Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt se sont détendus jeudi en zone euro, profitant toujours de la prudence des investisseurs face aux risques pour l'économie mondiale, de l'épidémie de coronavirus, malgré une baisse du nombre quotidien de contaminations.

"Les taux allemands" ont baissé ce jeudi "mais c'est relativement faible" et les taux français ont reculé "quasiment dans les mêmes proportions", a relevé auprès de l'AFP Guillaume Truttmann, gérant chez Meeschaert Asset Management.

"Nous avons toujours ces incertitudes autour du coronavirus, de son expansion, des risques qui entourent cette épidémie et des avis assez opposés qui s'affrontent quant à son impact", a-t-il complété.

Jeudi, les autorités chinoises ont fait état de 114 décès supplémentaires en Chine en 24 heures, ce qui porte à 2.118 le nombre total de morts au niveau national (hors Hong Kong et Macao).

Mais elles ont surtout annoncé un nombre de nouvelles contaminations (394) en forte baisse: c'est seulement le quart du chiffre annoncé la veille et la plus faible augmentation depuis près d'un mois.

Au total, plus de 74.500 personnes ont désormais été contaminées dans le pays. Ailleurs dans le monde, quelque 25 pays sont touchés, dont l'Iran qui a annoncé deux morts -- les premiers enregistrés au Moyen-Orient.

La résilience des marchés actions peut surprendre, "alors que l'on a des publications d'entreprises qui alertent quand même sur un impact assez conséquent" de cette épidémie, comme on a pu le voir notamment avec Adidas, a encore souligné M. Truttmann.

Mais "parallèlement à cela, nous avons eu les banques centrales qui ont communiqué quand même avec un ton relativement accommodant, prenant bien en compte ce risque sur l'économie mondiale, ce qui a finalement maintenu les taux sur des niveaux assez bas", selon lui.

Indicateurs manufacturiers en ligne de mire

Après avoir déjà pris plusieurs mesures de soutien ces dernières semaines, la banque centrale chinoise a annoncé jeudi une baisse d'un dixième de point d'un de ses taux d'intérêt de référence, dans un contexte de fort ralentissement économique lié à l'épidémie de pneumonie virale.

"Ce qui est très attendu désormais, ce sont les prochains indicateurs manufacturiers pour constater un peu l'impact de cette épidémie", a estimé M. Truttmann.

Ce jeudi, la croissance de l'activité manufacturière de la région de Philadelphie (nord-est des Etats-Unis) a fortement accéléré en février, à contre-courant des attentes qui tablaient sur un ralentissement, selon l'indice de l'antenne locale de la Réserve fédérale (Fed).

Vendredi seront publiés les indices PMI d'activité manufacturière et dans les services en zone euro pour février.

A 18H00 (17H00 GMT), le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne a reflué à -0,45% contre -0,42% mercredi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France a suivi un mouvement identique, à -0,22% contre -0,19%, tout comme celui de l'Espagne, à 0,22% contre 0,27%.

Le mouvement de détente a été un peu plus prononcé sur le taux italien à dix ans, à 0,90% contre 0,95%.

Le taux d'intérêt à 10 ans du Royaume-Uni a terminé lui aussi en baisse, à 0,57% contre 0,60%.

Aux États-Unis, le taux d'emprunt à dix ans reculait à 1,51% contre 1,57% mercredi, à l'instar de celui à 30 ans, à 1,96% contre 2,01%. Celui à deux ans s'établissait pour sa part à 1,38% contre 1,42%.

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