New York (awp/afp) - Le groupe japonais SoftBank a mis sur pied un plan de financement qui lui donnerait le contrôle de WeWork, le géant des bureaux partagés, permettant ainsi d'éviter la banqueroute à la société qui cherche activement de l'argent frais, ont indiqué lundi à l'AFP des sources proches du dossier.

Cet investissement donnerait au conglomérat nippon, propriété du milliardaire Masayoshi Son, plus de 50% du capital de WeWork et devrait aussi permettre de limiter un peu plus l'influence d'Adam Neumann, qui a co-fondé l'entreprise avec son épouse et un associé, ont indiqué ces sources sous couvert d'anonymat.

Les frasques et pratiques de M. Neumann lui ont valu d'être écarté fin septembre de ses fonctions de directeur général de la We Company, la maison mère de WeWork, qui a aussi dû renoncer à ce qui devait être l'une des introductions en Bourse les plus en vues de l'année.

WeWork, qui pourrait se retrouver à court de liquidités d'ici la fin novembre, dispose également d'une autre option, selon ces sources.

La société a chargé la banque américaine JPMorgan Chase d'arranger une émission obligataire qui lui permettrait de lever jusqu'à 5 milliards de dollars auprès d'investisseurs potentiels, toujours d'après ces sources confirmant des informations du Wall Street Journal.

"WeWork a retenu une institution financière importante de Wall Street pour arranger un financement", a-t-elle répondu dans un courriel. "Environ 60 sources de financement potentielles ont signé des accords confidentiels et ont déjà rencontré ou vont rencontrer le management de l'entreprise et ses banquiers".

Meilleur projet

Des banquiers de JPMorgan Chase ont rencontré des investisseurs la semaine dernière et des rendez-vous sont également pris pour cette semaine, ont dit les sources.

"Les deux options ne sont pas en compétition. Ce qui importe, c'est de voir quel est le meilleur projet possible pour l'entreprise", a déclaré à l'AFP une d'elles. Il n'est par exemple pas exclu que SoftBank participe au projet de levée de fonds de JPMorgan, a-t-elle dit.

SoftBank pourrait aussi racheter toutes les actions non détenues par la famille Neumann, une transaction dont le prix unitaire abaisserait la valeur de la We Company sous les 10 milliards de dollars, ont dit les mêmes sources, loin des 47 milliards estimés il y a encore un mois.

SoftBank, soutenu par l'Arabie saoudite, détient déjà quelque 29% du capital de la We Company mais les déboires de l'entreprise lui ont déjà coûté des milliards de dollars.

WeWork cherche à lever au moins 3 milliards de dollars avant la fin de l'année pour éviter la faillite, selon des sources bancaires.

Une réunion du conseil d'administration doit se prononcer ce lundi sur les deux offres de sauvetage, croit savoir le New York Times.

WeWork, dont la note de solvabilité financière a été reléguée dans la catégorie de dettes toxiques par les agences de notation, disposait de 2,5 milliards de dollars de trésorerie au 30 juin mais les coûts de construction et d'autres dépenses ont aspiré cet argent, selon des sources bancaires.

Les interrogations se sont en outre multipliées sur sa capacité à gagner de l'argent et à faire face à un ralentissement économique mondial, l'immobilier étant souvent un des premiers secteurs touchés.

L'entrée à Wall Street aurait pu lui permettre de lever au moins 3 milliards de dollars et de bénéficier en plus d'une ligne de crédit de 6 milliards de dollars auprès de grandes banques.

En y renonçant, la We Company doit sabrer dans les dépenses, notamment celles, luxueuses, de M. Neumann.

Adam Neumann a réinventé le concept de bureaux partagés et a donné à WeWork une image d'entreprise high-tech et "hipster" qui lui a valu un succès fulgurant en seulement quelques années.

Mais son style de management, ses méthodes comptables controversées et d'apparents conflits d'intérêt ont entamé l'enthousiasme des investisseurs.

WeWork gère aujourd'hui plus de 500 sites répartis dans une trentaine de pays, emploie 12.500 salariés et accumule les pertes financières.

afp/rp