Wall Street devrait poursuivre sa baisse et les Bourses européennes reculent à mi-séance vendredi, la crainte de nouvelles tensions politiques et sociales à Hong Kong, susceptible d'envenimer un peu plus les relations entre la Chine et les Etats-Unis, ravivant l'aversion au risque des investisseurs au profit du dollar, des emprunts d'Etat et de l'or.

Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture en repli de 0,3% à 0,5%.

À Paris, le CAC 40 perd 0,25% à 4.434,40 points vers 11h00 GMT après avoir abandonné jusqu'à 1,72% en début de séance. A Londres, le FTSE 100 cède 0,94% et à Francfort, le Dax recule de 0,38%.

L'indice EuroStoxx 50 est en baisse de 0,33%, le FTSEurofirst 300 de 0,63% et le Stoxx 600 de 0,57%.

Lors de la session annuelle de l'Assemblée nationale populaire chinoise à Pékin, le Premier ministre Li Keqiang a annoncé que la République populaire voulait établir un système juridique "solide" afin d'assurer la sécurité nationale à Hong Kong et Macao, ce qui pourrait se traduire par un durcissement marqué de la présence des services de renseignement chinois dans les deux territoires et compliquer entre autres les relations entre la Chine et les Etats-Unis.

Si un appel à manifester à la mi-journée à Hong Kong a été peu suivi, les observateurs redoutent un nouveau mouvement social comparable à celui de l'an dernier.

L'indice Hang Seng de la Bourse de Hong Kong a chuté de 5,56%, sa plus forte baisse en pourcentage sur une séance depuis juillet 2015.

Le SSE Composite de Shanghai a abandonné 1,89%, mais davantage en raison des inquiétudes pour l'économie chinoise après la décision de Pékin de renoncer à toute prévision officielle de croissance pour cette année.

Les inquiétudes liées à Hong Kong s'ajoutent aux critiques de Donald Trump contre la gestion chinoise de l'épidémie de coronavirus et les nouvelles sanctions visant Huawei. Elles occultent donc pour l'instant les signes de ralentissement de la pandémie et les signes suggérant que le pire de la crise économique est désormais passé.

A Wall Street comme à Londres, le réflexe de prudence pourrait être d'autant plus marqué que les marchés resteront fermés lundi, jour chômé aux Etats-Unis comme au Royaume-Uni.

VALEURS EN EUROPE

Les valeurs les plus exposées à Hong Kong, financières en tête, sont les plus affectées par le climat général, ce qui explique la sous-performance du marché londonien.

Les banques HSBC et Standard Chartered et l'assureur Prudential perdent ainsi respectivement 3,84%, 2,02% et 7,63%.

Le compartiment du luxe, très présent dans l'ex-colonie britannique, est lui aussi affecté: LVMH, Kering, Richemont ou encore Moncler abandonnent ainsi entre 1,3% et 3,3%.

Burberry (+4,76%) fait exception dans le secteur après ses résultats, son chiffre d'affaires trimestriel ayant légèrement dépassé les attentes.

A Paris, Renault cède 0,66% après les déclarations du ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, sur le fait que le groupe automobile "joue sa survie".

TAUX

Les emprunts d'Etat profitent du repli général sur les actifs jugés les plus sûrs, ce qui se traduit par une baisse des rendements de référence: celui des Treasuries à dix ans recule de plus de trois points de base à 0,6444% tandis que celui du Bund allemand à dix ans repasse quant à lui sous -0,5%.

Le dix ans italien poursuit son recul et revient vers 1,605%, portant à plus de 20 points sa baisse sur la semaine grâce à l'espoir d'un plan de relance européen financé au niveau de l'Union.

Sur le marché obligataire britannique, les rendements à deux et cinq ans s'enfoncent un peu plus en territoire négatif après l'annonce d'une chute record des ventes au détail au Royaume-Uni et l'évocation par un responsable de la Banque d'Angleterre de la possibilité de nouveaux rachats d'actifs.

CHANGES

Les tensions USA-Chine profitent aussi au dollar, porté par son image de valeur refuge: il s'apprécie de 0,41% face à un panier de devises de référence.

L'euro est repassé sous 1,09 dollar après le pic de trois semaines inscrit jeudi à 1,1008.

Le yuan chinois a touché un plus bas de deux semaines et demie face au billet vert.

PÉTROLE

La tension géopolitique pèse sur le marché pétrolier et vient s'ajouter aux doutes sur la reprise de la demande mondiale de brut après la chute des derniers mois.

Le Brent abandonne 5,44% à 34,10 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 6,81% à 31,61 dollars.

OR

L'or profite une nouvelle fois de son statut de valeur refuge et prend 0,56 à 1 734,79 dollars l'once. Il reste toutefois sous le pic de sept ans et demi inscrit lundi.

Selon les données hebdomadaires de Bank of America Merrill Lynch sur les flux d'investissement, les fonds investis dans le métal jaune ont attiré 3,5 milliards de dollars la semaine dernière.

(Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot)