OSAKA, 29 juin (Reuters) - La Turquie a estimé samedi qu'il n'y avait pas de remise en cause de l'accord passé avec la Russie pour la livraison de systèmes de défense aérienne S-400 à laquelle s'opposent les Etats-Unis estimant que ces armements ne sont pas compatibles avec ceux de l'Otan et sont de nature à menacer le futur chasseur américain F-35.

La Turquie et les Etats-Unis s'opposent sur cette question de l'acquisition de systèmes sol-air russes de dernière génération, Donald Trump ayant brandi la menace de sanctions si l'accord entre Ankara et Moscou était mené à terme.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan refuse de se plier aux exigences américaines. Avant sa rencontre avec Vladimir Poutine en marge du sommet du G20 à Osaka, il a expliqué que cet accord sur les S-400 renforçait les liens entre les deux pays.

"Nous attendons maintenant la phase de livraison, et il n'y a pas de remise en cause de notre accord", a-t-il dit, précisant qu'il était néceissaire pour la Turquie que l'accord prévoit une production communce des systèmes et un transfert de technologie.

Erdogan a jouté qu'il était important que la Turquie achève la construction de sa première centrale nucléaire à Akkuyu d'ici 2023. La centrale, dont le coût est estimé à 20 milliards de dollars, est construite par Rosatom, l'opérateur nucléaire russe.

La décision d'acquérir les S-400 pourrait conduire les Etats-Unis à des sanctions contre la Turquie en vertu d'une loi américaine de 2017.

Washington fait valoir que ces systèmes de missiles antimissiles sont de nature à menacer le chasseur furtif F-35 développé par Lockheed Martin et dont la Turquie, associée au programme, entend faire l'acquisition.

ERDOGAN A ÉTÉ TRAITÉ DE MANIÈRE INJUSTE, DIT TRUMP

Pour tenter de faire changer d'avis le président turc, les Etats-Unis ont proposé la fourniture de missiles Patriot produits par Raytheon mais le président turc estime que la proposition américaine est moins intéressante que la proposition russe.

Le risque pour la Turquie est de se voir exclue du programme du F-35. Toutes sanctions américaines, même de faible portée, serait dommageable pour l'économie turque en mauvaise santé et pourrait entraîner une chute de la monnaie nationale. Une baisse de 30% de la livre turque l'an passé avait plongé l'économie dans la récession l'an passé.

Donald Trump a estimé que cette question des S-400 était "compliquée", précisant que d'éventuelles sanctions faisaient l'objet de discussions.

Pour Trump, la responsabilité de cette situation incombe à son prédécesseur, Barack Obama, qui aurait imposé des conditions "injustes" à la Turquie pour l'achat de missiles Patriot.

"Nous sommes dans une situation très compliquée parce que le président (Erdogan) n'a pas pu acheter des missiles Patriot", a estimé Trump aux côtés du président turc. "On ne peut pas faire des affaires comme ça. Ce n'est pas bon".

Interrogé pour savoir si les Etats-Unis allaient imposer des sanctions à la Turquie, il a répondu : "c'est un échange de bons procédés" et chaque camp évalue "différentes solutions".

Les S-400 doivent être livrés à la Turquie dans la première moitié du mois de juillet.

(Tuvan Gumrukcu à Ankara, Maria Vasilyeva à Moscow et Roberta Rampton à Osaka; Pierre Sérisier pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Lockheed Martin Corporation, The Restaurant Group, Raytheon