenue jeudi la dernière en date à communiquer sur le montant des provisions qu'elle va devoir passer dans ses comptes pour faire face aux indemnisations de clients lésés.

Le groupe a ainsi annoncé avoir provisionné à cette fin 1,1 milliard de dollars australiens (689 millions d'euros) au cours de son dernier exercice.

Fraudes aux prêts immobiliers et à l'assurance-vie, conseils contraires à l'intérêt des clients, frais prélevés à des personnes mortes depuis dix ans, enveloppes en liquide en échange de l'octroi de prêts douteux... une commission d'enquête royale a rendu en février un rapport accablant sur les pratiques du secteur bancaire après une année d'investigations.

Les quatre plus grandes banques australiennes (la Commonwealth Bank, la NAB, ANZ et Westpac) font partie des institutions financières les plus rentables au monde. Il y a une dizaine d'années, elles étaient encensées pour être parvenues à mieux gérer la crise financière mondiale que leurs concurrentes américaines ou européennes.

Mais ce "Big Four" a vu sa réputation ternie par des scandales en série ces dernières années.

Les pratiques de la NAB avaient été particulièrement mises à l'index par la commission d'enquête, au point que les départs de son président Ken Henry et de son directeur général Andrew Thorburn avaient été annoncés dans la foulée.

Cela "nous a contraint à faire face à des questions plus générales relatives à la façon dont nous traitons nos clients", a indiqué jeudi la NAB dans un communiqué.

Il y a quelques jours, ANZ a annoncé avoir déjà provisionné 928 millions AUD depuis le premier semestre 2017 en prévision de ces indemnisations, et avoir contacté plus de 276.000 clients.

La Commonwealth Bank et Westpac ont pris des mesures similaires.

Le cabinet Macquarie Research estime que le coût total pour le secteur pourrait être de six milliards AUD.

Ces provisions ne représentent qu'une fraction du chiffre d'affaires des groupes bancaires, mais ils commencent néanmoins à peser sur leurs résultats, au moment où le marché immobilier ralentit en Australie et où ces mêmes établissements sont tenus d'accroître leurs fonds propres afin de se prémunir contre les créances douteuses.

La NAB a annoncé qu'elle reporterait le versement de la "majorité" des bonus et diminuerait le dividende de 16% pour renforcer les comptes lors de cette phase pleine de "défis".

afp/jh