Samedi, le gouvernement de Boris Johson a pris position contre la technique d'extraction du gaz de schiste, accusée de causer trop de perturbations locales et d'être à l'origine de tremblements de terre. La fragmentation, qui consiste à extraire le gaz des roches en les brisant avec de l'eau et des produits chimiques à haute pression, est farouchement combattue par les écologistes qui affirment qu'elle va à l'encontre de l'engagement de la Grande-Bretagne d'atteindre une réduction nette de ses émissions de carbone d'ici 2050.

Les gouvernements précédents avaient apporté leur soutien à l'industrie du gaz de schistes, pour trouver des moyens de réduire la dépendance de la Grande-Bretagne aux importations de gaz naturel, qui sert à chauffer environ 80 % des foyers britanniques. En matinée, les actions IGas perdaient plus de 12% et celles d'Egdon Resources 23%. Le principal explorateur de gaz de schiste local, Cuadrilla, n'a pas souhaité réagir. Cette entreprise est détenue à 47,4 % par l'Australien AJ Lucas, dont le titre a chuté de 23,6% à Sydney ce matin.

Un secteur juste naissant

IGas, pour sa part, a expliqué disposer d'une "importante ressource gazière récupérable" dans la fosse de Gainsborough, dans l'est de l'Angleterre.  "Aux taux de récupération attendus, cela équivaudrait à satisfaire jusqu'à 19 ans de la demande de gaz du Royaume-Uni, ce qui assurerait la sécurité énergétique de ce pays pour les années à venir et fournirait des milliards de livres d'investissements dans les East Midlands et la création de milliers d'emplois qualifiés", a déclaré la société, qui joue la carte de l'indépendance énergétique du pays.Chez Egdon, on cherche à minimiser la gravité de la décision en rappelant que le groupe "possède également une vaste gamme d'actifs pétroliers et gaziers conventionnels dans son portefeuille diversifié ". 

Les autorités sont revenues sur la politique antérieure après le rapport de l'OGA (The Oil and Gas Authority), le régulateur du secteur, qui a étudié l'activité sismique d'un site dans le Lancashire. En août, Cuadrilla avait cessé sa campagne de fracturation après un séisme intervenu près d'un forage. Le pays ne compte toutefois que trois forages, dont aucun n'est en exploitation commerciale. Il s'agit pour l'heure seulement d'un moratoire qui vise la technique utilisée. Le gouvernement continue à penser qu'il y a là une opportunité d'importance pour l'énergie au Royaume-Uni, ou du moins en Angleterre car l'Irlande, le Pays de Galles et l'Ecosse se sont opposés à cette exploitation. 

Pour un éclairage sur les enjeux du pétrole et du gaz de schiste, relisez notre décrytage "Quand les Etats-Unis fracturent le marché pétrolier".