(Actualisation: accentuation de la baisse du cours de Bourse, détails sur le calendrier de construction et contexte sur l'évolution de la structure d'EDF)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le producteur et fournisseur d'électricité EDF a annoncé mercredi un nouveau surcoût ainsi qu'un risque de retard accru pour le chantier de construction de deux réacteurs nucléaires de Hinkley Point C (HPC) au Royaume-Uni.

"Les coûts à terminaison du projet sont désormais estimés entre 21,5 et 22,5 milliards de livres sterling 2015 [une livre valant alors 1,23 euro], soit une augmentation comprise entre 1,9 et 2,9 milliards de livres sterling 2015 par rapport aux évaluations précédentes. L'amplitude de la fourchette sera fonction de la réussite des plans d'actions opérationnels à mener en partenariat avec les fournisseurs", a indiqué EDF dans un communiqué.

A 10h35, le titre EDF chutait de 6,6% à 10 euros, accusant la plus forte baisse du SBF 120 et portant sa perte à 27,5% depuis le début 2019.

EDF avait déjà relevé en juillet 2017 le coût de projet, à 19,6 milliards de livres, au lieu des 16 milliards évoqués en 2012, un montant déjà relevé à 18 milliards de livres en 2016.

"Les surcoûts résultent essentiellement des conditions de sol difficiles, ayant rendu les travaux de terrassement plus coûteux que prévu, de la révision des objectifs des plans d'actions opérationnels, et des coûts supplémentaires liés à la mise en oeuvre du design fonctionnel d'une tête de série adaptée au contexte réglementaire britannique", a expliqué EDF.

Dans ce contexte, le taux de rentabilité prévisionel, ou TRI, est désormais estimé entre 7,6% et 7,8%, contre environ 8,5% estimé en juillet 2017 et 9% environ auparavant. Le TRI est calculé sur une base d'un taux de change où 1 livre vaut 1,15 euro, contre 1,13 actuellement.

EDF a aussi indiqué que le risque de retard du chantier - de 15 mois pour le réacteur numéro 1 et de neuf mois pour le numéro 2 - s'est "accentué". Ce risque de report, initialement annoncé en juillet 2017, induirait un coût supplémentaire potentiel de l'ordre de 0,7 milliard de livres sterling 2015, a rappelé EDF.

Dans cette hypothèse, le taux de rentabilité prévisionel (TRI) pour EDF serait diminué d'environ 0,3%, a précisé le groupe.

En juin dernier, le radier de l'îlot nucléaire de l'unité numéro 1 a été achevé avec succès et conformément au planning annoncé en septembre 2016, et le management "du projet "reste mobilisé sur l'objectif du début de production d'électricité par l'unité numéro 1 fin 2025", a indiqué EDF.

De plus, la date prévisionnelle du prochain jalon, correspondant à l'achèvement du radier de l'unité numéro 2, est confirmée à juin 2020.

Des annonces faites dans un climat social tendu

La construction des deux réacteurs de troisième génération EPR sur le site de Hinkley Point C, dans le Somerset (sud-ouest de l'Angleterre), a débuté en 2016. Ces réacteurs, construit par la filiale britannique d'EDF et le groupe chinois CGN (China General Nuclear Power), auront une puissance de 1.600 mégawatts (MW) chacun et une durée de vie de 60 ans.

Le premier EPR a être entré en exploitation commerciale est le réacteur numéro 1 de Taishan en Chine, d'une capacité de 1.750 MW, également construit par EDF et CGN.

En France, l'EPR de Flamanville construit par EDF ne devrait pas entrer en service avant fin 2022, le chantier ayant de nouveau pris du retard l'an dernier suite à la constatation de défauts de soudures. Lors de la publication de ses résultats semestriels à la fin juillet, EDF avait indiqué étudier trois scénarios de remise à niveau des soudures de traversée. Le groupe avait ajouté qu'il communiquerait "dans les prochains mois sur les implications du scénario retenu en termes de planning et de coût".

L'annonce du nouveau surcoût sur le chantier de Hinkley Point C intervient dans un contexte tendu pour le groupe, qui doit présenter d'ici à la fin de l'année au gouvernement français un plan d'évolution de sa structure.

Le projet baptisé "Hercule" a été présenté en juin dans ses grandes lignes aux organisations syndicales qui s'y opposent. Ce projet prévoit la scission du groupe avec d'un côté un "EDF bleu" comprenant le nucléaire, les barrages et le transport de l'électricité, et de l'autre un "EDF vert" avec notamment Enedis, EDF Renouvelables, Dalkia et la direction du commerce. Cette deuxième entité serait introduite en bourse à hauteur de 35%.

-Alice Doré, Agefi-Dow Jones; +33 1 41 27 47 90; adore@agefi.fr ed: VLV - ECH

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